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Actualités - REPORTAGES

Électricité - Le Grand Beyrouth paie 40,57 % du total des factures - L’EDL ne rentabilise que 55 % de sa production

Elle était l’entreprise autonome la plus florissante d’avant-guerre. Durant les événements, elle a donné 120 martyrs à la nation, morts en accomplissant leur devoir. L’Électricité du Liban (EDL) n’est malheureusement plus ce qu’elle était. Et beaucoup de citoyens, de tous bords et toutes confessions, se sont arrêtés, ou refusent, de payer ce qu’ils doivent à une entreprise qui va sur le chemin de la privatisation. Car, 30 % de la production de l’EDL est volée : factures impayées et branchements illicites. Et 15 % du courant produit se perd pour des raisons techniques. L’office autonome ne profite donc que de 55 % du courant qu’il produit. Jusqu’à la fin du mois d’avril dernier, l’office autonome accumulait, dans toutes les localités du Liban, des arriérés s’élevant à environ 370 milliards de livres. De janvier à mai 2001, les percepteurs et les caisses de l’EDL avaient ramassé environ 237 milliards de livres réparties sur tout le territoire libanais. Pourtant, toutes les régions et tous les abonnés ne s’acquittent pas des factures émises de la même manière : des localités entières, des particuliers privilégiés, des administrations, des industries, des ambassades, des entreprises, voire des hôtels les ignorent complètement. Évidemment, on ne prête qu’aux riches. Ceux qui accumulent les arriérés (personnes, offices publiques, commerces ou autres) se trouvent dans toutes les régions du pays, de Jounieh à Tyr, en passant par Baalbeck-Hermel, Tripoli et Nabatiyeh. Des chiffres étalés sur les douze mois de l’an 2000 montrent que le Grand Beyrouth paie 40,57 % des factures du Liban. Cette zone est suivie d’Antélias avec 13,67 % du montant et de Chiah qui atteint un taux de 12,21 %. Jounieh, avec ses maisons, ses banques, ses usines, situées à Zouk, occupe la quatrième place avec 8, 28 % du prix de toute l’électricité produite au Liban. Elle est suivie de Saïda (3,76 %), Bickfaya (2,72 %) et Baabdate (2,03 %). Nabatiyeh paie 0,68 % de la facture totale du courant dans le pays, alors que Tyr, deuxième ville du Sud, s’acquitte d’un faible taux : 1,55 % de la totalité des factures d’électricité du pays. Il est à noter que Bickfaya et Baabdate, deux localités du Metn, déboursent beaucoup plus que plusieurs grandes villes du Sud et du Nord, notamment Baalbeck avec un taux qui se limite à 0,52 % de la totalité des factures payées du Liban, Tripoli 0,55 %, Zahlé 0,04 % et Hasbaya 0,05 %. Toutes les zones du pays doivent d’importantes sommes à l’EDL. Dans ce domaine, Tyr bat tous les records avec un peu moins de 50 milliards de livres d’impayées. Elle est suivie de Jounieh qui doit à l’office autonome plus de 47 milliards de livres. Iklim el-Kharoub, Nabatiyeh et Saïda occupent respectivement les troisième, quatrième et cinquième place des mauvais payeurs. Le cas de Jounieh, tout comme celui de la banlieue sud de Beyrouth, mérite d’être mis en relief. Dans la ville du Kesrouan, les individus, les entreprises et la plupart des abonnés s’acquittent totalement des factures de l’EDL. Des abonnés privilégiés appartenant à la classe politique ou encore aux grands entrepreneurs de la ville ignorent pourtant leurs dus à l’office autonome. Ce sont également les hôtels bon marché, les cabarets et d’autres boîtes de nuit qui réussissent à échapper aux caisses de l’EDL en soudoyant les percepteurs… Particularités par régions Oui, la quasi-totalité de la banlieue sud ne paie pas le courant qui l’alimente. Mais il est à relever également que la banlieue sud est la zone qui consomme le moins de courant de tout le Grand Beyrouth. Voilà les chiffres : L’EDL produit par jour environ 1 200 mégawatts dont 600 alimentent la capitale et ses environs. La banlieue sud, elle, ne consomme au quotidien qu’environ 50 mégawatts de l’électricité destinée au Grand Beyrouth. Attention cependant : certaines villes qui s’acquittent le mieux des factures de l’EDL figurent au tableau des mauvais créanciers. Chiah, qui a versé 12,21 % des factures en 2000, soit environ 66 milliards de livres, accumule, depuis 1991, des arriérés s’élevant à 33 milliards de livres. Dans cette zone, le taux des factures à payer a atteint son pic en 1997. On retrouve dans cette catégorie Saïda, qui occupe le quatrième rang sur le plan du total des factures versées à l’EDL, et qui détient la cinquième place des mauvais payeurs. Dans quelques localités du pays, le pourcentage des arriérés frise, voire dépasse, de loin celui des factures payées à l’EDL. C’est le cas de Hasbaya où 76 % des sommes dues n’ont pas été versées à l’office autonome en février dernier, Zahlé avec 54 %, Baalbeck 50 %, Hermel 60 %, Nabatiyeh 66 %, Tyr 61 %, Bint-Jbeil 86 % et Ehden 63 %, toujours au cours du même mois de février. Les villes les moins désinvoltes sont par ordre croissant Baabdate, Bickfaya et Jounieh avec respectivement 4,1 %, 6,4 %, et 8,7 % de factures impayées. En consultant la carte géographique des facturations de l’EDL, on remarque que, comme les plats régionaux, chaque zone a ses spécialités. Certaines localités du Liban-Nord, notamment Ehden et ses alentours, ne payaient pas, jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix, leur dû à l’office autonome. Ce n’est qu’en 1996 que des compteurs ont été installés dans la région. Certains villages de la bande frontalière, situés sur l’ancienne ligne de démarcation, ont été classés zone sinistrée en 1993. Jusqu’au retrait israélien, un décret ministériel les exemptait des factures de l’EDL. Mais depuis mai 2000, les habitants de ces localités, toujours sinistrées, ne se sont pas encore décidés à accomplir leur devoir de citoyens libanais modèles : c’est notamment le cas de Marjeyoun et de Bint-Jbeil. Depuis quelques années, les camps palestiniens n’honorent plus les factures de l’EDL. Durant une certaine période, des notables des camps ramassaient les sommes dues et les faisaient parvenir à l’office autonome. On ignore jusqu’à présent si les cessations de paiement relèvent de la responsabilité des autorités au sein des camps ou de celle de l’EDL. Il semble que l’armée libanaise s’acquitte totalement de ses factures. Les cas d’arriérés soulevés au Parlement n’ont pu être étayés d’aucune preuve. Mis à part Beyrouth, Antélias et Chiah, qui paient le plus gros des factures de l’EDL et dont le montant s’élève à environ 160 milliards de livres, c’est le Mont-Liban qui détient la palme du meilleur payeur du pays avec 45 milliards de livres collectées entre janvier et mai derniers. Il est suivi du Liban-Sud environ 20 milliards à la même date. La Békaa et le Nord figurent parmi les derniers de la liste avec respectivement 9 et 5 milliards de livres. Avec ses factures impayées, ses arriérés qui traînent depuis plusieurs années, quelle entreprise serait encouragée à racheter l’EDL quand le moment de la privatisation sera venu ? Les douze travaux d’Hercule semblent bien pâles devant le règlement des problèmes qui pèsent sur l’office autonome.
Elle était l’entreprise autonome la plus florissante d’avant-guerre. Durant les événements, elle a donné 120 martyrs à la nation, morts en accomplissant leur devoir. L’Électricité du Liban (EDL) n’est malheureusement plus ce qu’elle était. Et beaucoup de citoyens, de tous bords et toutes confessions, se sont arrêtés, ou refusent, de payer ce qu’ils doivent à une...