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Actualités - CHRONOLOGIES

Bosnie - Trois généraux en route pour La Haye - Premières inculpations d’officiers supérieurs musulmans

Le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie a, pour la première fois de son histoire, inculpé publiquement trois officiers supérieurs musulmans bosniaques, accusés de crimes de guerre pour des exactions commises par leurs troupes en Bosnie centrale. Dans ces inculpations, rendues publiques vendredi, le TPI met en cause le rôle joué par les combattants islamiques étrangers, les «moudjahidine» lors du conflit en Bosnie (1992-1995). Les généraux en retraite Enver Hadzihasanovic, 51 ans, et Mehmed Alagic, 54 ans, ainsi que le colonel Amir Kubara, 37 ans, sont accusés de n’avoir pas empêché leurs troupes, constituées entre autres de combattants islamiques étrangers, de commettre des «meurtres et des assassinats» et d’infliger des «traitements inhumains et cruels», principalement contre des Croates de Bosnie. Chacun des officiers «savait ou avait des raisons de savoir que les forces de l’ABiH (armée de Bosnie) sous leur commandement et leur contrôle étaient sur le point de commettre ou avaient commis de tels actes et n’ont pas pris les mesures nécessaires pour empêcher ces actes ou en punir les auteurs», précise leur acte d’accusation. C’est en raison de ces omissions qu’ils sont accusés de crimes de guerre par le TPI, précisent ces documents. Les trois officiers supérieurs, qui ont décidé de se rendre volontairement, sont en route pour La Haye, a indiqué leur avocat. Les trois hommes devaient partir en avion pour les Pays-Bas vendredi après-midi, a ajouté M. Crnalic. Les exactions qui leur sont reprochées datent d’une période comprise entre janvier 1993 et 1994, lorsque l’armée de Bosnie affrontait les forces croates de Bosnie du HVO (Conseil croate de défense). Elles sont circonscrites à la Bosnie centrale notamment autour des municipalités de Zenica, Vitez, Travnik et Kakanj, champ d’opération du 3e corps de l’armée de Bosnie-Herzégovine auquel appartenaient les trois officiers. Les unités sous le commandement des trois hommes ont attaqué des villes et villages principalement habités par des Croates de Bosnie, indiquent les actes d’accusation. «Principalement des civils croates bosniaques mais aussi serbes bosniaques, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et des infirmes ont été victimes d’assasinats et de graves blessures» à la suite de ces attaques qui ont fait au moins 200 morts parmi ces civils, poursuivent les documents. Certains des civils, détenus illégalement «ont été battus à mort». Dans l’école de musique de Zenica, des moudjahidine de la 7e Brigade montagnarde musulmane, ont «forcé des prisonniers à creuser leurs propres tombes», précisent encore les documents. Les moudjahidine, ces combattants venus de pays islamiques, étaient arrivés vers le milieu de l’année 1992 en Bosnie avec l’intention de «mener une guerre sainte contre les ennemis des musulmans bosniaques», selon les actes d’accusation. Principales unités offensives de la 7e brigade montagnarde, ils ont été les fers de lance de nombreuses opérations, soulignent les enquêteurs du TPI. Les moudjahidine, venus entre autres d’Afghanistan et d’Algérie avaient été autorisés à rejoindre l’armée de Bosnie par un décret présidentiel du 1er août 1992. Après la guerre, certains ont obtenu la nationalité bosniaque tandis que d’autres ont regagné leurs pays. Le TPI détient à ce jour deux musulmans bosniaques, Hazim Delic et Esad Landzo, tous deux condamnés pour des crimes à Celebici, en Bosnie centrale.
Le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie a, pour la première fois de son histoire, inculpé publiquement trois officiers supérieurs musulmans bosniaques, accusés de crimes de guerre pour des exactions commises par leurs troupes en Bosnie centrale. Dans ces inculpations, rendues publiques vendredi, le TPI met en cause le rôle joué par les combattants...