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Actualités - CHRONOLOGIES

Design - Des pièces diverses et des meubles en feuilles de palmier - Mona Yazbeck réhabilite la vannerie d’Amchit

Mona Yazbeck est une architecte attachée au patrimoine, et qui, à ce titre, a axé son travail sur la restauration d’anciennes demeures. Mais cette habitante originaire d’Amchit ne se contente pas de rafraîchir les vieilles pierres, elle a décidé, il y a deux ans, de réhabiliter l’artisanat séculaire de son village : la vannerie en feuilles de palmier. Elle a donc repris la technique ancestrale de tressage (de neuf brins) pour réaliser des objets décoratifs, avant de se mettre récemment au design de meubles. Qui ne connaît pas Amchit, cette jolie ville côtière située à 3 km au nord de Byblos, réputée pour la beauté de ses vieilles demeures ? Classée patrimoine national depuis 1992, cette ville ancienne a le charme indolent de ces lieux de quiétude, bordés de mer bleue et lovés à l’ombre des palmiers. L’histoire ne dit pas vraiment comment ces arbres qui donnent à Amchit un cachet particulier s’y sont implantés. «Dans le temps, Amchit a connu une longue période d’aisance basée sur le commerce avec des pays comme l’Égypte, l’Irak, la Tunisie, le Maghreb… Il se pourrait que les palmiers aient été importés de ces pays, où l’on retrouve la même technique de vannerie», émet comme supposition Mona Yazbeck. Il n’en reste pas moins qu’à «Amchit, jusqu’à ces dernières décennies, chaque famille fabriquait elle-même les “koffés”, paniers qui servaient à la cueillette des olives ou des figues, les tapis ronds sur lesquels on mettait le “kechek à sécher”, ou encore les plateaux-paniers de balances. Tout comme le patelin vivait de certaines commandes exécutées pour le jurd alentour», raconte la designer. La vie moderne et la concurrence des produits importés ont fait péricliter cet artisanat. «Lorsque j’ai décidé de créer des objets en vannerie, il n’y avait plus au village que trois personnes âgées qui savaient travailler le palmier tressé». Technique traditionnelle Au départ, elle a commencé par faire de petits objets : des albums, des paniers à pain, des abat-jour, des sous-plats, des sets américains, des couvre-bouteilles, des plateaux, de petites boîtes à mouneh, des cadres, des vases, des tapis, des sacs à main, des paniers de plage, des chemins de table… Qu’elle lance sous le label «Ibrik». Puis, ayant formé une dizaine de personnes, elle s’attaque à des pièces plus grandes et plus créatives, dans lesquelles elle allie le raphia au cuir, au tissu, au bois, au fer, au verre, etc. Elle a ainsi conçu des plateaux à pieds, des nappes avec perles de bois, des porte-parapluies, des porte-revues, de petits meubles : tables, chaises pliantes, fauteuils, chaises longues, paravent, poufs… Et a même essayé d’introduire des variations de couleurs en jouant sur les tons naturels : bois foncé ou clair, le vert et quelques touches vives sur les vanneries en feuilles blanches. «Celles que l’on retire du cœur du palmier. Elles ne sont pas encore ouvertes, sont très tendres et bien sûr plus rares que les feuilles mûres qui sont vertes. Ces dernières supportent les teintures foncées, tandis que les couleurs claires et vives ne se fixent bien que sur les feuilles blanches», explique Mme Yazbeck. Qui, côté inspiration, puise dans toutes sortes de détails quotidiens. «Ma formation d’architecte m’aide», dit-elle. «Je commence par faire des prototypes. Si le modèle me plaît, je le donne aux femmes qui, travaillent toujours chez elles et à leur rythme». D’ailleurs, comme par le passé, ce sont les familles qui élaguent, elles-mêmes, les palmiers, deux fois par an, qui cueillent les feuilles, les décortiquent, les répartissent en bottes et les laissent sécher à l’ombre avant de s’atteler au tressage de la natte. «Ibrik», ce design contemporain d’inspiration artisanale, a donc le mérite d’être une production libanaise à cent pour cent fabriquée à partir de matières premières locales, par divers membres d’un même village : mères de famille, menuisiers, ferronniers, cordonniers, tricoteuses. Un exemple à suivre…
Mona Yazbeck est une architecte attachée au patrimoine, et qui, à ce titre, a axé son travail sur la restauration d’anciennes demeures. Mais cette habitante originaire d’Amchit ne se contente pas de rafraîchir les vieilles pierres, elle a décidé, il y a deux ans, de réhabiliter l’artisanat séculaire de son village : la vannerie en feuilles de palmier. Elle a donc repris...