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Actualités - CHRONOLOGIES

CANONISATION - « Fête de la sainteté » hier au Vatican - Rafqa élevée à la gloire des autels

À la seule mention du nom de sainte Rafqa, première sainte du Liban et du Moyen-Orient, lors de la cérémonie de canonisation qui a eu lieu hier place Saint-Pierre au Vatican, on aurait dit qu’un frisson parcourait l’audience, matérialisé par des drapeaux agités par des milliers de Libanais. L’émotion était intense au moment où le pape Jean-Paul II, qui présidait la cérémonie, a déclaré saints les cinq bienheureux, au milieu de la clameur et des applaudissements du public. Ils étaient plus de 10 000 Libanais à avoir répondu à l’appel, venus parfois de fort loin pour participer à cette «fête de la sainteté» comme l’a appelée le Saint-Père lui-même. Dès les premières heures de la matinée, la foule commence à affluer vers la place Saint-Pierre, qui s’emplit vers dix heures, au début de la messe. Plus de 20 000 chaises sont placées dans la grande esplanade, alors qu’un millier d’autres sièges attendent les officiels à droite et à gauche de l’autel. Entre les deux, des places sont réservées à un groupe d’handicapés. Le public libanais, largement dominant, est reconnaissable aux casquettes blanches à l’effigie de la sainte, aux T-shirts et aux foulards noués autour du cou. Une joie et une émotion indicibles sont inscrites sur les visages. Tous tiennent en main des drapeaux libanais, parfois accompagnés des drapeaux du Vatican et de Bkerké. On peut lire sur une banderole : «Béni soit le pays qui engendre le patriarche Sfeir». Seul signe de présence d’un parti politique : des drapeaux des Forces libanaises qui apparaissent ici et là. Tous les officiels libanais présents à Rome sont évidemment là : Mme Andrée Lahoud, représentant le chef de l’État, les députés Boutros Harb, Sayed Akl et Abbas Hachem, représentant le Parlement, le ministre Pierre Hélou représentant le chef du gouvernement, l’ancien président Amine Gemayel et son fils, le député Pierre Gemayel, l’épouse du vice-Premier ministre Hala Issam Farès, ainsi que le député chypriote maronite, Anthony Hajji-Roussos. Sans compter une présence massive des ordres religieux, dont le patriarche syriaque Ignace Boutros Abdel-Ahad et le président de la Congrégation des Églises orientales, Mgr Moussa Ier Daoud. Après la lecture des biographies des cinq saints, l’arrivée des assistants du pape lors de la cérémonie – parmi lesquels le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, et le supérieur général de l’Ordre des moines maronites, l’abbé Athanassios Jalkh, et plusieurs évêques libanais – soulève un flot d’applaudissements. Un enthousiasme encore plus grand accompagne l’entrée du pape qui gagne l’autel d’un pas lent et fatigué, mais dégageant ce même charisme qui remue invariablement les foules. Sous le signe de la Sainte-Trinité C’est sous le signe de la Sainte-Trinité, dont la fête coïncide avec la canonisation, que le pape Jean-Paul II place la cérémonie, et c’est avec le mystère de la Sainte-Trinité qu’il choisit de commencer son homélie, «ce mystère d’amour, ce mystère d’ineffable sainteté». Le plus frappant dans l’homélie du pape est que le seul passage où il fait une allusion politique est celui consacré a la nouvelle sainte libanaise : «Puisse sainte Rafqa veiller sur ceux qui connaissent la souffrance, en particulier sur les peuples du Moyen-Orient affrontés à la spirale destructrice et stérile de la violence ! Par son intercession, demandons au Seigneur d’ouvrir les vœux à la recherche patiente de nouvelles voies pour la paix, hâtant les jours de la réconciliation et de la concorde». Le Saint-Père a par ailleurs insisté sur le don de soi et la patience face à la souffrance qui ont caractérisé sainte Rafqa. «En canonisant la bienheureuse Rafqa Choboq ar-Rayess, l’Église éclaire d’une manière toute particulière le mystère de l’amour donné et accueilli pour la gloire de Dieu et le salut du monde», dit-il. «Cette moniale de l’Ordre libanais maronite désirait aimer et donner sa vie pour ses frères. Dans les souffrances qui n’ont cessé de la tourmenter durant les vingt-neuf dernières années de son existence, sainte Rafqa a toujours manifesté un amour généreux et passionné pour le salut de ses frères, puisant dans son union au Christ, mort sur la Croix, la force d’accepter volontairement et d’aimer la souffrance, authentique voie de sainteté». Atmosphère de joie La déclaration de la sainteté des cinq bienheureux par le souverain pontife, un moment d’intense émotion qui fait monter les larmes aux yeux de bien de pèlerins, intervient après une demande officielle formulée par le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal José Martines Saraera. Les postulateurs des dossiers, dont le père Paul Azzi (qui s’est chargé de l’affaire de sainte Rafqa), se tiennent derrière lui. À ce stade, les reliques des cinq saints sont offertes au pape. Celle de sainte Rafqa, contenant ses os, est portée par mère Marie-Claude Eid, supérieure de l’Ordre des religieuses maronites au Liban. À 11 heures, le chœur du Vatican fait place à la chorale de Kaslik, dirigée par le père Louis Hajj. La voix profonde du père Antoine Achkar emplit la place, récitant des litanies maronites traditionnelles. Au nom des cinq bienheureux, des cadeaux sont offerts au pape : du Liban, six habits brodés à l’ouvroir du couvent Saint-Joseph de Jrebta sont portés par sœur Mélanie Maksoud et sœur Hanné Abi Ramia, un tapis fait main est présenté par la miraculée Céline Rbeiz et un plateau en or avec l’image du Saint-Père et de sainte Rafqa, offert par l’ingénieur Raymond Semaan. Après avoir reçu la bénédiction du pape en fin de cérémonie et l’avoir salué lors de son passage parmi la foule, les pèlerins se sont éloignés de la place, le sourire aux lèvres et avec la conscience d’avoir assisté à un événement exceptionnel. Dans certains recoins du Vatican, certains ont même choisi de célébrer à la libanaise, avec des «zalaghites» et des «mawals», la canonisation de leur nouvelle sainte.
À la seule mention du nom de sainte Rafqa, première sainte du Liban et du Moyen-Orient, lors de la cérémonie de canonisation qui a eu lieu hier place Saint-Pierre au Vatican, on aurait dit qu’un frisson parcourait l’audience, matérialisé par des drapeaux agités par des milliers de Libanais. L’émotion était intense au moment où le pape Jean-Paul II, qui présidait la...