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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

RENCONTRE - Le ministre a expliqué à la LAU la nouvelle loi sur les télécommunications - Cardahi : Régulation, libération des marchés puis privatisation

Le ministre des Télécommunications est un homme discret et c’est certainement bien malgré lui qu’il se retrouve aujourd’hui sous les feux des projecteurs, contentieux du téléphone portable, piratage de communications internationales et nouvelle loi sur les télécommunications obligent. Il n’est d’ailleurs pas très à l’aise lorsqu’il s’agit d’aborder les questions politiques et déjoue courtoisement «les pièges» des journalistes, préférant se cantonner dans le domaine technique qu’il connaît à la perfection. Devant les doyens et les professeurs de la LAU, il a expliqué la nouvelle loi sur les télécommunications et a annoncé pour septembre la formation de Liban Telécom. Liban Télécom, sur le modèle de France Télécom, à la fois opérateur national et régulateur du marché des télécommunications, c’est ainsi que le ministre Jean-Louis Cardahi a présenté la nouvelle société que compte créer l’État, dans le cadre de la restructuration du ministère, prévue dans le projet de loi adopté récemment en Conseil des ministres. M. Jean-Louis Cardahi a tenu ces propos devant un parterre de doyens, de professeurs et d’étudiants de la LAU. Le ministre souhaitait profiter de cette initiative des responsables de l’université pour expliquer le projet de loi sur les télécommunications qui lui tient visiblement à cœur puisqu’il y travaille depuis sa nomination au gouvernement. Il voulait aussi parler technique sans aborder les sujets chauds et politisés qui concernent son épineux ministère, mais c’était compter sans la présence des journalistes qui ne pouvaient laisser passer une si belle occasion d’en savoir plus sur des thèmes gorgés de rumeurs. Liban Télécom, régulateur et opérateur À vrai dire, les journalistes n’ont pas appris grand-chose sur les sujets à scandale, mais ils ont certainement mieux compris le nouveau projet de loi, le premier du genre au Liban, puisque depuis l’indépendance ce secteur est régi par des décrets-lois. Or, en raison de l’incroyable développement de ce secteur au cours des dernières années, les décrets-lois sont devenus obsolètes et freinent l’utilisation des nouvelles technologies. M. Cardahi a d’ailleurs révélé que, depuis sa prise en charge du portefeuille des Télécommunications, son obsession était de préparer un projet de loi pour organiser ce secteur. Il a sollicité, dans ce but, l’aide d’experts de la Banque mondiale et de membres de compagnies étrangères. Finalement, le projet de loi a été adopté en Conseil des ministres le 14 juin et, selon le ministre, il pourrait être voté par le Parlement en août. Le ministre accorde beaucoup d’importance à la réorganisation de ce secteur, qui a contribué, dans de nombreux pays, à la croissance économique en créant de nouveaux emplois et en rapportant des ressources, notamment dans l’exploitation des nouvelles technologies telles que l’Internet. Sans le dire ouvertement, le ministre laisse entendre que la nouvelle loi constituera une sorte de révolution, puisque le rôle du ministère se limitera à élaborer la politique générale du gouvernement dans le domaine des télécommunications et à représenter le Liban dans les cercles internationaux spécialisés. La véritable gestion de ce secteur sera confiée à une société Liban Télécom, indépendante du ministère, qui regroupera tous les biens de l’État dans le secteur des télécommunications, qu’il s’agisse du réseau fixe, des services supplémentaires ou de la diffusion par satellite. Liban Télécom sera donc un opérateur national et un régulateur du secteur. Mais cela prendra un ou deux ans. En attendant, la société pourra faire appel à un régulateur étranger. Liban Télécom bénéficiera de la troisième licence pour l’exploitation des téléphones mobiles, afin d’avoir les moyens de durer. Elle sera entièrement possédée par l’État, qui pourra ultérieurement vendre une partie des actions de cette société. En France par exemple, l’État possède 54 % des actions de France Télécom. Le Liban pourrait aller jusqu’à vendre 49 % des actions de cette société. Agir vite dans un secteur en développement permanent À la question de savoir comment l’État annonce qu’il lancera des appels d’offres pour la vente des licences, alors que l’une des licences est d’ores et déjà accordée à Liban Télécom, le ministre a précisé que l’appel d’offres sera lancé pour les deux premières licences, alors que Liban Télécom lancera à son tour un appel d’offres pour vendre une partie de sa licence. Le ministre a refusé de parler de la résiliation des contrats avec les deux sociétés de téléphonie mobile, ajoutant qu’il tiendra, la semaine prochaine, une rencontre avec les journalistes pour aborder longuement ce sujet. En réponse à une question, il a simplement précisé que les études de marché montrent que le secteur ne supporte pas plus de trois licences. Selon le ministre, le but de la nouvelle loi est de réorganiser le secteur, le libérer puis le privatiser. Aujourd’hui, ce secteur a un volume d’un milliard trois cent millions de dollars, le ministre espère le doubler d’ici à deux ou trois ans. En réponse à une question sur les méfaits de la privatisation, le ministre a précisé que celle-ci viendrait dans une étape ultérieure, mais que de toute façon, il a été prouvé dans le monde qu’elle assure un meilleur service aux citoyens alors que la concurrence est le meilleur moyen de baisser les prix pour les usagers. Le ministre a insisté sur la tendance mondiale à libérer le marché des télécommunications afin de permettre l’exploitation de nouvelles technologies, car, dans ce domaine en développement permanent, il faut agir vite. Interrogé sur le piratage des communications internationales, le ministre a répété que selon les informations en sa possession, aucun ministre ou député ou responsable n’est impliqué dans cette affaire. Il a ajouté qu’il essaie de lutter contre ce piratage en coopération avec le parquet et les services de sécurité et à travers une politique de baisse des prix. Il a toutefois précisé qu’il est très difficile d’attraper les pirates, car l’opération se fait grâce à des antennes paraboliques reliées à des centraux qui redistribuent les communications comme s’il s’agit de communications internes. Le ministre a refusé de confirmer le chiffre de 300 millions de dollars de pertes pour l’État en raison de ce piratage, précisant qu’il ne faut pas se laisser influencer par les rumeurs.
Le ministre des Télécommunications est un homme discret et c’est certainement bien malgré lui qu’il se retrouve aujourd’hui sous les feux des projecteurs, contentieux du téléphone portable, piratage de communications internationales et nouvelle loi sur les télécommunications obligent. Il n’est d’ailleurs pas très à l’aise lorsqu’il s’agit d’aborder les questions...