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Actualités - CHRONOLOGIES

L’étrange impunité des extrémistes israéliens

Condamné par les autorités israéliennes et les représentants des colons, le meurtre de trois Palestiniens dont un nourrisson dans une embuscade jeudi près de Hébron pose des questions sur l’impunité des extrémistes juifs. Cet attentat, sur fond d’attaques meurtrières palestiniennes, n’est pas un acte isolé. Il intervient après au moins trois attaques armées contre des Palestiniens ces dernières semaines, dont l’une a causé la mort d’un chauffeur de camion, ainsi que des dizaines d’agressions. Dans de rares cas, des suspects israéliens ont été arrêtés. Aucun n’a été maintenu en détention. Pratiquement tous les Israéliens condamnés dans le passé pour des actes de violence ont bénéficié de remises de peine. «Toutes ces années, les autorités, police, juges ou gouvernants ont fait preuve d’un laxisme extraordinaire vis-à-vis du terrorisme juif», déclare la députée Zahava Gal On, du parti de gauche Meretz. Elle en voit une illustration dans la grâce présidentielle dont a bénéficié cette semaine une femme colon Margalit Har-Shefi, impliquée indirectement dans l’assassinat de l’ex-Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995. Elle va sortir de prison après avoir purgé six des neuf mois auxquels elle a été condamnée. Selon la députée, le service de sécurité intérieure israélien Shin Beth s’efforce d’empêcher des attentats d’extrémistes juifs et d’arrêter leurs auteurs. «Mais on ne peut lutter contre le terrorisme juif sans s’en prendre à ceux qui incitent au meurtre», ajoute-t-elle. Le chef du Shin Beth, Avi Dichter, a fait état cette semaine de l’existence «d’une cellule terroriste juive» mais a estimé qu’il n’y avait pas de véritable réseau clandestin. Il y a vingt ans, un procureur de haut rang, Me Judith Karpp, s’était alarmée du laxisme des autorités à l’égard des colons, dans un rapport qui avait fait grand bruit, mais qui n’avait pas été suivi d’effet. Au début des années 1980, c’est un véritable «réseau terroriste juif» qui est démantelé, après avoir tué trois Palestiniens et préparé un attentat contre l’esplanade des Mosquées (le mont du Temple pour les juifs) à Jérusalem. Les chefs du réseau, lourdement condamnés, bénéficièrent tous de remises de peine. Lorsqu’en février 1994 Baruch Goldstein, un colon extrémiste, massacre 29 Palestiniens qui priaient à Hébron, son crime fut dénoncé. Mais sa tombe devint un lieu de pèlerinage. Plus récemment, des colons se sont livrés à des actes de vandalisme antipalestiniens à Hébron, incendiant des échoppes et s’en prenant à des soldats après la mort en mars d’un bébé de colons tué par un tireur palestinien. Le ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer promit «d’en finir avec l’anarchie des colons». Mais tous les colons interpellés ont été libérés. «Enquêter sur ce genre d’incidents est très compliqué», soutient un porte-parole de la police. La police a indiqué vendredi qu’elle soupçonnait en premier lieu des extrémistes juifs d’avoir commis l’attentat de jeudi soir près de Hébron. Selon elle, les assaillants ont pris en chasse la voiture palestinienne et l’ont mitraillée à bout portant avant de fuir en direction d’Israël. Ils ont franchi ensuite un barrage militaire israélien situé à environ 500 mètres, sans être inquiétés, selon des témoins. L’attentat a été revendiqué par «le comité pour la sécurité sur les routes», un groupe formé de colons extrémistes, lié au Kach, officiellement hors la loi mais toléré par les autorités. En décembre 1993, trois Palestiniens avaient été tués dans le même secteur lors d’une attaque similaire. Les coupables courent toujours.
Condamné par les autorités israéliennes et les représentants des colons, le meurtre de trois Palestiniens dont un nourrisson dans une embuscade jeudi près de Hébron pose des questions sur l’impunité des extrémistes juifs. Cet attentat, sur fond d’attaques meurtrières palestiniennes, n’est pas un acte isolé. Il intervient après au moins trois attaques armées contre des...