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Actualités - ANALYSES

Tiraillements interprésidentiels - Le système Taëf, un fiasco confirmé

Toujours des disputes qui paralysent les institutions, en aggravant les difficultés économiques d’un pays à la dérive. Et toujours la même question : est-ce la faute aux textes, aux protagonistes ou à la mentalité ambiante ? Est-il raisonnable, est-il décent, de ne colmater les brèches qu’en faisant intervenir la Syrie ? Le prologue de la présente Constitution libanaise, issue de Taëf, stipule (alinéa E) que le système doit reposer «sur le principe de la séparation des pouvoirs, de leur équilibre et de leur coopération». C’est bien beau. Mais il n’existe pas de suivi. Pas de décrets d’application donnant un sens concret à ces généreuses dispositions générales. Si on ne peut en demander autant à la Constitution elle-même, qui est par nature condensée, on se demande par contre pourquoi les accords fondateurs de Taëf n’ont pas veillé au grain. Et n’ont pas précisé ces indispensables détails de procédure qui permettent à une république de fonctionner. Du fait de ces lacunes, on constate qu’il n’y a ni séparation, ni équilibre, ni coopération des pouvoirs comme l’ordonne la loi fondamentale. En lieu et place, le Liban a eu droit à cette aberration qui a pour nom troïka. Que ses propres membres dénoncent à tour de rôle, mais sans y renoncer. Ils sont en effet pris dans un engrenage de rapports de force et d’influence inévitable en l’absence d’un organigramme bien défini. En d’autres termes, leur comportement est dicté par la seule règle qui subsiste : le partage du gâteau. Parfois à couteaux tirés, parfois à l’amiable. Un cirque auquel les dirigeants ne peuvent échapper. Car, même avec la meilleure volonté du monde, ils se retrouvent obligés sinon de défendre leurs acquis personnels, du moins de veiller à la sauvegarde ou à l’amélioration des intérêts divers, communautaires ou autres, qu’ils représentent. Sans compter qu’ils sont porteurs de projets politiques ou économiques distincts, pour ne pas dire contradictoires. Pour compliquer les choses par une simplification paradoxale, le système de la troïka est accusé de monopoliser le principe de la participation et de pomper l’air, en les privant de tout pouvoir réel, des autres forces politiques qui comptent dans le pays. Un tel constat global ne date pas d’aujourd’hui. Et la conclusion, qui saute aux yeux, avait déjà été tirée en son temps par le régime Hraoui : il faut réviser, et préciser, le système. Donc retoucher la Constitution. Il est nécessaire d’établir des mécanismes pointus pour assurer à la fois la séparation et la coopération des pouvoirs. Ou alors se rabattre sur un système qui a fait ses preuves ailleurs, comme le régime présidentiel à l’américaine ou semi-présidentiel à la française. Ce qui est étrange, c’est que, dès le départ, la quasi-totalité des composantes politiques du pays avaient souligné l’aspect «éphémère» des accords de Taëf. En relevant que ce document, établi dans l’urgence pour donner un coup d’arrêt aux hostilités domestiques, restait largement perfectible sur le plan institutionnel. Mais jamais rien n’a été fait pour corriger la trajectoire. Les récents développements viennent en tout cas montrer que si l’esprit démocratique, quand même contenu dans Taëf, ne peut vraiment pas être respecté, il faut adopter un système plus cohérent, qui permette au pouvoir de n’avoir qu’une tête. Et de ne plus avoir à courir après les médiations de rabibochage, généralement assumées par la direction syrienne. Il y va de l’intérêt de la nation comme de l’État. Mais qui s’en soucie ?
Toujours des disputes qui paralysent les institutions, en aggravant les difficultés économiques d’un pays à la dérive. Et toujours la même question : est-ce la faute aux textes, aux protagonistes ou à la mentalité ambiante ? Est-il raisonnable, est-il décent, de ne colmater les brèches qu’en faisant intervenir la Syrie ? Le prologue de la présente Constitution libanaise,...