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Actualités - INTERVIEWS

Interview Express - Le vice-président du PSP estime que le redéploiement va se poursuivre - Pour Doreid Yaghi, le dialogue nécessite davantage d’enthousiasme

Doreid Yaghi est vice-président du Parti socialiste progressiste (PSP). Ce n’est donc pas un hasard s’il possède beaucoup de points communs avec Walid Joumblatt. Les deux hommes ont ce grand mérite d’appeler un chat un chat, en alliant affirmations-chocs et humour caustique. Ils partagent aussi un mélange détonnant d’idéalisme et de pragmatisme. D’ailleurs, Doreid Yaghi raconte la naissance du dialogue actuel en mettant en exergue la contribution «essentielle» de Walid Joumblatt, à travers les interventions de ce dernier dans «les universités de l’Est». «Le dialogue est né autour de la défense des libertés. Puis le mouvement a pris de l’ampleur. Le terrain était plus fertile côté chrétien en raison d’une série de frustrations historiques. Les revendications de cette partie de la population se heurtaient à un mur. Jusqu’aux initiatives de Joumblatt et d’autres démocrates», affirme-t-il. Que pense-t-il des documents de Kornet Chehwane et du Forum démocratique ? «Kornet Chehwane est très important, malgré ceux qui taxent le groupe de “chrétien” pour limiter sa portée. Cette perception est fausse : les membres du groupe de Kornet Chehwane sont d’abord des démocrates. Les propositions du document ont été au-delà de Taëf et ont donné une dimension nationale à la conception de la paix civile et de l’entente nationale. Et il en a été de même pour le Forum démocratique, à quelques différences près», indique-t-il. A-t-il des remarques à formuler sur ces deux initiatives ? «Davantage d’enthousiasme est demandé de la part des deux groupes. De pratique aussi. Nous avons eu l’impression qu’après les documents, les deux groupes se sont dit : “Mission accomplie”. Au contraire, le document n’aurait dû être qu’une entrée en matière à une lutte populaire. Il y a un relâchement général, comme si le communiqué avait été la consécration de la lutte, et c’est la plus grande erreur que puisse commettre une force politique». Notant par ailleurs que les positions du patriarche maronite sont «très réfléchies et pratiques» quant aux résultats, il dresse un bilan bien plus nuancé des positions du général Michel Aoun. «Le général Aoun n’a pas adopté de position pratique. Je n’ai rien contre lui, il est probablement un patriote qui à ses propres opinions, mais il faut penser rationnellement comment garantir les intérêts du Liban et arriver avec les Syriens à assurer plus d’indépendance au niveau de la décision nationale, de sorte que chacun des deux pays ait son propre pouvoir de décision. Une position appelant au retrait immédiat des Syriens ne nous mènera à rien». Et de poursuivre : «Taëf est un package deal local, régional et international. Il renferme beaucoup de dispositions dont nous ne voulons pas, mais nous ne pouvons affronter le monde entier, à commencer par les Américains. Et le général Aoun le sait. Tout le monde s’est mis d’accord sur Taëf. Il serait préférable d’améliorer notre situation progressivement pour obtenir des résultats». Qu’en est-il des rapports du PSP avec les autres formations, comme le Hezbollah ? «Les responsables de ce parti ont commencé à étudier les dossiers politiques internes pour déterminer leurs positions. Ils sont très conscients, à mon avis, de la situation socio-économique, en raison des sacrifices qu’ils ont consentis dans la Résistance». Y a-t-il eu un élan de compréhension pour les positions du PSP lors de la dernière rencontre Joumblatt-Nasrallah ? «Il y a eu un dialogue. Il n’est pas nécessaire d’être à 100 % d’accord sur tout. Nous sommes contre le clonage. Le Hezbollah pense sérieusement aux relations entre Libanais, notamment à l’heure actuelle». Et le Front national de Berry ? La réponse est assez éloquente : «C’est un front basé sur des constantes nationalistes arabes et sur une ligne arabe et arabo-syrienne. Une rencontre entre toutes les personnes qui sont dans un seul camp. Nous ne pouvons être contre, théoriquement, mais nous pensons que cette proposition a besoin de temps et de beaucoup d’étude. Que M. Berry essaye, nous n’avons pas de problème, nous n’avons pas donné de réponse, pour l’instant». Les relations avec le Premier ministre Hariri ? «Il a changé, il a été mis à l’épreuve et a acquis de l’expérience». Le redéploiement se poursuivra Comment a-t-il analysé le redéploiement syrien ? «Joumblatt l’avait réclamé au Parlement. Que devions-nous faire, leur demander d’arrêter ?» lance-t-il, sarcastique. «C’est une initiative pour le meilleur et qui doit se poursuivre jusqu’à l’application de Taëf. Mais ce que nous demandons surtout, c’est la centralisation des relations à tous les niveaux, et cette responsabilité incombe autant aux Libanais qu’aux Syriens». Le redéploiement se poursuivra-t-il ? «Oui, même si la suite ne sera pas aussi rapide que le début, pour ne pas donner l’impression que la Syrie a plié devant les raids israéliens. Mais cette décision n’aurait pas été prise si elle ne devait pas se poursuivre». Est-ce une manœuvre, comme le prétendent certains, du président syrien pour faire bonne figure avant sa visite à l’Élysée ? «Ce n’est pas notre opinion. L’avenir dira ce que vont faire les deux États au niveau des relations bilatérales. C’est pour cela que Walid Joumblatt a demandé un laps de temps de six mois avant de se prononcer». Et si le dialogue libano-syrien n’aboutit pas au rééquilibrage attendu ? «Les Libanais devront formuler leurs revendications par des méthodes diverses». Un exemple ? «Les mouvements qui ont eu lieu dernièrement. Nous ne souhaitons pas que cela se produise, mais au contraire, que les deux leaderships libanais et syrien s’entendent sur tout : par exemple, il n’est pas nécessaire d’avoir plusieurs officiers qui se chargent de la sécurité, un seul suffit». Doreid Yaghi rappelle d’ailleurs que «lorsqu’il a réclamé le redéploiement, Joumblatt a été qualifié de traître et menacé de mort. Pourtant, ils ont bien redéployé leur armée». Un exemple qui en dit long sur l’état d’esprit du PSP. Et l’avenir ? «Nous avons besoin d’hommes politiques d’envergure nationale, surtout maintenant». Y en a-t-il, selon lui ? «Je dis que c’est ce dont nous avons besoin». Une conclusion qui se passe de commentaire.
Doreid Yaghi est vice-président du Parti socialiste progressiste (PSP). Ce n’est donc pas un hasard s’il possède beaucoup de points communs avec Walid Joumblatt. Les deux hommes ont ce grand mérite d’appeler un chat un chat, en alliant affirmations-chocs et humour caustique. Ils partagent aussi un mélange détonnant d’idéalisme et de pragmatisme. D’ailleurs, Doreid Yaghi...