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Actualités - CHRONOLOGIES

Nasrallah Sfeir a célébré une messe en plein air et expliqué pourquoi il ne s’est pas rendu au Liban-Sud - Jezzine la martyre a enfin (un peu) souri : - elle a accueilli son patriarche

On a tout dit à propos de l’escale à Jezzine de Nasrallah Sfeir. Tout et son contraire. En ne visitant qu’elle, il singularise la plus grande ville chrétienne d’un Liban-Sud vide enfin de toute présence israélienne. Et c’est cette singularisation-là qui est devenue l’objet, il y a quelques jours, de toutes les polémiques. De toutes les passions. Une grande partie applaudit l’escale jezzinienne de la tournée pastorale du patriarche maronite. Les autres ronchonnent, boudent, à tort ou à raison. Ils disent que l’homme de Bkerké aurait dû continuer sur sa lancée, visiter le Sud, tout le Sud. Ou bien Tyr, seulement. La ville où bon nombre de chrétiens vit encore. Nasrallah Sfeir a tranché : il ne se rendra qu’à Jezzine. La ville où s’est retrouvé, finalement, tout un caza. Il est indubitable que les sudistes, chrétiens en tête mais pas uniquement, attendent, depuis un an, que le patriarche vienne consacrer la victoire. Leur victoire. Mais ce qu’il faudrait, c’est placer cette visite dans le cadre de la véritable philosophie de sa tournée pastorale : la réconciliation. Et une réconciliation, ça se prépare, ça se travaille – du moins si l’on veut en cueillir, à vie, les fruits. Et force est de constater que Nasrallah Sfeir n’a pas pris la route pendant trois jours pour faire acte de présence. Au Chouf comme à Aley, il a consacré, confirmé, implanté même une véritable ligne politique. Celle du dialogue national – le vrai, celui que l’on peut presque palper sur le terrain. À Jezzine, c’est idem – même si c’est dans une moindre mesure : dans la ville martyre libérée depuis deux ans, c’est le symbole qui a primé. Et l’homélie, plus que l’acte politique. À laquelle ont assisté – et c’est là que ça devient intéressant – maronites, catholiques, chiites et druzes. C’est-à-dire l’ensemble des habitants du caza. La porte du Liban-Sud… Il n’empêche, au-delà des petites querelles, au-delà des polémiques, au-delà de l’entêtement ou de la détermination de Nasrallah Sfeir, au-delà des bouderies de Nabih Berry, ce qui compte, c’est cela – et rien que cela : la joie des habitants de Jezzine. De faire partie d’un tout, d’une synergie, d’un programme. Même pastoral. Jezzine-la-croyante a participé hier, qui sur la grande place qui devant son petit écran, à la messe – une véritable communion – présidée par Nasrallah Sfeir en plein air. Au milieu de ses portraits, l’homme en rouge démultiplié à travers la ville. Au milieu des calicots, des banderoles de bienvenue, dont celle, étonnante et superbe, de Moustapha Saad : «La ville de Saïda se joint à sa voisine Jezzine pour souhaiter la bienvenue au patriarche Sfeir». «Ils sont très nombreux quand même, bien plus qu’à Damour, non ?». La belle dame de Jezzine, qui voulait que son patriarche se rende dans tout le Sud, est fière, malgré tout. Fière comme tous les jezziniens. Fière que l’homme de Bkerké, l’ancien secrétaire général du (très grand) Boulos Méouchi – le fils de Jezzine – ait reçu la coutellerie de la ville. Fière de voir des députés «étrangers» assister à la messe. Aux côtés de Samir Azar, il y avait Yassine Jaber, représentant Nabih Berry (à se demander pourquoi l’évêché n’a pas estimé bon d’inviter le chef de l’État et le Premier ministre). Ainsi que les députés Salah Honein, Nabil Boustany, Georges Dib Nehmé, Antoine Ghanem, Abdallah Farhat, Antoine Khoury et Georges Najm. Ainsi que l’ancien chef de l’État Amine Gemayel, le Amid du BN Carlos Eddé et les anciens députés Nadim Salem, Edmond Rizk et Sleimane Kanaan. Quant à l’homélie du patriarche (voir encadré), on ne peut qu’en retenir, justement, la raison de son refus de se rendre, pour l’instant, au Liban-Sud. «Beaucoup d’entre ses fils, toutes confessions confondues, croupissent en prison ou ont choisi l’exil. Ceux-là méritent notre compassion, et un peu d’affection et de compréhension de la part de tous les responsables à tous les niveaux». Le message est on ne peut plus clair. Aussi clair que le baume mis hier sur le cœur des jezziniens. Tous les jezziniens.
On a tout dit à propos de l’escale à Jezzine de Nasrallah Sfeir. Tout et son contraire. En ne visitant qu’elle, il singularise la plus grande ville chrétienne d’un Liban-Sud vide enfin de toute présence israélienne. Et c’est cette singularisation-là qui est devenue l’objet, il y a quelques jours, de toutes les polémiques. De toutes les passions. Une grande partie...