Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Interview Express - L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats et membre du BN appelle le pouvoir à œuvrer pour le retrait syrien - Pour Chakib Cortbawi, le dialogue est la seule planche de salut

«De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace et la France sera sauvée»… La formule est de Danton, mais s’il fallait la «libaniser», elle résumerait en substance le message que Chakib Cortbawi voudrait adresser aux Libanais, toutes catégories confondues. L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats est membre du conseil du Bloc national, parti qu’il a réintégré l’an dernier. Pour Chakib Cortbawi, parler de la «reprise» du dialogue est erroné. «Vous trouvez que le dialogue a commencé?», lâche-t-il. Quelle est la position du BN concernant le document de Kornet Chehwane ? «Nous n’avons pas signé le document parce qu’il y est fait mention de Taëf, lequel ne prévoit pas le mécanisme qui programme le retrait total de l’armée syrienne et des services de renseignement syriens du Liban. Mais nous sommes toujours solidaires du groupe de Kornet Chehwane». Ne pense-t-il pas que le document, à travers son allusion à l’accord de Taëf, a fini par limiter les revendications du patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, lequel réclamait l’application de la 520? «Non, parce que dans ce document, est évoqué le redéploiement en prévision du retrait total selon un calendrier bien précis, retrait qui n’est pas mentionné dans Taëf. Il fallait bien trouver un consensus entre tous les participants, partisans et opposants de Taëf». Et d’ajouter: «Il n’y a pas de plafond. L’objectif c’est le retrait syrien, lequel devrait permettre par la suite l’établissement des meilleures relations avec la Syrie». Que pense-t-il des attaques lancées par le général Michel Aoun contre l’opposition et les assises de Kornet Chehwane, qu’il accuse d’avoir mis de l’eau dans leur vin? «Le général Aoun n’a pas attaqué toute l’opposition, mais certaines personnes qui, selon lui, veulent arriver au pouvoir et qui sont prêtes à faire des concessions sur les principes. Le BN n’a jamais fait partie d’une telle opposition. Raymond Eddé a refusé beaucoup de choses durant sa carrière politique, et (le Amid du BN) Carlos Eddé a maintenu les positions de base du BN». Et de noter l’intransigeance quant aux «principes de base» : «Il ne saurait y avoir de discussion sur l’indépendance et la souveraineté du Liban. Le dialogue doit consister en une recherche des moyens de mettre ces principes en œuvre. Nous pensons qu’il y a une terminologie à respecter. Personne ne peut interpréter à sa manière le mot “indépendance”, à l’exception de quelques politiciens qui tirent profit de toute cette confusion». Mais cette position, finalement hostile à Taëf, est-elle pratique? «Le BN n’a jamais accepté l’accord de Taëf parce qu’il est incapable d’assurer le retrait syrien. Onze ans après son élaboration, on a vu à quel point Taëf était vague, confus et insuffisant. Nous voulons aujourd’hui un pays indépendant, avec un Pouvoir élu sur une base électorale représentative», affirme-t-il. Pas d’alternative au dialogue Chakib Cortbawi considère que le dialogue est la seule planche de salut pour le Liban. «Il n’y a pas d’autre alternative. Sans dialogue, c’est la disparition du Liban», estime-t-il. Selon lui, «le gouvernement doit exprimer les aspirations des Libanais. Or, pour l’instant, il ne fait que répéter le crédo relatif à la présence syrienne “légale, nécessaire et temporaire”, sans donner de plus amples explications». L’ancien bâtonnier prévoit une aggravation de la crise «si le gouvernement continue de nier qu’il existe un véritable problème au niveau politique et de prétendre que le dialogue existe déjà». Et de revenir à la charge concernant la responsabilité du pouvoir, qui doit prendre en main le dialogue libano-syrien, toute autre forme de dialogue partiel, entre l’État syrien et une communauté libanaise déterminée étant exclue. Comment a-t-il perçu le redéploiement syrien? «C’est un acte positif, auquel il faut toutefois donner sa dimension exacte. Ce n’est pas un redéploiement qui a eu lieu, mais un retrait de quelques positions. Je ne suis pas contre, mais cela reste insuffisant. Nous réclamons la levée de la mainmise syrienne sur le Liban et un retrait total selon un calendrier bien précis». Il déplore également le manque de transparence des officiels syriens et libanais concernant le dossier des détenus libanais en Syrie, en rappelant qu’il avait été le premier, lors d’un séminaire sur les prisons libanaises en 1997, à intervenir publiquement sur le sujet devant des officiels. «On était venu me trouver par la suite pour me dire que je suis courageux», se souvient-il. «Mais ce n’est pas vrai. Je dis ce que je pense, ce n’est pas une question de courage. Sinon, que laisse-t-on aux vrais courageux?». Un dernier mot sur les jeunes, qu’il exhorte à ne pas quitter le pays. «Le Liban n’est pas un hôtel, et cette mentalité d’avoir tout le temps sa valise sur le dos est dangereuse pour le Liban. Nous avons tous une part de responsabilité dans la reconstruction du pays, surtout les jeunes. C’est nous qui forgeons l’avenir». Et de lancer un appel aux ambassades étrangères dont certaines font preuve, selon lui, d’une certaine complaisance: «Qu’ils rendent un peu plus difficiles les conditions d’octroi des visas d’émigration. Le Liban doit rester un exemple de coexistence entre ses différentes communautés».
«De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace et la France sera sauvée»… La formule est de Danton, mais s’il fallait la «libaniser», elle résumerait en substance le message que Chakib Cortbawi voudrait adresser aux Libanais, toutes catégories confondues. L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats est membre du conseil du Bloc national, parti qu’il a...