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Actualités - CHRONOLOGIES

Débat budgétaire - Hajj Hassan se déchaîne contre l’équipe ministérielle - Husseini : Le salut passe par un pouvoir - judiciaire indépendant et intègre

La séance parlementaire du soir a été marquée essentiellement par l’intervention de l’ancien chef du Législatif Hussein Husseini, qui s’est lancé dans un plaidoyer en faveur du renforcement de l’indépendance de la magistrature, précisant que le salut du Liban est tributaire de l’existence d’un «pouvoir judiciaire indépendant, intègre et équitable». La réunion nocturne a débuté par une courte allocution du député de Nabatiyé, Abdel Latif Zein, qui a commencé par rendre hommage à l’action de la Résistance face à Israël au Liban-Sud, soulignant toutefois que c’est surtout grâce aux sacrifices et à la résistance de la population que le retrait israélien a pu être obtenu. Critiquant ouvertement la position du gouvernement en ce qui concerne la situation dans la zone méridionale du pays, M. Zein s’est élevé contre le fait que «rien n’a été fait au niveau de la reconstruction des régions du Liban-Sud, un an après le retrait israélien». «L’opération de reconstruction n’a même pas été amorcée», a-t-il déclaré. Précisant que 166 habitants de la localité de Nabatiyé avaient été tués durant les années d’occupation et que 110 habitations ont été entièrement détruites dans cette même localité à la suite des combats, M. Zein a notamment reproché au gouvernement de n’avoir déployé aucun effort pour développer les plantations de tabac au Liban-Sud. En conclusion, M. Zein a invité le gouvernement à «rendre justice à la population du Sud», notamment en ce qui concerne le développement de la culture de tabac et l’exonération du paiement des factures d’électricité dans une certaine proportion. Paupérisation accrue Prenant à son tour la parole, M. Hussein Hajj Hassan, député de Baalbeck-Hermel, membre du groupe parlementaire du Hezbollah, souligne d’entrée de jeu que le projet de budget revêt, «une fois de plus, comme les années précédentes», un caractère anticonstitutionnel. Rappelant la conception et les objectifs du budget, le député intégriste relève à ce sujet que «cette année aussi, le budget occulte le fait qu’il existe dans le pays des mohafazat et des régions». «La plupart des membres du présent gouvernement ont reconnu, alors qu’ils faisaient partie d’un autre cabinet, que certaines régions (allusion évidente à Baalbeck-Hermel) sont défavorisées et déshéritées. Or, le budget actuel ne fait qu’accroître la paupérisation de ces mêmes régions». Et d’ajouter : «Il existe une faille structurelle dans ce projet de budget. Nous désirons réduire la dette publique et le déficit, mais nous ne faisons rien pour stimuler d’une manière rationnelle et méthodique les secteurs productifs. Nous reconnaissons que le gouvernement a prévu deux mesures positives dans ce projet de budget. Il a alloué ainsi un montant pour favoriser les exportations, de même qu’il a accru, à juste titre, le budget du ministère de l’Agriculture. Mais dans le même temps, le budget n’a pas prévu les mesures complémentaires nécessaires, notamment en ce qui concerne l’irrigation, l’orientation destinée aux agriculteurs et l’écoulement des produits sur le marché». M. Hajj Hassan a réclamé dans ce cadre l’adoption d’un «plan national global» pour développer les secteurs productifs, notamment l’agriculture. L’orateur a souligné sur un ton quelque peu ironique que toutes les régions du pays affirment être déshéritées chaque fois que les députés de Baalbeck-Hermel soulèvent le problème des difficultés auxquelles est confrontée leur région. «Si toutes les zones sont déshéritées et défavorisées, comment expliquer dans ce cas que la dette publique s’élève à près de 26 milliards de dollars, a notamment déclaré, sur un ton sarcastique, le député intégriste. Nous suggérons que les responsables établissent une classification des régions déshéritées et qu’ils décident, par voie de conséquence, quel programme de développement devrait être mis en application. Le gouvernement traite la région de Baalbeck-Hermel avec négligence et désinvolture. Ils nous avaient promis la formation d’un conseil de développement pour la région de Baalbeck-Hermel. Ils ne nous ont accordé qu’une unité administrative au sein du CDR. Cela est inacceptable et tous les habitants et représentants de Baalbeck-Hermel rejettent une telle option». M. Hajj Hassan a indiqué dans ce cadre que les députés de sa région comptaient présenter une proposition de loi allouant un montant de 300 milliards de livres libanaises pour l’exécution de projets de développement bien précis. «Ces projets, a-t-il précisé, ont déjà été étudiés par des organismes étatiques et depuis dix ans, on nous formule des promesses à ce propos, mais ces projets n’ont jamais vu le jour». Après avoir affirmé que la population de Baalbeck-Hermel ne tolérera plus la négligence de l’État à l’égard de sa région, le député intégriste a soulevé le cas des ouvriers de l’Office des eaux de Baalbeck-Hermel «dont certains n’ont pas perçu leurs salaires depuis quatre ou cinq ans». «Les responsables concernés soulignent que pour payer les salaires, il faut récolter les fonds nécessaires, ce qui nécessite que l’eau doit parvenir aux habitations, ce qui implique que l’infrastructure adéquate doit exister, ce qui implique l’exécution de projets, donc le déblocage de fonds, a déclaré M. Hajj Hassan. Or, les fonds ne sont pas débloqués en raison de la négligence du gouvernement. D’où le cercle vicieux dans lequel nous nous débattons». Le député intégriste a déploré, en outre, la situation du réseau électrique dans la localité de Baalbeck. Sur un tout autre plan, le député intégriste a vivement critiqué la politique du gouvernement concernant la MEA, s’étonnant du fait que l’État libanais ait racheté la part d’Air France dans la compagnie nationale alors que cette dernière était déficitaire. M. Hajj Hassan a déploré le fait que le gouvernement ait fait payer «aux plus faibles» la conséquence des pertes de la MEA. Il a réclamé à ce propos la formation d’une commission d’enquête concernant le dossier de la compagnie aérienne. En conclusion, le député intégriste a dénoncé l’attitude du gouvernement portant sur l’utilisation du mazout par certains véhicules de transport public. Kabalan Issa el-Khoury et le déséquilibre interne Pour sa part, M. Kabalan Issa el-Khoury, député de Bécharré, a commencé par mettre l’accent sur la situation délicate que traverse la région. Il s’est demandé à ce sujet si les polémiques que connaît le pays sur la scène politique ainsi qu’au sein du Parlement sont justifiées, eu égard au contexte proche-oriental actuel. «Permettez-moi d’évoquer sur ce plan la phrase du général de Gaulle qui a dit un jour que nous sommes là pour faire l’histoire et non de petites histoires», a déclaré M. Issa el-Khoury. Après avoir affirmé que «l’attitude de certains responsables n’est pas à la hauteur des charges qu’ils assument», le député de Bécharré a souligné que le document d’entente nationale approuvé à Taëf est appliqué «d’une manière sélective, voire anarchique». «Cela n’a fait qu’accroître le déséquilibre, les appréhensions et les failles au niveau de notre équilibre national, a déclaré M. Issa el-Khoury. Le pays a besoin, certes, d’un budget équilibré pour résoudre le problème du déficit. Et de la même façon, le pays a besoin aussi d’un équilibre entre les appréhensions et l’espoir, entre un Libanais et l’autre, de manière à consolider notre édifice national et notre unité interne». Et le député de Bécharré d’ajouter : «Nos relations avec la Syrie ont besoin d’être renforcées et d’être approfondies. Elles doivent faire l’objet d’un dialogue franc et continu, par le biais du président de la République, afin de surmonter les failles et les erreurs qui se manifestent sur ce plan. Dans ce cadre, le redéploiement des forces syriennes a été accueilli avec satisfaction dans tous les milieux libanais. J’ai la conviction qu’un tel repli aura pour conséquence de renforcer et de stabiliser les rapports entre les deux pays». L’intervention de Husseini Dernier à prendre la parole, l’ancien chef du Législatif, Hussein Husseini, a entamé son intervention par une attaque directe contre le gouvernement. «Nous sommes censés débattre du projet de budget, mais ce que nous discutons aujourd’hui ressemble à tout sauf à un budget, a-t-il déclaré. Comme le souligne l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, nous continuons à nous débattre dans le cercle vicieux du déficit et de la dette publique. J’ai hésité à prendre la parole ce soir (hier), mais je me suis décidé, en définitive, parce que je voulais soulever certains problèmes fondamentaux en rapport avec l’entente nationale. Depuis la création du Liban, les Libanais ont eu droit à une patrie, mais ils n’ont pas su édifier un État car ils n’ont pas apporté des réponses aux questions essentielles portant sur les fondements de la patrie. Le Liban est-il une patrie définitive ? Est-il arabe, oui ou non» ? Et M. Husseini d’ajouter sur ce plan : «L’entente nationale (le document de Taëf) est basée essentiellement sur des réponses à de telles interrogations. Elle affirme ainsi que le Liban est une patrie définitive, libre et indépendante. Il est d’allégeance arabe, républicain et parlementaire. Il est fondé sur le respect des libertés, la justice et l’égalité entre les Libanais. L’entente nationale stipule que le critère de toute option ou orientation est l’unité du Liban et la coexistence, basée sur la liberté, la solidarité et l’allégeance envers la patrie. D’où le fait que la patrie jouit de l’existence de cultures et d’un climat de liberté». Après avoir réclamé l’application d’un plan de développement équilibré pour toutes les régions, M. Husseini a rappelé à M. Hariri que l’un des principaux points de sa dernière campagne électorale était le renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire. L’ancien chef du Législatif a souligné à ce sujet qu’il avait présenté en 1987 une proposition de loi en vue de renforcer le pouvoir judiciaire. «La réforme administrative passe par le renforcement du pouvoir judiciaire», a déclaré M. Husseini qui a critiqué les visites effectuées par le ministre de la Justice aux magistrats et aux hauts responsables du pouvoir judiciaire. «Cela est en contradiction avec l’indépendance de la magistrature, a-t-il affirmé. Le salut du Liban ne saurait se concrétiser sans l’existence d’un pouvoir judiciaire indépendant, intègre et équitable».
La séance parlementaire du soir a été marquée essentiellement par l’intervention de l’ancien chef du Législatif Hussein Husseini, qui s’est lancé dans un plaidoyer en faveur du renforcement de l’indépendance de la magistrature, précisant que le salut du Liban est tributaire de l’existence d’un «pouvoir judiciaire indépendant, intègre et équitable». La réunion...