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Actualités - CHRONOLOGIES

Environnement - Les habitants du quartier se mêlent de la partie - Greenpeace interrompt les activités de l’incinérateur - de l’Hôtel-Dieu pour une journée

Une protestation de Greenpeace contre l’incinérateur de l’Hôtel-Dieu a eu des échos très favorables auprès des voisins de l’hôpital, qui se sont regroupés durant toute la journée d’hier pour appuyer les jeunes membres de l’organisation écologique internationale, enchaînés à l’incinérateur pour en interrompre le fonctionnement. Dès 7h, en effet, Greenpeace était arrivée sur place. Zeina al-Hajj, chef du bureau de l’organisation, a d’emblée affirmé sa volonté de ne pas quitter les lieux avant d’avoir obtenu une décision de fermer l’incinérateur. Des pourparlers ont été engagés avec l’administration, mais n’ont pas abouti à un accord. La direction de l’hôpital a convoqué les forces de l’ordre, en se réservant le droit de porter plainte pour entrée par effraction dans un terrain privé. Les militants de Greenpeace, refusant tout compromis, ont été embarqués par les gendarmes vers 16h20, mais pour être relâchés très peu de temps après. Hier, alors qu’un groupe de militants de Greenpeace était enchaîné à l’incinérateur de l’Hôtel-Dieu, un autre groupe tenait des bannières sur lesquelles on pouvait lire : «Des déchets hospitaliers y rentrent, des déchets toxiques en sortent». Des sacs contenant des déchets hospitaliers destinés à être incinérés étaient amoncelés sur place. Les bannières ont failli être déchirées par des employés qui ont également tenté d’arracher son appareil à un cameraman. Selon Greenpeace, «l’incinération dégage des matières cancérigènes comme la Dioxine, et devrait être remplacée par des méthodes plus sûres comme la décontamination». Ce n’est pas l’avis de la direction de l’Hôtel-Dieu dont le directeur, M. Joseph Ottayek, donne le point de vue de l’hôpital : «Nous leur avons déjà expliqué que nous avons un problème de déchets dangereux au Liban. Mais il devrait être résolu par le ministère de l’Environnement. Il existe aujourd’hui un grand projet pour une solution globale, qu’elle se matérialise par un incinérateur ou par une tout autre méthode. Nous l’attendons depuis des années mais ne pouvons, entre-temps, jeter des déchets pareils dans la rue !» Nous n’avons pu joindre le directeur général du ministère de l’Environnement pour de plus amples informations sur le sujet, mais avons demandé son avis à M. Naji Kodeih, expert du ministère. «Tous les incinérateurs en exercice dans les hôpitaux du Liban travaillent sans permis et ne répondent pas aux critères», explique-t-il. «Mais pouvons-nous en interrompre l’activité si nous n’avons pas d’alternative ? La seule solution satisfaisante devrait être globale, au niveau de tout le Liban. Or le projet traîne en longueur. Ce mouvement de Greenpeace devrait inciter le gouvernement de mettre cette affaire au rang de ses priorités». Pour sa part, le mohafez de Beyrouth, M. Yacoub Sarraf, à qui incomberait la responsabilité de fermer un incinérateur le cas échéant, affirme à «L’Orient-Le Jour» que «la direction de l’Hôtel-Dieu devrait modifier son site de traitement des déchets de façon imminente, et je devrais être notifié du calendrier dans les 48 heures qui suivent». Quant à M. Ottayek, face aux protestations des habitants regroupés sur place, il déclare : «Cet incinérateur est spécialement conçu pour les déchets hospitaliers. Les critères ont été posés par la France. Nous nous assurons de la bonne marche de l’appareil par un entretien régulier. Quand vous avez porté plainte auprès du parquet, une enquête approfondie a suivi, pour montrer que la fumée de cet incinérateur ne nuit pas à la santé». C’est là que sa voix s’est perdue dans la foule des habitants du quartier qui criaient leur révolte, et que le dialogue a été interrompu. «Nous ne pouvons ouvrir les fenêtres en été parce que notre maison donne non seulement sur l’incinérateur, mais aussi sur les trois moteurs dont l’un au moins est continuellement en marche», disent-ils. «Tout est noir de suie à la maison. Nous avons porté plainte auprès de toutes les instances concernées, notamment le bureau des plaintes à la présidence de la République, sans résultat. » Ils parlent «de très nombreux cas de maladies (asthmes, cancers…) dans le quartier». Entre Greenpeace et l’administration de l’hôpital, le dialogue ne tarde pas non plus à s’interrompre. Zeina al-Hajj rencontre le procureur général de Beyrouth à la demande de ce dernier, mais refuse de quitter les lieux volontairement avec ses jeunes militants. Les forces de l’ordre arrivent sur place en matinée, mais ce n’est qu’après seize heures qu’ils décident d’embarquer les militants, pour les relâcher après avoir pris leurs dépositions, gérant l’affaire avec beaucoup de patience et de compréhension.
Une protestation de Greenpeace contre l’incinérateur de l’Hôtel-Dieu a eu des échos très favorables auprès des voisins de l’hôpital, qui se sont regroupés durant toute la journée d’hier pour appuyer les jeunes membres de l’organisation écologique internationale, enchaînés à l’incinérateur pour en interrompre le fonctionnement. Dès 7h, en effet, Greenpeace était arrivée...