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Actualités - OPINIONS

La littérature francophone : une discipline à part entière

Quelle est la place de la francophonie au sein de l’éducation ? Dans les universités du pays, la littérature francophone occupe depuis plus d’une dizaine d’années une place non négligeable dans le diplôme de lettres françaises. Interrogés, plusieurs spécialistes appartenant à diverses institutions universitaires du pays ont donné leur avis. À la faculté des lettres de l’Université Saint-Joseph, Mme Katia Haddad, professeur de lettres, a publié un ouvrage sur la littérature francophone de l’Orient. Dans un cours de «Théâtre du XXe», elle fait découvrir à ses élèves Georges Schéhadé. Mme Haddad indique qu’elle ne fait aucune distinction entre la littérature francophone et la littérature hexagonale. «Dissocier les différentes littératures, c’est ajouter à la francophonie une dimension ethnologique. On enlève d’une part la fonction de véhicule culturel, et on empêche d’autre part l’ouverture sur le monde», dit-elle. Mme Claire Jebaily, écrivain, journaliste et professeur de littérature francophone, indique : «Chacun donne à l’existence un sens, une dot qui n’est pas la même pour tous». La différence entre la littérature francophone et la littérature française ? «C’est exactement celle qui existe entre un Libanais et un Français : le corps est semblable mais l’âme n’est pas la même», répond-elle. Mme Jebaily présente les auteurs francophones sous un angle objectif. Mais elle reste avide de surprises : «Je vais à la recherche des écrivains et lorsque je les découvre, ma soif devient plus grande pour les nouveaux venus», explique-t-elle. Adoptant une approche chaleureuse avec ses élèves, elle essaie de «rompre le pain pour émietter le savoir, et créer un lien avec les générations à venir». Un véritable mariage d’amour À l’Université Saint-Esprit de Kaslik, Mme Sophie Salloum, professeur de lettres, explique que, dans son département, la francophonie est séparée en deux disciplines. En deuxième année, dans un cours intitulé «Littérature et culture francophone étrangère», sont évoqués les auteurs négro-africains et les maghrébins. En troisième année, c’est la littérature francophone libanaise qui est enseignée. Non seulement les auteurs francophones, Nadia Tuéni, Fouad Gabriel Naffah, Alexandre Najjar, sont étudiés, mais également les écrivains arabes traduits en français tels que Adonis. L’objectif de Mme Salloum est «de mettre en relief les thèmes relatifs à la francophonie : la tolérance, le cosmopolitisme, les sentiments humains». À l’Université libanaise, Mme Nadia Naboulsi Iskandari, chef de département de la faculté de langue et de littérature françaises de la section 1, évoque souvent avec ses élèves des problématiques francophones : l’émigration, la guerre, l’identité culturelle et la notion d’enracinement. Selon elle, «le style de l’auteur francophone libanais est vraiment exceptionnel dans le sens où il est fondamentalement imprégné de son arrière-plan oriental». Elle insistera sur le choix de ses étudiants : «La littérature francophone est une matière optionnelle du diplôme (5e année), nous avons remarqué le désir spontané des élèves qui ressentent de grandes affinités avec la francophonie», assure-t-elle. L’Université libanaise tente d’ailleurs de multiplier les séminaires et les conférences sur le sujet de la francophonie, confrontant ainsi Occident et Orient. La littérature française du Liban est une partie intégrante du patrimoine culturel. Respectée à l’étranger, ce «mariage d’amour» a fait naître à la langue française de merveilleux enfants : Georges Schéhadé, Andrée Chédid, Vénus Khoury-Ghata et tant d’autres. Actuellement, on peut dire que les institutions universitaires sont réellement conscientes de l’attribution de la francophonie dans le système éducatif et social. Les enseignants évoluent dans l’optique d’une interaction culturelle, mettant ainsi sur un pied d’égalité les différentes littératures.
Quelle est la place de la francophonie au sein de l’éducation ? Dans les universités du pays, la littérature francophone occupe depuis plus d’une dizaine d’années une place non négligeable dans le diplôme de lettres françaises. Interrogés, plusieurs spécialistes appartenant à diverses institutions universitaires du pays ont donné leur avis. À la faculté des lettres...