Dossier régional - Le Premier ministre rejette le plan Tenet - Concordance de vues totale Hariri-Khatami

Le président du Conseil Rafic Hariri a effectué une visite hier à Téhéran afin de transmettre les félicitations du Liban au président Mohammad Khatami pour sa «grande victoire» aux élections présidentielles. Le chef du gouvernement s’est fait accompagner dans la capitale iranienne par le chef du PSP Walid Joumblatt. Premier dirigeant étranger à rencontrer M. Khatami depuis sa réélection le 8 juin, M. Hariri a été accueilli à l’aéroport par le ministre de l’Habitat Ali Abdolali Zadeh. Dans l’après-midi, MM. Hariri et Joumblatt ont rencontré le président Khatami et le vice-président Hassan Habibi, en présence, côté libanais, de l’ambassadeur du Liban à Téhéran Adnan Mansour et, côté iranien, du vice-ministre des Affaires étrangères Mohammed Sadr, du ministre de l’Habitat et de l’ambassadeur iranien au Liban Ali Sabhani. À l’issue de cette réunion élargie, le chef du gouvernement et le président Khatami ont eu un tête-à-tête d’une vingtaine de minutes. Aucune réunion entre M. Hariri et le guide spirituel de la Révolution islamique, Ali Khamenei, n’était prévue au programme. Les entretiens ont porté sur les relations politiques, économiques et culturelles, ainsi que sur la situation au Liban-Sud et le «renforcement de l’unité» entre l’Iran, la Syrie et le Liban et sur la situation au Proche-Orient. M. Hariri a notamment examiné avec les responsables iraniens les moyens d’éliminer les obstacles bureaucratiques «et autres» qui empêchent les échanges libano-iraniens de prendre plus d’ampleur et des échanges de vues plus intensifs ont été décidés pour arriver à cette fin. Une ébauche d’un accord en ce sens sera dessinée par les responsables iraniens et soumise à l’approbation de Beyrouth. Le chef du gouvernement a réitéré également, devant son hôte présidentiel et les responsables iraniens, sa conviction que l’avenir des relations économiques des pays du Moyen-Orient, et même des pays d’Asie, passe par le développements des liens commerciaux avec l’Europe et le partenariat euro-méditerranéen. De son côté, le président Khatami a répété qu’il souhaite pouvoir visiter «très prochainement» le Liban. Sur le plan politique, une concordance de vues totale a été constatée par les deux hommes . «Les choses sont claires, évidentes», a dit M. Hariri aux journalistes qui l’interrogeaient. Le chef du gouvernement a implicitement rejeté à Téhéran comme «sans perspective» le plan de cessez-le-feu israélo-palestinien du chef de la CIA,George Tenet. «Toute initiative sur la question palestinienne qui s’attache seulement aux aspects sécuritaires ne donne pas de perspective», a déclaré M. Hariri aux journalistes qui l’interrogeaient sur le plan Tenet. «Toute solution, quelle qu’elle soit, dans la région, surtout si elle concerne les Palestiniens, doit être fondée sur des bases politiques, et non de sécurité», a ajouté M. Hariri. «La paix dans la région a été mise à mal par le gouvernement israélien actuel» d’Ariel Sharon, a ajouté M. Hariri. «Le gouvernement Sharon n’est pas pour la paix, il n’est pas pour les résolutions de l’Onu», a-t-il poursuivi. Le dirigeant libanais a affirmé par ailleurs qu’il était «très important qu’il y ait des relations étroites entre la Syrie et l’Iran, et entre l’Iran et le Liban, même s’il y a des différences de régime». «Nous voyons l’Iran comme un pays ami», a-t-il souligné. M. Hariri a toutefois affirmé que la question des hameaux de Chebaa et du calme le long de la frontière israélo-libanaise était «une question d’ordre interne au Liban», qu’il n’a pas abordée avec son interlocuteur. Le sort d’un Libanais de la famille Quaiss appartenant au Baas irakien, et détenu depuis la guerre Irak-Iran (1980-1988), a également été évoqué. MM. Hariri et Joumblatt étaient de retour au Liban à 20 heures .