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Actualités - REPORTAGES

SOCIÉTÉ - Événements dramatiques, difficultés économiques, problèmes personnels, autant de freins à l’épanouissement - Stress, quand tu nous tiens !

Comme tant d’autres, ils vivent le stress dans leur vie personnelle ou professionnelle. Événements dramatiques, incertitude, difficultés économiques mais aussi problèmes personnels jalonnent leur vie, freinant parfois leurs projets et leur épanouissement. Si les manifestations de ce stress sont nombreuses, chaque personne réagit à sa manière, à travers son propre vécu, mais aussi son mode de pensée. Ce chef d’entreprise déclare vivre 80 % de son temps sous stress. Un stress qui le mine car il découle de la crise économique et de l’instabilité ambiante. Instabilité qui peut, selon ses propos, anéantir toute une vie et torpiller des objectifs élaborés au fil des ans. «J’ai été contraint de renvoyer un nombre important d’employés avec lesquels j’ai travaillé pendant près de vingt-sept ans, regrette-t-il. Des employés dont je connais les familles et qui venaient me parler de leurs problèmes. Je n’en ai pas dormi durant cinq jours et j’ai perdu quatre kilos». La culpabilité qui ronge Jad ne s’est pas amenuisée au fil des jours. Bien au contraire, elle a non seulement affecté sa confiance en lui-même, mais aussi ses relations avec son entourage et sa propre famille. «Car en période de stress extrême, ajoute-t-il, je suis tellement tendu que je ne peux voir l’aspect positif des choses. Je n’ai même pas le temps de penser à me détendre, et je réalise bien plus tard que la situation était moins grave». Conscient de réagir au stress de manière exagérée, il avoue avoir les nerfs à fleur de peau, ajoutant que la maturité joue un rôle important dans la façon de vivre le stress. Quel avenir pour ses enfants ? Josiane est assistante de direction dans une entreprise commerciale. Divorcée, ayant trois jeunes adultes à sa charge, elle vit dans la hantise de perdre son emploi. «On m’a rassurée, avoue-t-elle, mais pour combien de temps ? Car le personnel de la société est aujourd’hui réduit de moitié et le travail quasiment nul. Cette menace est comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête». N’ayant pas obtenu d’augmentation depuis deux ans, Josiane doit pourtant continuer à faire face aux dépenses quotidiennes et aux charges qui ne cessent d’augmenter. À ce stress financier s’ajoutent les problèmes de ses enfants, leurs sorties, leurs fréquentations, leurs études et surtout leur avenir. Un avenir qu’elle qualifie d’incertain et qui la persuade d’envoyer ses enfants à l’étranger pour leurs études universitaires. Colérique, nerveuse et agressive, Josiane dort mal et n’arrive pas à se concentrer dans son travail. Par souci d’éviter les heurts et les paroles blessantes, elle s’est enfermée dans sa coquille, s’éloignant même de ses proches. Près de flancher, elle a préféré le sport aux antidépresseurs, même si une cure l’avait remise d’aplomb, grâce aux conseils de son médecin, il n’y a pas si longtemps. Car en dépit de ses problèmes, Josiane tient à rester positive. Nadim est chirurgien dentiste et vit un stress permanent dans sa profession depuis quatre ou cinq ans. Une profession qui lui permettait de vivre dans une certaine aisance il y a quelques années, même dans les pires moments de la guerre, et qui subit aujourd’hui le contrecoup de la crise économique. «C’est la croix et la bannière pour encaisser notre argent, déplore-t-il. Les gens débarquent sans leur carnet de chèque ou reportent leur rendez-vous dès qu’il s’agit de régler les travaux déjà réalisés». Contraint d’opérer un changement radical dans son style de vie, quitte à refuser des petits plaisirs à sa famille, Nadim avoue passer des nuits entières éveillé, à chercher une solution à son problème, car il a de la difficulté à payer ses fournisseurs, à payer l’écolage de ses enfants et à rembourser ses dettes. Dégoûté de son travail, constamment stressé et nerveux, il a recommencé à fumer et ne surveille plus son alimentation. «Je suis devenu facilement irritable, même à l’égard de mes patients, car ils me font souvent sortir de mes gonds», déplore-t-il. Si le dentiste n’entrevoit pas de solution immédiate à son problème, quelques satisfactions personnelles lui permettent de supporter ce stress, notamment sa famille et un groupe restreint d’amis avec lesquels il s’adonne régulièrement à son sport favori. Dégoûtée de tout, même de sa passion Depuis trois ans, Nayla se sent envahie par le stress. Un stress qu’elle ressent dans tous les domaines de sa vie. Confinée dans sa profession à un travail de bureau monotone qui la déprime, elle n’ose pas réagir, même si elle se sent parfois exploitée, car elle avoue avoir besoin de son salaire. «Et pourtant, je suis capable de donner davantage, dit-elle, mais mon épanouissement n’intéresse personne». Tout aussi important est son stress au niveau personnel. Présentant un excès de poids, Nayla parle de son corps comme d’un obstacle qui lui fait honte et lui ôte toute confiance en elle-même. Un corps qui la contraint à être seule, à ne pas plaire, à se noyer dans l’excès de travail. «Je suis consciente de ne pas plaire physiquement, mais au moins je plais par mon travail», dit-elle. En état de perpétuelle nervosité, Nayla réagit violemment à la moindre remarque et ne peut s’empêcher de lancer des pointes à la ronde. Elle avoue avoir même perdu son sens de l’humour. Souffrant d’importants troubles du sommeil, de maux de tête et d’estomac et se gavant de chocolat, elle est souvent fatiguée et dégoûtée de tout, même de la lecture qui a toujours été sa passion. Et pourtant, Nayla est plus que jamais déterminée à faire disparaître son stress, à organiser son temps pour s’occuper un peu plus d’elle-même, car elle avoue ne plus se supporter. À bientôt 35 ans, Michel vit une situation conflictuelle qui le met dans un état d’hésitation et de stress permanent. Car cette situation risque de mettre son indépendance en péril. Habitant avec des camarades depuis quelques mois, Michel est actuellement à la recherche d’un logement, où il envisage de vivre seul. Mais les temps sont durs, et les locations élevées. «J’ai mis des années à convaincre mes parents de mon besoin d’indépendance. Maintenant qu’ils se sont fait à l’idée, je risque fort de réintégrer le toit familial, car il n’est pas toujours évident d’assurer un budget, alors que mes dépenses dépassent souvent mes possibilités financières», regrette-t-il. Certes, il n’était pas si mal chez ses parents, où il n’avait aucun souci matériel, mais il n’a pas vraiment envie de retourner vivre chez eux, de peur de perdre une indépendance nouvellement acquise. Face à ce dilemme, Michel est nerveux et tendu, et ressasse continuellement son problème, à tel point qu’il ne dort presque plus. Si la marche, la natation et la lecture lui permettent de se défouler, il n’a pas hésité à demander de l’aide et suit une psychanalyse depuis quatre mois. «J’ai ressenti le besoin de voir plus clair en moi, concernant certaines questions et plus spécifiquement mon indécision. De plus, je sais que je peux résoudre mes problèmes et que rien n’est insurmontable», conclut-il. La dépression suite à une série d’événements stressants Carla travaille depuis onze ans dans la même entreprise, non moins de douze heures par jour, parfois même les jours fériés lorsqu’elle a du travail en retard. Le stress qu’elle ressent dans sa vie professionnelle, elle le qualifie de positif et de bénéfique, car elle se sent appréciée et éprouve de la satisfaction à accomplir sa tâche, même si elle réalise, parfois, que ses collègues comptent trop sur elle. Car le travail est sa bouffée d’oxygène, son échappatoire. En effet, la vie personnelle de Carla a été jusque-là, parsemée d’embûches aussi stressantes les unes que les autres. Le divorce de ses parents, la mort de sa mère, ses fiançailles rompues et la solitude au bout du chemin ont eu raison de la résistance de cette jeune femme de 35 ans. Insomnies, angoisses, pleurs et anorexie ont été les premiers symptômes de la dépression dans laquelle elle a sombré, sans s’en rendre compte. Elle ne s’en est sortie, grâce aux conseils d’une amie, qu’au terme d’un traitement aux antidépresseurs administré par son psychiatre, mais aussi en se jetant corps et âme dans sa vie professionnelle. Aujourd’hui, si Carla avoue avoir retrouvé un certain équilibre et vivre de réels moments de bonheur lorsqu’elle se trouve en compagnie de sa sœur et de ses amis, elle suit toujours une psychothérapie, car elle a encore peur. Peur de sa fragilité, peur de devoir affronter de nouvelles souffrances, peur de vieillir dans la solitude.
Comme tant d’autres, ils vivent le stress dans leur vie personnelle ou professionnelle. Événements dramatiques, incertitude, difficultés économiques mais aussi problèmes personnels jalonnent leur vie, freinant parfois leurs projets et leur épanouissement. Si les manifestations de ce stress sont nombreuses, chaque personne réagit à sa manière, à travers son propre vécu, mais aussi son...