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Actualités - CHRONOLOGIES

algérie - L’inlassable lutte des mères de disparus

Smaïl avait 25 ans. Marié et père de deux fillettes, il a été enlevé le 13 avril 1996 à la gare d’Alger. Depuis, sa mère lutte inlassablement pour tenter de retrouver sa trace. «Je suis persuadée qu’il est encore en vie, affirme Zoubida Charali, sinon, qu’on me dise où est son corps, qu’on me dise où il est enterré». Deux fois par semaine, elle retrouve d’autres mères de disparus pour tenter de faire pression sur les autorités, d’obtenir la vérité sur le sort de ces milliers de victimes cachées d’une décennie noire de violences. Toutes ont en commun de vivre dans un impossible travail de deuil et dans une situation matérielle très difficile, sans soutien financier, sans aide de l’État. «Si on pouvait crier du matin au soir “Rendez-nous nos enfants”, on le ferait», poursuit-elle. Les femmes arrivent par petits groupes. Elles s’asseoient à l’ombre des murs de l’Observatoire national des droits de l’homme (ONDH), sous les lourdes grilles ornées du drapeau algérien. Certaines posent devant elles une photo d’un mari ou d’un fils dont elles sont sans nouvelles depuis trois, quatre ans. Autour d’elles, la vie continue dans le vacarme de la circulation algéroise, personne ne s’arrête pour les écouter. Elles vont rester là plusieurs heures. Et revenir, semaine après semaine, devant le siège de l’ONDH ou sur la place du 1er Mai, dans le centre d’Alger. Fatima Yous est une des figures du comité SOS des familles de disparus, créé en 1997 à l’image des mères chiliennes ou argentines qui manifestaient contre les dictatures latino-américaines. Avec l’aide d’avocats, le comité a compilé plus de 7 400 dossiers de disparus. La tâche a été difficile, certaines familles ayant peur de signaler l’enlèvement d’un des leurs par crainte de représailles de l’État. Mais le travail du comité se heurte au silence de l’État. Me Mahmoud Khelili, avocat des familles, souligne le silence de la justice. «Tous les magistrats, tous les juges que nous avons saisis nous ont opposé des fins de non-recevoir, sans même entendre les témoins», dit-il. Pour lui, ce rejet s’explique par le fait que «l’autorité civile n’a absolument aucun pouvoir sur les autorités qui sont derrière et qui sont responsables de ces abus et violations des droits de l’homme», allusion à la haute hiérarchie militaire considerée comme le véritable détenteur du pouvoir en Algérie.
Smaïl avait 25 ans. Marié et père de deux fillettes, il a été enlevé le 13 avril 1996 à la gare d’Alger. Depuis, sa mère lutte inlassablement pour tenter de retrouver sa trace. «Je suis persuadée qu’il est encore en vie, affirme Zoubida Charali, sinon, qu’on me dise où est son corps, qu’on me dise où il est enterré». Deux fois par semaine, elle retrouve d’autres...