Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Le témoignage d’un psychologue industriel - Au Liban, l’individu subit - une agression permanente

Contraintes, pressions et difficultés relationnelles entre patrons et employés sont autant d’agressions extérieures qui favorisent le stress au travail. Un stress qui peut provoquer des détériorations s’il est mal géré, si l’équilibre est rompu entre les différentes fonctions de l’organisme, entre la frustration et la satisfaction. Johnny Chamichian, psychologue industriel, se penche sur le cas spécifique du stress dans la société libanaise minée par la crise économique. Toute personne normalement constituée et connaissant bien son métier devrait obtenir un résultat valable dans son travail, lui procurant une certaine satisfaction et lui permettant de vivre de manière agréable et décente. Malheureusement, regrette Johnny Chamichian, le citoyen libanais passe sans arrêt par des périodes désagréables, aussi bien dans son travail que dans sa vie quotidienne. Il ne supporte plus de subir une agression permanente. Agression qui peut se présenter sous forme de factures imprévisibles, comme la décision arbitraire de l’État d’imposer aux citoyens le changement des plaques d’immatriculation des voitures ou qui peut prendre d’autres formes comme les licenciements, les pannes de courant, etc. Par ailleurs, vu la crise économique, les rentrées financières diminuent, alors que chaque individu est engagé dans l’achat d’une voiture ou d’un appartement et ne parvient pas toujours à respecter ses engagements, car il a hypothéqué l’avenir et s’est souvent fait avoir. La frustration est telle, que le citoyen libanais sent qu’il a perdu le contrôle de la situation. Agressivité au volant Sa réponse peut se manifester par quatre modes de comportement, reprend Johnny Chamichian. Répondant à l’agression par une autre forme d’agression, le Libanais extériorise sa colère au volant. Il choisit parfois de fuir, non seulement ses problèmes et son stress, mais carrément le pays, et d’aller vivre sous d’autres cieux plus cléments. Il peut aussi compenser son stress par une surconsommation alimentaire, qui provoque chez lui un excédent de poids et le met dans une situation de mal-être. Mais la réponse la plus néfaste est l’inhibition, le manque de réaction, l’apathie qui risquent de mener de nombreuses personnes vers la dépression. «Nous assistons à une recrudescence de cas extrêmes de stress, pouvant devenir parfois dramatiques», insiste le psychologue. La personne devient désagréable, discutant pour un oui ou un non, car elle souffre de troubles de l’humeur et du sommeil. Incapable de se concentrer, elle est gagnée par une fatigue extrême, et se laisse aller, plongeant progressivement vers la dépression. Si le stress peut toucher n’importe qui dans le monde du travail, les cadres moyens sont les plus atteints et les plus vulnérables, explique M. Chamichian, car non seulement il devient de plus en plus difficile pour eux de gravir les échelons rapidement ou de bénéficier d’importantes hausses de salaires, mais ils vivent dans l’angoisse permanente du licenciement, devenu monnaie courante ces dernières années. Un licenciement qui les empêcherait de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Quant aux cadres supérieurs, ils vivent certes des périodes de stress, mais ils s’arrangent toujours pour y remédier. Ils ont ainsi la possibilité de prendre la fuite, de prendre leurs précautions pour trouver un autre emploi, et donc de résoudre leurs problèmes plus rapidement. S’adapter pour survivre Déplorant la panique injustifiée des employeurs qui continuent de licencier leur personnel car ils se sentent eux aussi pris à la gorge, le psychologue parle d’un engrenage qui nuit à la bonne marche du secteur du travail. «Le marché est toujours là, le consommateur est toujours là, même si la valeur de l’acte d’achat a diminué». Un marché qui, selon ses dires, va globalement se tasser à la baisse, en fonction des prix pratiqués à l’extérieur. Et d’ajouter qu’il est indispensable pour chacun de savoir s’adapter aux nouvelles données et aux nouveaux outils pour survivre dans ce marché en voie d’assainissement. Car, dit-il, tout va très vite, et les gens doivent posséder le savoir avant le savoir-faire, et apprendre à utiliser leur intelligence au service de leur survie. Si de nombreuses sources de stress sont incontrôlables, certaines causes de stress restent contrôlables, dans le cas d’une gestion saine de la vie quotidienne. C’est la raison pour laquelle il est primordial d’avoir le contrôle de sa vie dans la limite de ses moyens. Par ailleurs, les petits plaisirs égoïstes ne sont pas à négliger. Bien au contraire, leur satisfaction est l’antidote du stress, toujours dans la limite de ses moyens, même si cette satisfaction est parfois source de culpabilité. Le plus important dans la réaction au stress, conclut Johnny Chamichian, est d’agir dans un but précis. Même si cela n’aboutit pas toujours, cela est certes plus bénéfique que de tomber dans l’inhibition.
Contraintes, pressions et difficultés relationnelles entre patrons et employés sont autant d’agressions extérieures qui favorisent le stress au travail. Un stress qui peut provoquer des détériorations s’il est mal géré, si l’équilibre est rompu entre les différentes fonctions de l’organisme, entre la frustration et la satisfaction. Johnny Chamichian, psychologue industriel, se...