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Actualités - OPINIONS

Ce poids sur nos épaules -

L’investisseur. Paix aux cendres de ce soldat inconnu. Tous les pays sous-développés, aliénés, courent après cette ombre furtive. Qu’estompent de plus en plus la mondialisation, les marchés purement financiers et la bourse webisée. Bien fini le solide temps bourgeois du «tout immeuble et trois pour cent» chanté par Guizot. Chacun veut faire fortune en une heure, au risque de se brûler les ailes. Ou de dilapider sur écran, à la vitesse de la lumière, les fonds péniblement amassés par une longue tradition familiale. Ainsi, dans ce pays, combien de chefs d’entreprises, moyennes ou petites, ne fréquentent-ils pas le Nasdaq autant que les banques. Pour se tirer d’affaire et payer les salaires. En attendant de pouvoir revendre de douteuses parts dans de fumeux projets immobiliers. Conçus et réalisés durant le boom dément des années 80-90, propulsé par d’obscures embrouilles permises par les permis de construire et l’absence de l’État. Résultat : plus de 60 000 appartements invendus et a fortiori inloués, dans le seul Beyrouth. Autant de fonds gelés, improductifs. Le reste, tout le reste, ce sont les bons du Trésor qui le pompent. Un endettement permanent, une fuite en avant infernale, pour nourrir un bon quintal de dizaines de milliers de fonctionnaires. Mais aussi pour payer les intérêts même de ce monstre vorace qu’est la créance publique. Un ogre qui se repaît, le savons-nous, de nos propres enfants. Car, avec plus de 22 milliards de dollars de dette nationale, chaque Libanais doit déjà en venant au monde, et au monde, à peu près 6 000 dollars. Et ça grimpe chaque jour. Quelles solutions ? Des palliatifs, mais sans doute suffisants pour attendre la paix et la reprise. D’abord, les privatisations. Et la téléphonie mobile. Qui nous permet, soit dit en passant, de nous féliciter d’un de nos plus tenaces travers : la frime. C’est cette douce manie, en effet, qui fait du Liban un marché d’à peu près un million de portables. De quoi compenser un peu le parc, également frimeux mais bien moins rentable, de deux millions de voitures. Ensuite, disons-le franchement, les rentrées du haschisch et de l’opium. En Occident même, certains États font déjà chanvre à part, en dépénalisant les drogues douces. Si la consommation est ainsi ouverte, pourquoi voudrait-on punir les pays producteurs. Le hic, le vrai problème, c’est que notre part de marché reste en tout cas réduite à la portion congrue. Sur les quelque 700 millions de dollars que rapporte le H, moins du dixième reviennent, c’est le mot, au Liban. Le gros paquet revient aux protecteurs et à la filière mafieuse de distribution. Il n’est donc pas étonnant que la Békaa reste déshéritée. Et l’on nous invite à l’enfoncer encore plus dans le rouge. De la fronde sociale bien plus que de la honte morale. Car d’autres, en Amérique latine par exemple, ont choisi leur intérêt plutôt que celui de Washington. Et n’hésitent pas à le faire chanter, sur l’air du gros fric tijuana, pour accepter de faire semblant d’éradiquer la marijuana. Pour notre part, qu’aurions-nous en échange ? Encore et toujours de vagues promesses, pour nous donner le change.
L’investisseur. Paix aux cendres de ce soldat inconnu. Tous les pays sous-développés, aliénés, courent après cette ombre furtive. Qu’estompent de plus en plus la mondialisation, les marchés purement financiers et la bourse webisée. Bien fini le solide temps bourgeois du «tout immeuble et trois pour cent» chanté par Guizot. Chacun veut faire fortune en une heure, au...