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Actualités - REPORTAGES

ÉCOLES - Travaux personnels encadrés (TPE) : bilan d’une première année d’expérimentation - Révolution sur la planète éducation

Beaucoup ont dénoncé et dénoncent encore la paralysie du système scolaire, souvent accusé de ne pas savoir s’adapter aux évolutions de la société. En effet, l’accent mis aujourd’hui sur les compétences dans les entreprises et la demande des universités de recevoir en 1re année des étudiants mieux formés ont forcé l’école à revoir sa copie. Nombre de pédagogues considèrent les TPE comme une solution efficace aux maux dont souffrent les établissements scolaires. Depuis ces dernières années, l’école est au centre du débat public. À travers le foisonnement d’essais, d’articles de presse, de discussions, on a bien du mal à saisir ce qui s’y passe réellement. Imaginez-vous retourner à l’école aujourd’hui ! Vous auriez le curieux sentiment d’avoir changé de planète ! Vous ne reconnaîtriez plus la disposition des élèves dans les salles de classe, encore moins les programmes, et surtout les méthodes de travail ! Les défis de l’école Pendant longtemps, la transmission des savoirs s’incarnait dans le cours magistral qui était au cœur de l’identité enseignante. Mais il apparut très vite nécessaire de diversifier les méthodes d’apprentissage, d’utiliser les nouvelles technologies d’information et de communication, d’adopter de nouveaux modes d’évaluation et surtout de pratiquer la transdisciplinarité. Pourquoi cette urgence ? Les élèves ont perdu l’appétit et sont de plus en plus rétifs aux apprentissages qu’on leur impose : la seule finalité de l’école, c’est le diplôme ! Nos élèves affichent ainsi une nette propension à s’inscrire dans une logique d’exécution des tâches sans vraiment percevoir le sens des apprentissages ou l’intérêt culturel des études. Ce rapport utilitaire au savoir produit chez de nombreux élèves des attitudes pragmatiques de calcul de rentabilité de l’effort et des stratégies parfois savantes de maximisation des notes. En outre, l’accroissement exponentiel et prodigieux des connaissances rend inepte l’ambition de l’encyclopédisme. L’école produit des savoirs décontextualisés en cloisonnant les disciplines et interdisant de facto de saisir le sens global de la culture générale que son enseignement prétend pourtant transmettre. Tout le monde s’accorde à dire que l’école ne peut plus être un monde clos, imperméable à son environnement social, politique et scientifique. L’école doit au contraire s’attacher à fournir un sens à ses activités car dans le cas contraire, les élèves se limiteront à faire leur «métier d’élève» en accomplissant de manière parcellaire, cumulative et hétéroclite les tâches qui leur sont demandées. Enfin, l’école privilégie davantage des mécanismes de conditionnement des élèves au détriment de véritables situations de réflexion et de questionnement. Or, dans l’histoire de la connaissance, les intuitions, les découvertes, les hypothèses ont souvent précédé les démonstrations. Au lycée, c’est souvent le contraire qui se produit : on démontre sans qu’il y ait eu questionnement. Il faut attendre plusieurs années dans l’enseignement universitaire pour poser des questions et mettre en œuvre des démarches qui permettent d’y répondre. Les TPE, une pédagogie active C’est dans ce contexte que les Travaux personnels encadrés (TPE) ont pris naissance l’année dernière en France sur un mode expérimental, et ont été généralisés cette année scolaire dans les établissements français et homologués à l’étranger. Au Liban, dans les écoles préparant au bac français, les élèves de 1re ont donc, durant l’année, investi leurs énergies et leurs compétences dans la conduite de projets pluridisciplinaires. Ils ont suivi la démarche suivante : repérage d’un problème concret souvent ancré dans la réalité locale, analyse de ce problème en combinant différentes disciplines, et ce en liaison avec les programmes scolaires, recherche, sélection et analyse des informations, production d’une réponse à travers une expérimentation ou une réalisation, enfin présentation orale devant jury de la problématique et de la réponse obtenue. L’article ci-dessous rend compte de la richesse et de l’originalité des recherches et des productions réalisées par les élèves. Les vertus des TPE semblent évidentes : l’élève seul, et en groupe, agit, explore, enquête, découvre et invente. L’histoire des sciences montre bien que les découvertes et les avancées intellectuelles sont toujours nées de questionnements personnels, d’étonnements, de constats et de problèmes à résoudre. Dans le cadre des TPE, les élèves, en activité, sont désormais en situation de construire eux-mêmes leurs savoirs. L’idée que l’élève doit élaborer lui-même ses savoirs est d’ailleurs largement confirmée par les recherches en psychologie et en sciences de l’éducation (Learning by Doing). Dans ces situations-obstacles, l’élève s’interroge, modifie ses représentations, renonce à ses préjugés et change souvent d’avis, apprend à apprendre, pour finalement élargir ses connaissances. Qu’en pensent les principaux intéressés ? Un sondage, réalisé auprès des 180 élèves de 1re du Collège Notre-Dame de Jamhour, confirme les attentes relatives aux TPE : plus du trois quarts d’entre eux reconnaissent avoir trouvé leur 1re expérience au minimum assez intéressante ; le niveau de satisfaction étant plus prononcé pour les classes littéraires que scientifiques. De même, plus de la moitié d’entre eux ont apprécié la phase de production/réalisation finale. La révolution n’est pas uniquement pour celui qui apprend mais aussi pour ceux qui enseignent et qui varient leurs méthodes, inventent de nouveaux moyens pédagogiques pour ouvrir aux élèves différentes voies d’accès au savoir. Que pensent les enseignants des TPE ? Ils sont presque unanimes : «Les TPE, ça change la vie d’enseignant ! Cela permet de sortir du cadre scolaire classique et de rendre les élèves davantage autonomes…», dit l’un d’entre eux. Alors les TPE, une révolution tranquille sans hoquets ? Certains vous diront : manque de matériel informatique, de ressources documentaires dans les écoles, enseignants eux-mêmes mal formés aux TPE, activité trop dévorante en heures bousculant les matières traditionnelles… Mais on ne progresse pas sans obstacles, n’est-ce pas ? «Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine !», confiait Montaigne. Pourvu que son esprit continue d’inspirer la planète éducation. Enseignant-responsable des TPE
Beaucoup ont dénoncé et dénoncent encore la paralysie du système scolaire, souvent accusé de ne pas savoir s’adapter aux évolutions de la société. En effet, l’accent mis aujourd’hui sur les compétences dans les entreprises et la demande des universités de recevoir en 1re année des étudiants mieux formés ont forcé l’école à revoir sa copie. Nombre de pédagogues...