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Actualités - ANALYSES

La région toujours sous la menace d’une flambée généralisée

Un ancien ambassadeur libanais, humant l’air du temps, se dit très pessimiste quant à l’évolution régionale. Et n’exclut pas, à terme, une flambée généralisée provoquée par le bellicisme évident de Sharon. Cet ex-diplomate se montre sceptique, en premier lieu, quant à la possibilité pour les Occidentaux d’imposer aux Israéliens et aux Palestiniens une cessation durable des hostilités. Il souligne en effet, en homme d’expérience, que rien ne peut garantir la solidité d’une trêve s’il n’y a pas d’abord un consensus sur les principes qui doivent inspirer la reprise des pourparlers. Un tel accord préalable, ajoute cet analyste, semble pratiquement hors de portée, les positions de base des deux parties restant tout à fait inconciliables. Cependant, dans les faits, comme le défi est trop grand pour la nouvelle Administration US, soutenue par la diplomatie européenne comme par l’Onu, il est fort possible qu’elle obtienne un arrêt du cycle de violence dans les territoires. Mais ce serait probablement un cessez-le-feu précaire, comme le Liban en avait tellement connu durant sa sombre période de guerre domestique. Et les affrontements armés reprendraient au bout de quelques semaines, peut-être même de quelques jours, de répit. Une éventualité d’autant plus plausible, selon cette personnalité, que d’ineffaçables divergences éclateraient sans aucun doute dès la reprise des pourparlers israélo-palestiniens. Et le retour au langage du canon risquerait alors, encore plus sérieusement qu’aujourd’hui, de faire tache d’huile. Comme les modérés à l’image de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Arabie séoudite ne cessent d’en exprimer la crainte. Cet ancien ambassadeur souligne que le danger vient surtout de la configuration particulière qu’offre Ariel Sharon dans le paysage politique régional. Cet ancien baroudeur et massacreur, en fin de carrière, n’a plus rien à perdre personnellement et peut se permettre tous les coups bas. Il risque donc de prendre des initiatives forcenées qu’aucun autre homme public israélien n’oserait assumer. Comme défier la volonté de la communauté internationale, de Washington ou de sa propre opinion, qui reste majoritairement favorable au principe de la paix, à en croire les sondages. Sharon ne recule donc devant rien. Il en a d’ailleurs administré la preuve par sa visite de provocation sur l’esplanade de la Mosquée al-Aqsa, coup de tête qui a mis le feu aux poudres. Cependant, on peut relever que Sharon n’est pas complètement libre de ses mouvements. Il est lié par des engagements intérieurs, puisque le cabinet qu’il dirige est le fruit d’une entente avec les travaillistes, bien plus pacifistes en apparence que lui. Il reste toutefois assez puissant pour que les Américains lui laissent une chance de jouer sa carte. C’est-à-dire de tenter de venir à bout de l’intifada. Mais à la double condition de faire vite et de ne pas provoquer une guerre régionale. Car les intérêts vitaux des États-Unis s’en trouveraient fortement compromis. Dès lors, en cas de péril pressant, comme cela s’est du reste déjà produit lorsque les Israéliens ont envahi de nouveau les Territoires, Washington interviendrait fermement, avec le concours de l’Onu. Pour rétablir le calme et pour forcer la reprise des négociations. Aussi bien sur le volet syro-libanais que sur le volet palestinien. De plus, il n’est pas exclu que Sharon, placé devant l’impossibilité d’une fuite en avant par la guerre, ne se satisfasse secrètement d’une trêve que l’Amérique aurait l’air de lui imposer. Car cet homme, qui a juré aux Israéliens, et surtout aux colons, d’assurer leur sécurité et leur tranquillité, n’arrive manifestement pas à mater l’intifada. Ni à protéger les implantations, qui commencent à connaître un fort mouvement de départs, au lieu des arrivées massives qu’il leur avait promises.
Un ancien ambassadeur libanais, humant l’air du temps, se dit très pessimiste quant à l’évolution régionale. Et n’exclut pas, à terme, une flambée généralisée provoquée par le bellicisme évident de Sharon. Cet ex-diplomate se montre sceptique, en premier lieu, quant à la possibilité pour les Occidentaux d’imposer aux Israéliens et aux Palestiniens une cessation...