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Actualités - ANALYSES

Réforme - Tous les précédents ont lamentablement échoué - Une véritable gageure pour un État - en quête de lui-même

Il n’est pas besoin d’espérer pur entreprendre ni de réussir pour persévérer. Cet axiome vient tout de suite à l’esprit quand on songe au projet de réforme administrative dans lequel le pouvoir s’engage, au double sens du terme. Car, c’est presque caricatural, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance, et même avant, ont promis aux Libanais ce somptueux présent dans leurs déclarations ministérielles. Bien peu, à dire vrai, ont tenté le coup, pour parler familièrement. Et ceux qui s’y sont risqués ont mordu la poussière. Vaincus par un mélange irrépressible de clientélisme, de confessionnalisme, de tribalisme, de régionalisme, de corruption et de force d’inertie bureaucratique. Mieux ou pis : les dirigeants historiques qui ont eu le courage d’empoigner le taureau par les cornes ont, à chaque fois, provoqué en réalité une aggravation sensible de la situation. Car une fois leurs velléités dûment contrées, fonctionnaires et politiciens, assurés de l’impunité, s’en donnaient à cœur joie avec encore plus d’ardeur. C’est un peu comme les pilotes de F1 qui tentent un dépassement, ne réussissent pas à doubler le concurrent devant eux et perdent du temps comme de l’espace, au lieu d’avancer. Pourtant, sous Fouad Chehab, on avait un moment cru que les choses allaient enfin s’arranger. Le pays repartait pour ainsi dire de zéro, après les événements de 58. Et le chef de l’État, conscient des impératifs de modernisation, avait pris la précaution de créer ce que l’on appelle les organismes de contrôle, c’est-à-dire le Conseil de la Fonction publique, le Conseil de discipline générale, l’Inspection centrale et ses multiples sous-branches spécialisées. Mais au fil des ans, ces institutions ont vu tous leurs efforts de correction de trajectoire bloqués par les immixtions politiciennes, quand ce n’était pas par les décisions du pouvoir en place. Ainsi, la fameuse épuration tentée sous Charles Hélou s’est soldée par un bien maigre butin : une poignée de hauts fonctionnaires, d’ambassadeurs ou de juges... dont bon nombre sont devenus par la suite députés ou ministres ! Autre résultat peu reluisant de cet essai : il est bien vite apparu que l’on s’en était pris à certaines figures par pure vindicte politique. Et à d’autres parce qu’elles étaient sans protection, tout en étant honnêtes, comme on dit. Bien entendu, la guerre domestique n’a pas arrangé les choses : à titre d’exemple, aussi bien les dossiers du Conseil de la Fonction publique que les fichiers de l’Inspection centrale ont été vidés de leur substance, perdus ou tronqués. C’est ce qui est apparu lors de la tentative effectuée en 1993 par le gouvernement Hariri, du reste neutrasiée par la Chambre des députés qui a permis à ceux que l’on avait sortis par la porte de rentrer par la fenêtre, pour reprendre un mot du président Hélou remontant aux années soixante. De même, le précédent gouvernement Hoss, qui s’était juré de réformer l’Administrations, avait dû faire machine arrière. Les quelques coups de balai qu’il a donnés lui ont été reprochés, à lui aussi, comme étant de simples réglements de compte politiciens. Cela en référence sans doute au nettoyage effectué sous le président Frangié. Qui, à l’issue du séminaire ministériel de Beiteddine, avait largué les cadres chehabistes et engagé des poursuites contre les anciens responsables du Deuxième Bureau. Sous le président Gemayel, quelques têtes sont tombées à cause du drame des 60 victimes tuées par la neige. Les nominations qui avaient suivi avaient été marquées, comme toujours, par le système du partage des postes d’influence entre les leaderships locaux. Alors pourquoi la réforme réussirait-elle cette fois ? Parce que, répondent les loyalistes, il n’est plus possible de continuer avec la même Administration sans mener le pays à sa ruine, au plein sens du terme. C’est sans doute vrai. Tout comme il est vrai que les donateurs potentiels posent pour la première fois comme condition expresse la restructuration de l’Administration. Autrement dit, sans réforme, pas de sous. Et c’est bien ce qui rend la tentative plausible, sinon crédible.
Il n’est pas besoin d’espérer pur entreprendre ni de réussir pour persévérer. Cet axiome vient tout de suite à l’esprit quand on songe au projet de réforme administrative dans lequel le pouvoir s’engage, au double sens du terme. Car, c’est presque caricatural, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance, et même avant, ont promis aux Libanais...