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Actualités - CHRONOLOGIES

CULTURE - Un groupe d’énarques a visité la bibliothèque de Pharès Zoghbi - Le livre, pierre angulaire d’un projet - de complexe culturel

Le groupe d’énarques étrangers qui s’était réuni en congrès à Beyrouth le week-end dernier, à l’initiative d’Ena Liban (membre de la confédération des associations d’anciens élèves de l’Ena) – pour débattre, notamment, d’un plan de réforme de l’administration libanaise – ne pouvait que clôturer son séjour par la visite d’un antre de culture : la bibliothèque de Me Pharès Zoghbi, à Kornet Chehwane. L’homme n’est plus à présenter. Ce grand avocat, humaniste et fin lettré, a mis, il y a quelques années déjà, son impressionnante bibliothèque privée à la disposition de tous. Occupant onze pièces de sa demeure, du sol au plafond, ce fonds de plus de cinquante mille ouvrages (traitant de littérature, philosophie, sciences humaines, droit, politique, histoire, art, etc., que les intéressés peuvent consulter sur place ou emprunter sans aucune charge, ni abonnement), constitué depuis 1950, a suivi en quelque sorte l’évolution de la pensée occidentale, à travers les publications françaises. Et cela depuis 1932, l’année de la parution du premier numéro de la revue Esprit, dont Pharès Zoghbi possède la collection intégrale, jusqu’à nos jours. «Cette bibliothèque n’est pas le fruit du hasard», affirme son propriétaire. Elle s’est construite sur des bases classiques et des ouvrages juridiques au tout début des années cinquante, avant de s’ouvrir aux débats d’idées qui ont jalonné la deuxième moitié du XXe siècle. «En 1950, lors de mon premier voyage à Paris, j’ai rapporté avec moi les grands classiques, tels Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, etc.», se souvient Pharès Zoghbi. Des ouvrages représentatifs de l’évolution de la pensée Les années suivantes, ses déplacements s’accroissent, ses lectures se diversifient et suivent le mouvement des idées. «Qui, dans les années cinquante, se partageaient entre marxisme, existentialisme de Sartre, et personnalisme d’Emmanuel Mounier. Des courants “globalement humanistes” que dissèque Jean Lacroix dans son livre intitulé “Les trois grands qui dominent la pensée occidentale”. Dans les années soixante à soixante-dix, ces courants sont ébranlés par le structuralisme, dont Claude Lévy-Strauss et Michel Foucault sont les chefs de file. Ces deux penseurs estiment que l’homme est dominé par des structures internes, qu’il est donc guidé par le hasard et que par conséquent il n’est pas plus libre qu’un animal ou une pierre». «En 1970, poursuit Me Zoghbi, les livres réhabilitent l’idée de l’homme responsable de son destin. C’est à nouveau le retour du sujet. Et, enfin, les deux dernières décennies du XXe siècle ont vu éclore beaucoup d’ouvrages sur l’identité et la culture. L’identité est un problème récent qui se manifeste partout dans le monde et se reflète par conséquent dans les écrits de nombreux auteurs contemporains». Cette bibliothèque, nantie donc d’ouvrages-phare, continue de se doter de toute nouvelle parution pouvant enrichir la réflexion et aider à l’évolution culturelle de la jeune génération. Car, l’objectif de cet érudit est de participer à la sauvegarde de la culture au Liban, en mettant le livre, ce principal outil de connaissance, de communication et de développement, à la portée de tous, et des jeunes en particulier. «Mon projet, a-t-il expliqué à ses visiteurs, est de transformer cette bibliothèque privée en bibliothèque publique au sein de la “Fondation culturelle Pharès Zoghbi”, actuellement en voie de constitution. Et d’y instaurer un institut de culture politique, qui enseignerait comment traduire en actes les principes généraux de politique». Cette bibliothèque, qui resterait de préférence dans la région de Kornet Chehwane et de ses alentours, ferait partie d’un complexe culturel qui comprendrait des salles de conférences, de cinéma, de théâtre ainsi que des espaces de loisirs et de restauration. «On aurait ainsi la possibilité d’accueillir des savants, des écrivains et des artistes étrangers». Le projet, qui n’a besoin pour sa réalisation que d’un partenariat adéquat (avec les municipalités, ou l’État libanais, ou l’ambassade de France, ou encore les associations et fondations étrangères) pourrait ainsi accompagner «la recherche identitaire et culturelle du pays du Cèdre». Avis donc aux personnes concernées.
Le groupe d’énarques étrangers qui s’était réuni en congrès à Beyrouth le week-end dernier, à l’initiative d’Ena Liban (membre de la confédération des associations d’anciens élèves de l’Ena) – pour débattre, notamment, d’un plan de réforme de l’administration libanaise – ne pouvait que clôturer son séjour par la visite d’un antre de culture : la...