Droits de l’homme - Crédit de 80 milliards pour la réhabilitation des geôles - Cinquante-quatre prisonniers sur 35 mètres carrés

Les membres de la commission parlementaire des Droits de l’homme ont poursuivi samedi leur tournée des centres carcéraux au Liban et inspecté les locaux des prisons de Zahlé, de Baalbeck et de Kobbé. À Zahlé et à Baalbeck, le président de la commission Marwan Farès, les députés Youssef Maalouf et Mohammed Ali Meiss ainsi que le mohafez de la Békaa Milad Kareh ont entamé leur tournée par une rencontre avec le directeur de la prison de Zahlé. Selon celui-ci, la prison de Zahlé «compte 213 détenus au lieu des 150 initialement prévus». «Face à ce problème de surpeuplement, a-t-il souligné, nous avons dû en transférer un certain nombre à Rachaya, mais nous continuons à en recevoir d’autres, venus de Roumié, alors que la superficie totale de la prison est de 176 mètres carrés». Ce qui revient à dire que la population carcérale est de 1,2 détenu au mètre carré. Plus précis, le député de Zahlé Youssef Maalouf a indiqué que le centre pénitentiaire de la ville est composé de 6 cellules de 35 mètres carrés abritant 54 prisonniers chacune. En d’autres termes, la moyenne est de 1,5 prisonnier au mètre carré. Les membres de la commission parlementaire étaient unanimes à dénoncer le surpeuplement et l’insalubrité des lieux. À l’issue de la visite, le député Marwan Farès a insisté sur la nécessité de parer aux problèmes du surpeuplement des prisons par le biais d’une nouvelle loi, actuellement à l’étude au Parlement et destinée à accélérer les jugements et donc à réduire la durée des arrestations préventives. M. Farès a précisé que la population carcérale totale s’élève à 7 230 personnes dont 2 500 seulement ont été jugées et condamnées, alors que toutes les autres sont maintenues en détention préventive. Il a également annoncé qu’un crédit de 80 milliards de livres libanaises est prévu pour la construction et la réhabilitation des prisons. Même situation à la prison de Baalbeck où la délégation parlementaire s’est ensuite rendue, accompagnée des députés de la région Ghazi Zeayter et Nader Succar. Commentant la tournée, M. Farès a estimé que «le pays a besoin de nouvelles prisons car celles de Roumié et de Rachaya, à titre d’exemple, ne peuvent être réhabilitées». «Concernant la prison de Baalbeck, elle n’est pas surpeuplée et n’abrite que 75 détenus, dont 38 ont été jugés et condamnés alors que 37 autres s’y trouvent en détention préventive», a-t-il ajouté. Il a relevé qu’un traitement décent est réservé aux prisonniers et a conclu en affirmant que «la prison est destinée à réhabiliter les gens, non à développer la criminalité». La presse interdite de visite Une autre délégation, groupant les députés Nayla Moawad, Atef Majdalani, Mohammed Kabbara, Kayssar Moawad et Sayed Akl, a visité la prison principale de Kobbé, à Tripoli. Les membres de la délégation ont entamé leur tournée par une visite au mohafez du Liban-Nord Nassif Kalouche avant de se rendre au siège de l’Ordre des avocats à Tripoli où ils ont été accueillis par le bâtonnier Georges Mourani. Dans son allocution, Me Mourani a précisé que l’Ordre a désigné une commission de 25 avocats dont le rôle sera d’assurer la défense d’office des accusés démunis, à l’exception toutefois de ceux qui constituent un danger pour la sécurité publique. Me Mourani a également dénoncé les mauvais traitements subis par les ressortissants étrangers à la prison de Kobbé ainsi que le principe de la détention préventive en attendant le jugement. Les parlementaires ont ensuite visité la prison et écouté les doléances des détenus. Il est à noter que les journalistes ont été empêchés de visiter les locaux du centre pénitentiaire, «sur instructions du ministre de l’Intérieur». À l’issue de la visite, Mme Moawad a déploré les conditions de vie des prisonniers et relevé le nombre «déraisonnable» de personnes incarcérées dans une même cellule. De son côté, M. Kayssar Moawad a précisé que parmi les 753 personnes détenues à Kobbé, seules 150 avaient été jugées et condamnées, alors que les autres se trouvent en détention préventive dans l’attente d’un jugement, ajoutant que cette prison servait autrefois d’écurie.