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Actualités - CHRONOLOGIES

Turquie - Saadet veut supprimer la Cour de sûreté de l’État et mettre en place des tribunaux des droits de l’homme - Création d’un nouveau parti islamiste sur les cendres du Fazilet

La division du mouvement islamiste turc s’est officialisée vendredi avec la création d’un nouveau parti sur les cendres du Fazilet, interdit par la justice, ouvrant les hostilités entre modernistes et conservateurs. Des anciens députés du Parti de la vertu (Fazilet), interdit le mois dernier par la Cour constitutionnelle pour «activités antilaïques», ont déposé au ministère de l’Intérieur les statuts de leur nouvelle formation : le Parti du bonheur (Saadet). Créé un vendredi, jour sacré selon la foi musulmane, le parti regroupe 51 des 100 ex-députés du Fazilet, représentant la vieille garde du mouvement islamiste. Leur chef de file est l’ex-président du parti interdit, Recai Kutan, proche du premier chef de gouvernement islamiste de la Turquie moderne, Necmettin Erbakan, chassé du pouvoir sous la pression de l’armée et interdit de politique pour cinq ans en 1998. Son Parti de la prospérité (Refah) avait également été interdit par la Cour constitutionnelle. «Nous allons servir tout le peuple turc (...) et afficher notre différence avec notre fidélité aux valeurs morales et nationales», a proclamé M. Kutan devant la presse. Il a assuré que le Parti du bonheur, qui se veut résolument différent des autres partis «matérialistes», luttera pour les «libertés religieuses» en Turquie, pays musulman mais à l’État laïque. Son programme préconise aussi de supprimer la Cour de sûreté de l’État (DGM) et de créer des tribunaux des droits de l’homme. « Mauvaise nouvelle pour Erbakan » Les conservateurs s’opposent aux modernistes, conduits par le grand espoir de l’islam politique turc, Recep Tayyip Erdogan, ex-maire d’Istanbul. Il vient d’être autorisé à rentrer dans l’arène politique, grâce à une décision de la Cour constitutionnelle jeudi. Celle-ci a levé l’interdiction de politique à vie qui l’avait frappé il y a deux ans pour un discours considéré comme une incitation à la haine raciale ou religieuse. Son retour dans une ambiance morose de crise économique, alors que la confiance dans les hommes politiques est au plus bas, a été fêtée par ses partisans mais fraîchement accueillie par M. Erbakan, son ancien mentor, selon la presse. «Mauvaise nouvelle pour Erbakan», titrait à la une le journal à gros tirage Hurriyet. «La politique turque n’a produit cette dernière décennie qu’une seule personne qui fait figure de leader politique, c’est Erdogan», estimait un éditorialiste du journal populaire Sabah. Il soulignait que son retour allait entraîner la création d’une «force dynamique» sur la scène politique qui devrait alarmer les deux partis de centre-droite au Parlement : celui de la Mère patrie (ANAP) du vice-Premier ministre Mesut Yilmaz et de la Juste voie (DYP) de Mme Tansu Ciller. Deux députés DYP, un ANAP et un autre du Parti de l’action nationaliste MHP (extrême droite), ont déjà rallié le camp des modernistes, qui se disent proches d’un centre-droit classique. D’autres devraient suivre. «Après cette crise économique, les électeurs devraient punir les partis déjà existants au profit de nouveaux mouvements», soulignait un éditorialiste du quotidien libéral Radikal. La division devrait toutefois affaiblir le mouvement islamiste. Et les deux formations subiront l’épreuve du feu lors des prochaines élections, en principe prévues en 2003, car chacune devra obtenir au moins 10 % des voix pour siéger au Parlement. Le Fazilet avait recueilli 15 % des suffrages aux législatives de 1999. Selon un récent sondage, M. Erdogan part favori dans la course car trois électeurs islamistes sur quatre se déclaraient prêts à voter pour un parti sous sa direction.
La division du mouvement islamiste turc s’est officialisée vendredi avec la création d’un nouveau parti sur les cendres du Fazilet, interdit par la justice, ouvrant les hostilités entre modernistes et conservateurs. Des anciens députés du Parti de la vertu (Fazilet), interdit le mois dernier par la Cour constitutionnelle pour «activités antilaïques», ont déposé au...