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Actualités - CHRONOLOGIES

Débat budgétaire - Le Premier ministre provoque trois scandales au cours de la réponse du gouvernement - Dure, très dure journée pour Hariri et son cabinet

L’image parle d’elle-même. Rafic Hariri, harcelé – certes légalement, constitutionnellement – par la Chambre, députés comme président. Il a les pommettes rouges, sa voix s’élève, le col de sa chemise et sa cravate l’empêchent, de plus en plus, de respirer : son tic devient compulsif. Sous les lambris de l’hémicycle, comme au-dehors, place de l’Étoile, la journée a été particulièrement dure pour le Premier ministre et son gouvernement. Dehors, plusieurs centaines de manifestants l’ont conspué, insulté : les chauffeurs de taxis-service, les employés de la MEA, les habitants de Baalbeck-Hermel... Dedans, les critiques pleuvent. Saleh Kheir, même si très folklorique, donne le la : «À qui voulez-vous que l’on se plaigne si les responsables eux-mêmes se plaignent ?» L’homme d’affaires et très berriste député de Nabatiyeh Yassine Jaber enchaîne, là où ça fait mal : «Que fait le gouvernement pour attirer les investisseurs ? Que fait-il pour ceux d’entre eux qui sont déjà là ?» Hussein Hajj Hassan, Kabalan Issa el-Khoury ont pris le relais, et puis Hussein Husseini a conclu : «Je pourrais donner à ce budget tous les qualificatifs, tous les substantifs possibles et imaginables. Sauf celui de budget...» Résumant ainsi le sentiment d’un bien grand nombre de ses collègues... Misbah Ahdab, lui, porte l’estocade. Du moins pour le jour des interventions, au cours duquel onze parlementaires se sont déplacés à la tribune – portant ainsi à 71 le nombre total de laïus. Le jeune député de Tripoli avoue, «j’aime le président Hariri», mais, pratiquement, il condamne. «Le gouvernement se doit d’initier un plan de sauvetage, sur lequel on puisse se mettre d’accord. Il faut que l’État mette en place une stratégie tout aussi claire, qui fera l’unanimité parmi les responsables politiques officiels. Et à ce moment-là, rien qu’à ce moment-là, vous pourrez demander au peuple de vous soutenir», a-t-il fait comprendre au gouvernement. En lui assénant ses quatre vérités. En parlant du vide sécuritaire à l’heure du redéploiement syrien. En demandant que les bases des réconciliations entre les trois présidents soient connues de tous. En dénonçant la stagnation de l’assainissement administratif. En évoquant enfin un sujet ultrasensible, et qui provoquera un véritable scandale lors de la réponse du gouvernement par la bouche de Rafic Hariri : le piratage des communications internationales. Parlons-en de cette intervention du Premier ministre. Au cours de laquelle trois scandales ont créé un mini-séisme. Lorsque Rafic Hariri a carrément avoué son impuissance concernant l’application de la loi sur les écoutes, «dans sa mouture actuelle». Le Législatif a été sans pitié – tellement, qu’on avait presque l’impression que l’on tirait sur l’ambulance – tout en respectant le cadre constitutionnel. Les interruptions de la réponse du gouvernement pleuvaient. Nabih Berry, Omar Karamé, Nicolas Fattouche, Boutros Harb et – surtout – le hezbollahi Mohammed Fneich, ainsi que le lahoudien Antoine Haddad, s’en sont donné à cœur joie. Deuxième scandale, celui soulevé par Misbah Ahdab, au sujet des communications internationales : Rafic Hariri, en plein hémicycle, confesse avoir entendu parler, il y a très peu de temps, de vols. Dont serait victime... l’État. Des vols dont le montant aurait pu réduire de façon notable le déficit de l’État. Refusant de donner, hier, le(s) nom(s) des «coupables», il s’est attiré les foudres d’un Boutros Harb sur le point de s’étrangler de rage. Troisième point, enfin, la résiliation des contrats de Cellis et de LibanCell. Dans tous les cas, force est de constater que même en tournant et retournant le problème dans tous les sens, on tombe toujours sur le même constat. Un constat que l’on va finir par croire intrinsèquement immuable. Au centre de toute la vie politique libanaise, il y a la troïka. Et ses conflits internes. Ce qui n’empêchera pas le budget d’être voté, demain. Comme un dernier espoir. Un mot enfin sur les retours. Albert Moukheiber était là, digne, il n’a pas demandé la parole. Walid Joumblatt aussi. Cela faisait depuis le débat de confiance qu’il n’avait pas mis les pieds dans l’hémicycle. Les répliques de chiffonniers tout au long de la réponse du gouvernement et les «approuvé ! approuvé ! approuvé !» du locataire de Aïn el-Tiné l’ont bien fait rire. Ou se désoler. Comme la quasi-majorité des Libanais d’ailleurs. De derrière leur poste de télévision.
L’image parle d’elle-même. Rafic Hariri, harcelé – certes légalement, constitutionnellement – par la Chambre, députés comme président. Il a les pommettes rouges, sa voix s’élève, le col de sa chemise et sa cravate l’empêchent, de plus en plus, de respirer : son tic devient compulsif. Sous les lambris de l’hémicycle, comme au-dehors, place de l’Étoile, la...