LIVRE - « Définitions et Compositions » de Raja Choueiri

Raja Choueiri aime faire part de ses réflexions et de son enthousiasme pour certains auteurs ou certaines régions du Liban comme pour d’autres thèmes universels : il a déjà ainsi publié Charles Malek, discours, droits de l’homme et l’Onu ; Deir al-Qamar et Fakhreddine ; Bcharré, Gibrane et le gibranisme ou encore Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle montagne inspirée. Dans Définitions et Compositions, il livre le fruit de ses pensées, réparties en quatre chapitres : Éthique, Définitions, Histoire et Imaginaire. D’Internet au chapelet en passant par Napoléon ou une évocation du brouillard, Raja Choueiri raconte, commente, s’interroge et s’inquiète. Certains de ses textes constituent une récapitulation intéressante sur un sujet donné et sont truffés, pour les amateurs, de citations avec origines étymologiques. L’auteur a un talent certain de clarté et d’approche synthétique : avec lui, le lecteur peut comprendre en quelques paragraphes ce que représentent un chapelet ou la Sublime Porte. En somme, Définitions et Compositions, avec son écriture accessible et son intention clairement pédagogique, constitue une excellente introduction à des sujets culturels d’ordre général. Nous en publions ici quelques extraits : «La vue même d’un échiquier induit la pensée de la confrontation toujours latente. Noirs et blancs ? C’est donc noirs contre blancs, sinon, ils auraient été tous blancs ou tous noirs. Le manichéisme de la pensée trouve là sa signature la plus ancienne. Somme toute, c’est pour une grande part un jeu assez cruel, un jeu de corsaires et de condottiere, de prise et de butin, que le jeu des pièces sur l’échiquier. Introduction à la guerre ou conclusion à celle-ci ? Entraînement à la vraie bataille, ou substitution courtoise et adoucie à celle-ci ?» («Échiquier» dans la partie «Définitions»). «L’argumentaire dit ceci : il y a une violence latente et une violence patente. La violence latente attire la violence patente. Avant de condamner juridiquement et moralement l’une, il convient de prendre en compte l’autre. Mais si nous accordons cela, nous pénétrons sur les sables mouvants de la subjectivité la moins rationnelle et la plus sensible aux mouvements d’affolement collectif (…) Au nom de l’autodéfense, on peut perpétrer des crimes de la pire espèce ; seront-ils allégés pour autant qu’on a dit qu’on ne faisait que se défendre ?» («Torts de guerre» dans la partie «Éthique»).