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Actualités - CHRONOLOGIES

Parmi les pirates : un parti politico-militaire, un député de la Békaa, - un ministre et un ecclésiastique...

C’est le gros scandale. Rafic Hariri l’a étalé aux yeux des députés, des électeurs, tout seul, comme un grand, au cours de la réponse du gouvernement. Un Premier ministre qui a été aiguillonné, harcelé même, mais très habilement, il faut le reconnaître, par le président de la Chambre. Tout cela frôlait presque la schizophrénie pure. Le scandale ? «On» vole 250 millions de dollars au Trésor. En piratant les communications internationales. Omar Karamé a déclaré tenir ces chiffres de l’ancien ministre des P&T, Issam Naaman. Officiellement, l’identité des pirates reste, pour l’instant, bien mystérieuse. Sauf concernant le Hezbollah – tout le monde en parle et dit que le parti intégriste empocherait, facilement, de gros millions de dollars. Il n’empêche, une source parlementaire bien informée a affirmé à L’Orient-Le Jour que, parmi les pirates, tous forcément issus ou proches du pouvoir, figure un député de la Békaa, un ministre actuel, et un ecclésiastique, directeur d’une organisation caritative. «Tout ce beau monde se fait jusqu’à 30 ou 40 millions de dollars», précise la même source. Quoi qu’il en soit, le sujet était hier au centre du débat, par le biais de l’article 3 du budget. De très nombreux députés veulent savoir. Nabih Berry demande au ministre concerné, Jean-Louis Cardahi, de s’expliquer. Il le fait, pendant que le Premier ministre, visiblement, ne l’écoute pas. Le très lahoudien ministre des Télécommunications se lance dans une explication très technique, domaine qu’il semble bien maîtriser, et déclare que dès qu’on les avise de l’existence d’un centre de piratage, ils informent le parquet. «Les pirates sont pris les mains dans le sac et nous sommes en contact permanent avec la justice à ce sujet. Et dans ce domaine, mes informations sont étendues : aucun responsable, parlementaire soit-il ou gouvernemental, ne possède ce genre de centres», assène-t-il. C’est un (involontaire) dérapage en direct. Devant des députés médusés qui lui demandent la source de ces informations. «Nous savons parce que nous suivons quotidiennement cette affaire», répond-il. «Il faut baisser le tarif des communications téléphoniques plutôt que de juguler les contrevenants», conclut-il. Walid Joumblatt rend hommage à son explication technique, mais répète qu’il y a là crime, «il y a des parties politiques impliquées, nous voulons une réponse». Nayla Moawad se fait applaudir en avouant son incompréhension : «Comment ne peut-on pas détecter ces centres, alors que les gens se font espionner jusqu’au fond de la mer», s’écrie-t-elle. Les députés s’étonnent de l’absence de coordination et de communication entre le ministre concerné et le chef du gouvernement. Boutros Harb demande si des permis d’utilisation de lignes internationales ont été accordés. Nabih Berry répète, après que Jean-Louis Cardahi ait plusieurs fois nié : «Le ministre a dit non». Omar Karamé : «Le ministre dit que lorsqu’un centre est fermé, dix autres sont ouverts. Il nous a bien rassurés ! Vous en êtes convaincu, président Hariri ?». Et il répétera cinq fois la même question, déchaînant le rire de l’Assemblée. Jusqu’à ce que Rafic Hariri réponde par la négative. Le hezbollahi Mohammed Fneiche demande que les pirates et ceux qui les soutiennent soient sanctionnés, le lahoudien Antoine Haddad demande au Premier ministre s’il souhaite que, dans cette affaire, la Chambre prenne sa place, etc. Rafic Hariri intervient alors, indiquant qu’il fallait trouver le moyen de récupérer l’argent volé, et appliquer la loi. Et qu’il fallait mettre un terme au gaspillage. Les solutions : baisser les prix, libéraliser le secteur... Nabih Berry conclut, en apprenant à Jean-Louis Cardahi, que c’est au Législatif d’innocenter les gens, les ministres, les députés, et non l’inverse. «Il l’a dit innocemment, certes... Ce que la Chambre exige, c’est un rapport bimensuel du ministère concerné, afin qu’elle soit au courant de ce qui se passe», a-t-il décrété.
C’est le gros scandale. Rafic Hariri l’a étalé aux yeux des députés, des électeurs, tout seul, comme un grand, au cours de la réponse du gouvernement. Un Premier ministre qui a été aiguillonné, harcelé même, mais très habilement, il faut le reconnaître, par le président de la Chambre. Tout cela frôlait presque la schizophrénie pure. Le scandale ? «On» vole 250...