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Actualités - CHRONOLOGIES

Baabda - Les présidents de la République et de la Chambre ne s’étaient pas revus depuis un mois - Berry expose à Lahoud sa proposition - de créer un front national

La suite et fin du débat budgétaire avait permis de dessiner une carte plus que précise des alliances politiques – plus particulièrement celles au sommet. Les binômes Lahoud-Hezbollah et Berry-Hariri (avec, en électron libre, Walid Joumblatt) en étaient arrivés à un point où les rapports entre eux n’étaient plus que bruits ou fureurs. Puis la crise de la MEA est arrivée, modifiant provisoirement (artificiellement ?) la donne. Sans trop, d’ailleurs, en changer les conséquences... Unis dans leur volonté de sauver la compagnie nationale du dépôt de bilan, le chef de l’État et le Premier ministre ont trouvé en face d’eux un farouche axe Berry-Hezbollah, épaulé par deux partis prosyriens, le Baas et le PSNS. Où l’on se rend ainsi compte que le nœud gordien de toute cette affaire tient en deux mots : Lahoud-Berry. Cela aurait pu être Hariri-Hezbollah, mais pour le moment, c’est la relation – concrète – entre les deux premières présidences qui occupe le devant de la scène. Émile Lahoud et Nabih Berry (qui, en principe, se rencontrent tous les mercredis matin à Baabda) ne s’étaient plus revus depuis plus d’un mois. Priorité absolue au dossier économique C’est chose faite. Hier. Et au centre de leurs discussions : la situation économique, «plus que délicate». Une lapalissade. Ainsi que la nécessité de remédier à la crise au plus vite, et ce par le biais d’un travail en commun, d’une position unie, en obéissant à l’indispensable principe de «la main dans la main». D’autant plus que la vision des Libanais en général, et de leurs responsables en particulier, à l’égard de la situation régionale, est «plus stable et plus unifiée». Des sources officielles à Baabda ne se sont pas privées de confirmer cette concordance des points de vue, d’autant plus, ajoutent-elles, que les deux hommes sont convenus de la nécessité d’accorder une grande importance aux secteurs du tourisme et de l’agriculture. Tout comme de celle de mettre un terme «à tout ce qui creuse encore plus le déficit budgétaire». Et de son côté, Nabih Berry a fait part de l’importance accordée à tout cela par le président de la République ainsi que son soutien à ce processus. Quelques mots sur l’ambiance de la rencontre. Elle aurait été, selon des sources officielles, «très bonne». Que les deux hommes ont évoqué «tous» les sujets de l’heure. Que le locataire de Baabda – et c’est là le plus important – a particulièrement insisté sur la primauté que devrait avoir l’économique sur tous les autres dossiers. Sur l’importance de lui trouver une solution, lui accorder tous les efforts, toutes les énergies. Surtout que pour cela, un accord entre les différentes parties est indispensable, que ce dossier nécessite «un soin continu, un traitement exceptionnel. Les désaccords et les conflits influent négativement sur l’évolution du dossier». Chose significative : les sources officielles, rapporte notre correspondante à Baabda, ont indiqué que la concordance entre les deux points de vue a été diffusée aux yeux du monde grâce aux informations distillées et distribuées à l’issue de la réunion. Ces mêmes sources ont également souligné que le président de la Chambre a évoqué avec le chef de l’État sa proposition de créer un front national – «une nouvelle plate-forme de travail politique» – dont les bases seraient les constantes de la position libanaise officielle au sujet des grandes affaires locales, nationales, comme régionales. Le général Lahoud aurait assuré Nabih Berry de son soutien par rapport à ces orientations, «ainsi qu’à toutes les orientations nationales». Un front pour renforcer le climat unioniste À propos de ce front national que le n°2 de l’État se fait fort d’initier, rappelons d’abord qu’il en avait jeté les bases lors de son dernier discours à Tyr, lors de l’inauguration d’une statue de Hafez el-Assad. Et force est de constater que Nabih Berry a commencé dès hier ses consultations préliminaires visant à aller de l’avant dans la concrétisation de sa proposition. Un front national «pour renforcer le climat national unioniste», selon les propres termes du locataire de Aïn el-Tiné. Plusieurs points d’interrogation subsistent. Sur les raisons qui ont poussé ce dernier à appeler à la création d’un tel front. Sur le timing de cet appel, qui survient à l’issue du redéploiement partiel des forces syriennes. «Le but du président Berry est d’initier un climat de solidarité nationale générale, d’autant plus que la couleur des assises de Kornet Chehwane était fortement chrétienne», déclarent des sources proches de Aïn el-Tiné. «Voilà pourquoi le président Berry fera en sorte que sa proposition puisse englober l’ensemble des parties présentes sur l’échiquier politique, qu’elles soient intra ou extra-parlementaires. Incluses, évidemment, les assises de Kornet Chehwane», ont-elles ajouté. On a ainsi appris que Nabih Berry a commencé l’exposé de sa proposition. Il s’est ainsi réuni avec un grand cadre du PSNS. Et le nom qui a été le plus souvent murmuré dans les couloirs de l’hémicycle a été celui d’Assaad Hardane. Et effectivement, il a rencontré dans l’après-midi le député grec-orthodoxe de Marjeyoun-Hasbaya. «C’est une réunion préparatoire. Le président Berry devra rencontrer prochainement le chef du PSNS Joseph Arayji. Dans tous les cas, il n’y a pas encore de calendrier pour les réunions», a-t-on appris. La question qui se pose alors, à l’aune de cette information, sera de savoir à quel point la Syrie aurait influencé, au niveau de sa prise de décision, le n°2 de l’État. Qui ne manquera pas, poursuivent les mêmes sources, de compléter ses concertations avec l’ensemble des partis politiques, notamment avec le Parti socialiste progressiste. Ceci se fera évidemment après le retour de Lisbonne du chef du PSP Walid Joumblatt. MEA : pas de dépôt de bilan Un point important : Nabih Berry ne participera pas à l’ensemble des concertations à venir. «On mettra plutôt sur pied une sous-commission, dont les membres seraient des cadres essentiels du bureau politique d’Amal. Dont la mission serait de faire avancer le dialogue et de nommer la commission nationale qui devra être créée», soulignent les mêmes sources. Et à ce sujet, les députés qui se sont entretenus hier avec le président de la Chambre, ont confirmé la volonté de ce dernier de renforcer l’union nationale, de tuer dans l’œuf toutes les formes de divisions, d’effritement confessionnel ou sectaire, «surtout que ce qui rassemble les Libanais ainsi que leurs forces politiques est beaucoup plus fort que tout ce qui les sépare». Nabih Berry, justement, a insisté sur la nécessité de dépasser le confessionnalisme, «une menace pour le Liban». Mettant l’accent sur l’urgence de voir «les Libanais lire leur histoire dans un seul livre, qu’ils utilisent le même livre d’éducation civique et de géographie. C’est ainsi que cela se passe au sein des pays les plus démocratiques les plus libres. Parce que le pluralisme, s’agissant de ce genre d’ouvrages, n’engendre que des sociétés prêtes aux divisions à la moindre crise». Concernant sa rencontre à Baabda avec le chef de l’État, Nabih Berry a répété devant les députés qu’il recevait que l’ambiance était «bonne» et que la priorité des priorités, c’est aujourd’hui le dossier économique. «Les présidents de la République, de la Chambre et du Conseil sont d’accord pour régler cette crise», leur a-t-il indiqué. Par rapport à la MEA, le n°2 de l’État a envisagé le problème sous son angle socio-humanitaire. «Il y a des solutions prioritaires. Nous allons vers un début de solution et il n’y aura pas d’annonce du dépôt de bilan de la compagnie», a-t-il souligné. Évoquant «le grand nombre de personnes qui ont présenté leur démission – 514», il a précisé que les concertations actuelles tournent autour de la manière d’améliorer les conditions de travail de ceux qui resteront. Ainsi que des nouveaux contrats et de ce qu’ils comprendront comme baisse des différentes prestations. Notons enfin que le président de la Chambre, après son entretien au palais présidentiel, s’est rendu au domicile du prédécesseur du général Lahoud, Élias Hraoui.
La suite et fin du débat budgétaire avait permis de dessiner une carte plus que précise des alliances politiques – plus particulièrement celles au sommet. Les binômes Lahoud-Hezbollah et Berry-Hariri (avec, en électron libre, Walid Joumblatt) en étaient arrivés à un point où les rapports entre eux n’étaient plus que bruits ou fureurs. Puis la crise de la MEA est...