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Actualités - REPORTAGES

VOITURES AU MAZOUT - Chauffeurs de taxi et environnementalistes dénoncent les décisions gouvernementales - Une longue série d’erreurs, une catastrophe prévisible

Nous étouffons à Beyrouth et les responsables semblent s’en être soudain rendu compte. Une décision du Conseil des ministres stipule que tous les taxis roulant au mazout (principale source de l’accroissement de cette pollution) devront se mettre à l’essence d’ici à la fin du mois, sous peine d’être mis hors de service. Une sage décision ? «Injuste et inapplicable», soutient Abdel Amir Najdé, président du syndicat des chauffeurs du transport public, dans un entretien accordé à «L’Orient-Le Jour». Opinion partagée par un environnementaliste convaincu, Naji Kodeih, spécialiste en pollution atmosphérique. Pourquoi ? Tout simplement parce que, de l’avis des deux, «le chaos actuel observé sur les routes est causé par les politiques de l’État depuis 1994, alors que cette mesure non suffisante, qui punit les victimes et non les coupables, et qui ne s’applique pas aux minibus, ne règle pas le problème». En effet, comment peut-on légaliser l’usage du mazout pour les camions, les autobus et les minibus, créant ainsi une compétition inéquitable pour les taxis, jeter sur le marché des quantités énormes de plaques d’immatriculation publiques, fermer les yeux sur l’introduction de moteurs à mazout pour voitures sous couvert de «matériel agricole», importer un carburant à peine valable pour l’usage industriel… sans aboutir à une situation intolérable de crise socio-économique pour les chauffeurs de taxi-service et de pollution dangereuse pour le reste des citoyens ? C’est ainsi que nos deux interlocuteurs résument la situation, arguments à l’appui, insistant sur le fait que la distance qui les sépare n’est pas si grande qu’on le croit, «puisque nous sommes tous conscients du grave aléa environnemental». Là où leurs chemins se séparent, c’est lorsqu’il s’agit de la solution finale au problème. M. Najdé préconise la légalisation du mazout «tout en important un diesel respectueux de l’environnement qui existe en Europe». Quant à M. Kodeih, à l’instar des autres environnementalistes, il préfère «limiter l’usage du diesel aux poids lourds, mais inclure au plus vite les minibus dans l’interdiction qui vise les taxis, afin de rendre la compétition plus équitable». Que se passera-t-il d’ici à la fin du mois ? «Nous ne ferons pas les frais d’un nouveau marché douteux», affirme M. Najdé. «Une solution aussi partielle pour un problème aussi vaste ne saurait en être une», renchérit M. Kodeih. Et nous citoyens, que devons-nous faire en attendant une solution radicale ? Mais, inhaler des fumées toxiques, bien sûr…
Nous étouffons à Beyrouth et les responsables semblent s’en être soudain rendu compte. Une décision du Conseil des ministres stipule que tous les taxis roulant au mazout (principale source de l’accroissement de cette pollution) devront se mettre à l’essence d’ici à la fin du mois, sous peine d’être mis hors de service. Une sage décision ? «Injuste et inapplicable»,...