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Actualités - CHRONOLOGIES

FRAYKEH 2001 - Poèmes soufis et pièce métaphysique au programme de ce soir - Des « Chemins d’extase » à « Stalker », un même souffle mystique

Pour sa troisième édition, le Festival de Fraykeh a choisi de participer à l’événement de la francophonie par la fusion dans ses spectacles des cultures arabe et française. C’est manifestement le cas avec «Chemins d’extase», un récital de poèmes soufis turcs des XIIIe et XIVe siècles que présentera ce soir (à 20h30) Jacques Lacarrière. Cet auteur de nombreux ouvrages sur les mystiques de la région du Proche-Orient (Les hommes ivres de Dieu, Marie d’Égypte ou le désir brûlé, Sourates, etc.) entraîne le public, par la magie d’une narration à la fois historique et poétique, sur les chemins des chanteurs mystiques d’Anatolie. Ces derviches-troubadours, qui vivaient en confréries, erraient de communauté en communauté, en célébrant le Créateur par d’admirables poèmes d’amour et des hymnes à la beauté du monde. Les plus connus de ceux qu’on appelait les «achiks», Younous Emré (qui signifie Jean d’amour), Achik Pacha, Mouhiddine Dolou ou encore Pir Sultan Abdal, ont laissé un florilège de prières, d’invocations et de chants aux messages pleins d’humanité et de tolérance. Un patrimoine transmis par la tradition orale que Jacques Lacarrière a découvert au cours d’un périple en Cappadoce. Et qu’il a entrepris de (faire) traduire en français (par un ami) pour les réciter avec sa femme, Sylvia Lipa-Lacarrière, dans un spectacle qui mêle harmonieusement le conte, les vers, la musique (sur instruments traditionnels turcs «saz» et «kemendje»), jouée par Mahmut Demir et le chant turc de Françoise Demir. Ce récital, qui met en scène une époque à la fois méconnue et passionnante de la poésie soufie, a d’ailleurs inspiré à Jacques Lacarrière un très beau roman, La poussière du monde, paru en 1997 aux éditions du Nil. Théâtre français L’univers mystique reste omniprésent dans la seconde partie de la soirée, avec Stalker, qui signifie, au sens métaphorique, l’initié ou le passeur entre deux mondes. Cette pièce écrite par Patrice Le Cadre, un jeune auteur français qui s’est inspiré du livre Vous serez comme des dieux du philosophe chrétien Gustave Thibon ainsi que de l’œuvre cinématographique du réalisateur russe (de l’époque soviétique) Andrei Tarkovski, est un mélange d’ambiances futuristes et métaphysiques. Mise en scène par Jean-Luc Jeener (directeur du théâtre du Nord-Ouest de Paris, dramaturge et critique au Figaro), cette création récente se présente comme une quête initiatique. Construite en deux parties, la première sous forme d’aventure intérieure et la deuxième sous forme de réflexion théologique sur le sens du monde et celui de la mort, Stalker fait dialoguer l’athéisme et la foi. Car pour Jean-Luc Jeener, licencié en théologie et défenseur d’un théâtre à forte sensibilité religieuse, la scène est par excellence le lieu de l’incarnation. «Le comédien qui tout en restant lui-même devient un autre est à l’image du Christ, à la fois cent pour cent Dieu et cent pour cent homme. L’idée d’un Dieu qui s’incarne, cette folie à laquelle nous croyons est donc une chose possible». Et de conclure : «Le théâtre m’a fait vraiment comprendre le christianisme. Et m’a donné envie de montrer l’homme à l’homme».
Pour sa troisième édition, le Festival de Fraykeh a choisi de participer à l’événement de la francophonie par la fusion dans ses spectacles des cultures arabe et française. C’est manifestement le cas avec «Chemins d’extase», un récital de poèmes soufis turcs des XIIIe et XIVe siècles que présentera ce soir (à 20h30) Jacques Lacarrière. Cet auteur de nombreux...