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Actualités - ANALYSES

L’objectif syro-libanais : soutenir l’intifada, mais sans donner de prétexte à Sharon…

Les «concertations» beyrouthines de M. Farouk el-Chareh ont débouché sur un accord de stratégie complexe, sinon contradictoire. Il s’agit en effet, indique une source informée, de «soutenir l’intifada par tous les moyens», mais en veillant quand même «à n’offrir à Sharon aucun prétexte pour lancer une guerre de diversion» sur le front syro-libanais. Ou plutôt libano-syrien, puisque c’est le territoire de ce pays qui servirait de théâtre d’opérations, et de destructions, le cas échéant. Sharon, ajoute cette source, «attend, espère, souhaite que le Hezbollah lui tue encore quelques soldats à Chebaa ou ailleurs. Les Israéliens frapperaient alors derechef les positions syriennes au Liban. Le Hezbollah, dans ce scénario que le Premier ministre israélien imagine sans doute, répliquerait alors par des katiouchas sur la Galilée. Et ce serait le coup d’envoi d’une guerre généralisée, qui permettrait au chef du Likoud de se dégager de l’impasse de l’intifada. Qui constitue pour lui un piège durable». Mais en quoi l’ouverture d’un nouveau front calmerait le jeu en Cisjordanie ? «C’est simple, répond la personnalité citée, comme en 1956 pour la guerre de Suez ou comme en 67 pour la guerre des Six-Jours, une fois les hostilités déclenchées à large échelle, les Américains, l’Onu et les Occidentaux se précipiteraient pour imposer une trêve. Qui s’étendrait du même coup aux Territoires, du moment qu’ils constituent le détonateur de l’explosion». Cette source pense que «Sharon est pressé. Il sait que le facteur temps joue toujours contre Israël. Qui a besoin de guerres-éclair, pour imposer les faits accomplis qui lui conviennent». Et de répéter que «le nouveau gouvernement israélien cache à peine son jeu. Il est très évident qu’en annonçant qu’il change les règles du jeu et compte désormais s’en prendre à la Syrie, qu’il bombarde d’ailleurs de menaces quotidiennes, c’est dans la perspective de parvenir à déclencher une guerre généralisée. Or la Syrie, souligne cette personnalité libanaise, a toujours indiqué de son côté qu’elle ne laisserait pas l’ennemi décider du timing ou du site de la confrontation. D’autre part, Damas estime que la prolongation de l’intifada sans diversion affecte fortement Israël, intérieurement miné par ce facteur». C’est ce point que M. Chareh a voulu sans doute mettre en exergue en déclarant que «chaque jour qui passe dessert Israël. D’autant que les Occidentaux découvrent, chaque jour qui passe, que le gouvernement de Sharon est dangereux non seulement pour la paix au Proche-Orient mais également pour la stabilité d’une partie sensible et importante du monde». Pour en revenir à la personnalité libanaise informée, elle signale que le président Bush a instamment prié le président Assad d’œuvrer à calmer le jeu dans la région et plus particulièrement à la frontière libano-israélienne. En précisant qu’aucune des parties sur lesquelles la Syrie a de l’influence ne devrait provoquer des hostilités. Le chef de la Maison-Blanche, ajoute cette source, aurait rassuré le président syrien en lui affirmant que les États-Unis savent comment agir avec Israël au cas où ce pays commettrait des agressions en premier. Quant au président Assad, il pense, selon la même personnalité, qu’une prolongation de l’intifada mettrait Sharon devant l’alternative suivante : soit perdre le pouvoir, comme Netanyahu et Barak avant lui ; soit accepter de reprendre les négociations en base des principes de Madrid. Le chef de l’État syrien, ajoute cette source, est résolu pour sa part à ne pas permettre à Sharon de s’en tirer par une guerre de diversion. Et de préciser qu’en raison du déséquilibre des rapports de force stratégiques, la Syrie n’a en tout cas pas intérêt à une telle confrontation militaire. Il reste cependant à savoir si le Hezbollah partage cette optique générale, qui implique en principe de sa part une nette retenue sur le terrain. D’autant qu’on voit mal comment, à part l’utilisation de cette formation, la Syrie et le Liban peuvent soutenir activement l’intifada comme ils s’y engagent.
Les «concertations» beyrouthines de M. Farouk el-Chareh ont débouché sur un accord de stratégie complexe, sinon contradictoire. Il s’agit en effet, indique une source informée, de «soutenir l’intifada par tous les moyens», mais en veillant quand même «à n’offrir à Sharon aucun prétexte pour lancer une guerre de diversion» sur le front syro-libanais. Ou plutôt libano-syrien,...