Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Chebaa, un dossier explosif au statut juridique controversé

Bien sûr la confrontation israélo-palestinienne focalise l’attention inquiète des Occidentaux et, accessoirement, de l’Onu. Chaque jour qui passe, pour reprendre le cliché de M. Farouk el-Chareh, complique la situation dans les Territoires. Mais, tout comme Nasser attendait en 67 les Israéliens à l’Est et qu’ils l’ont débordé par l’Ouest (ou l’inverse), la guerre pourrait bien commencer ailleurs qu’en Palestine. Car, chaque jour qui passe, les Israéliens ont désormais pris l’habitude de menacer directement les Syriens de les frapper au Liban. Mais Damas et Beyrouth ne retirent pas leur appui à la Résistance libanaise, ni à l’intifada. Et les deux capitales peuvent (plus ou moins) compter de leur côté sur ce soutien général arabe promis par la Ligue. Dont les ministres des Affaires étrangères, réunis en session extraordinaire au Caire, ont décidé d’interrompre tout contact diplomatique avec les Israéliens tant qu’ils continuent à massacrer les Palestiniens. Cependant, répétons-le, ce conflit en circuit fermé risque moins de provoquer une guerre généralisée que d’éventuelles frictions israélo-syriennes. On revient donc à la question de Chebaa. Et à la controverse juridique sur la libanité de cette enclave. Très officiellement, M. Roed-Larsen, délégué du secrétaire général de l’Onu, vient de répéter à la télévision que Chebaa est une terre syrienne, reliée au Golan. Soumise dès lors à la 242 et non à la 425. Beyrouth affirme pour sa part qu’il dispose de toutes les preuves voulues établissant sa souveraineté sur cette zone. Sans toutefois expliquer pourquoi il n’a pas encore réussi à en obtenir l’homologation au Palais de Verre. Selon plusieurs juristes, dont nombre de parlementaires libanais, la procédure à suivre est à deux leviers. Il faut d’abord que le Liban et la Syrie cosignent un traité cartographié de leurs frontières mutuelles définitives. Et qu’elles le communiquent ensuite conjointement à l’Onu, pour que le Conseil de sécurité prenne une résolution faisant passer Chebaa de la 242 à la 425. Pourquoi cette démarche n’a-t-elle pas été accomplie? «Tout simplement, répond un spécialiste, parce que la Syrie n’admet la libanité de Chebaa que du bout des lèvres. Aujourd’hui, cela lui convient, mais elle pourrait se rétracter demain. En réalité, cette zone, les Syriens n’ont cessé de la revendiquer depuis les années quarante. Avant l’invasion israélienne, ils y disposaient même d’un poste de police. Mais Chebaa n’est pas le seul point de la carte commune qui soit mal défini. Et ce contentieux frontalier prendrait des années sans doute pour être réglé, car il implique des intérêts importants, d’ordre hydraulique notamment. Donc, le Liban et la Syrie n’ont pas le temps de cosigner un nouveau traité de tracé». Un effort va quand même être fait dans ce sens. En effet, une source informée croit savoir que les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont décidé de réunir deux équipes d’experts géographes, historiens, juristes et topographes, pour débroussailler un peu le dossier. Un objectif un peu difficile à atteindre dans la mesure où aucun travail de terrain ne peut être accompli dans les zones occupées par l’ennemi. Mais l’Onu laisse entendre qu’elle se contenterait de tout document cosigné dans un bureau par les deux États arabes voisins. Jusqu’à présent, elle ne dispose en effet que de deux notifications séparées. L’une, étayée de cartes, adressée par le Liban ; et l’autre se résumant à une simple missive portant la signature du délégué syrien au Palais de Verre. Il reste à souligner que même si le Liban devait juridiquement obtenir gain de cause, son droit à la résistance armée pour la récupération de quoi que ce soit, et a fortiori pour la libération de ses ressortissants détenus en Israël, est contesté par l’Occident. On sait en effet que l’ambassadeur américain, M. David Satterfield, a abruptement affirmé que le Liban a approuvé la ligne bleue. Autrement dit, qu’il a reconnu, sous le gouvernement de M. Sélim Hoss, que la 425 a été appliquée du côté israélien.
Bien sûr la confrontation israélo-palestinienne focalise l’attention inquiète des Occidentaux et, accessoirement, de l’Onu. Chaque jour qui passe, pour reprendre le cliché de M. Farouk el-Chareh, complique la situation dans les Territoires. Mais, tout comme Nasser attendait en 67 les Israéliens à l’Est et qu’ils l’ont débordé par l’Ouest (ou l’inverse), la guerre pourrait...