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Actualités - ANALYSES

Vie politique - Surenchères ministérielles de salon sur les rapports entre les dirigeants

Après le passage, plutôt agité en termes de digestion, de M. Khaddam, les rapports entre les présidents se sont assainis. Leurs proches soulignent en chœur que la lune de miel se poursuit. Et jurent leurs grands dieux, la main sur le cœur, qu’il n’y aura plus de brouille. Mais les germes de discorde ne semblent qu’endormis. Car si l’on prête bien l’oreille, l’on entend des ministres tenir en coulisses de subtiles mais inquiétants propos. À les en croire, le chef de l’État «devrait ferrailler en première ligne, pour défendre l’action économique de M. Hariri. Comme il le faisait en faveur du cabinet Hoss dont il épongeait les ardoises politiques sur son propre capital de crédit ou de popularité». Ces virtuoses de la voltige politicienne affirment qu’à travers le conseil d’engagement total donné à Baabda, ils gardent en vue «en tout premier lieu l’intérêt bien compris du régime». «En effet, disent-ils, en cas d’échec, le président du Conseil ne pourrait pas en imputer la responsabilité à un manque de soutien ou aux réserves mentales de M. Lahoud». Affinant encore leur proposition tactique, les Machiavel du cru précisent que «l’appui accordé au gouvernement doit cependant rester suffisamment nuancé pour que nul n’attribue la paternité même du plan de redressement au régime». Toujours en cas d’échec, hypothèse que ces personnages qui participent eux-mêmes au pouvoir, et voient tout de l’intérieur, semblent donc privilégier. Et c’est bien ce qui est inquiétant. Cependant d’autres loyalistes, réputés proches du régime, refusent de circuler dans de telles circonvolutions de labyrinthe. Et relèvent, non sans pertinence, que «l’opinion ne peut pas décrypter un code florentin aussi emberlificoté. Pour la population, l’État c’est l’État, il n’y en pas deux. Et elle a bien raison, même en termes de droit constitutionnel. La confiance va, ou ne va pas, au pouvoir dans son ensemble. Si une institution échoue, comment voulez-vous que les autres puissent tirer leur épingle du jeu. Comme le président Hariri ne cesse de le rappeler, nous sommes tous à bord d’un même navire». Une optique que, selon nombre de ses visiteurs, Baabda partage en laissant entendre que le régime ne peut pas se démarquer, ni de près ni de loin, d’une politique gouvernementale de sauvetage économique. C’est ainsi qu’à toutes les occasions le président Lahoud prend soin en ouvrant les séances du Conseil des ministres, d’appuyer fermement les projets dynamiques ou réformateurs des membres du gouvernement. Et leur permet de la sorte de surmonter les objections, fréquentes, de leurs propres collègues. Entre autres exemples notoires, c’est le soutien du chef de l’État qui a encouragé le ministre de l’Information à donner un coup de balai dans son département ; et c’est également l’appui du président qui a permis au gouvernement de tenir bon dans le conflit de la MEA. Ces sources soulignent en conclusion que pour faire face à la grogne provoquée par l’adoption de mesures nécessaires, mais impopulaires, le gouvernement a besoin d’un soutien présidentiel sans faille. Car le mouvement de réforme, qui a commencé par toucher partiellement certains offices autonomes en y provoquant des grèves, doit se poursuivre prochainement au Casino, à l’Intra, à la banque de financement ou ailleurs. Et du côté du Parlement ? Sa coopération n’est pas techniquement requise, puisqu’il n’y a pas à légiférer. De plus, par chance, la Chambre se trouve actuellement en semi-vacance, étant en session extraordinaire mais sans trop siéger. Autrement, on aurait sans doute vu la place de l’Étoile, comme lors de l’épisode MEA, en proie à de notables convulsions dues à un penchant inné des politiciens pour la démagogie.
Après le passage, plutôt agité en termes de digestion, de M. Khaddam, les rapports entre les présidents se sont assainis. Leurs proches soulignent en chœur que la lune de miel se poursuit. Et jurent leurs grands dieux, la main sur le cœur, qu’il n’y aura plus de brouille. Mais les germes de discorde ne semblent qu’endormis. Car si l’on prête bien l’oreille, l’on...