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Actualités - BIOGRAPHIES

RENCONTRE - Ghada Ghanem chantera demain, à 19 heures, à la Savonnerie de Saïda - La voix des émotions

Une tradition tenace domine le domaine lyrique libanais : il n’est absolument pas recommandé (ce qui veut dire techniquement impossible) de travailler en même temps les répertoires orientaux et occidentaux. Autrement dit, une chanteuse de «mouachahat» ne pourra jamais interpréter «Aïda» et vice-versa. Il faut choisir. Et Ghada Ghanem a choisi les deux. La jeune soprano, formée au chant au Liban puis, à partir de 1988 et jusqu’en 1998, aux États-Unis, raconte son parcours atypique : «En arrivant à Houston, au Texas, on me fait constater que j’avais été formée pour être soprano dramatique alors que j’étais plutôt lyrique (pour des rôles comme celui de Mimi dans «La Bohême» ou de Tosca)». Elle s’adapte facilement à la méthode américaine qui, selon elle, «sait respecter la personnalité de chaque chanteur, qui est parfaitement libre de ses choix» et «se caractérise comme un travail progressif de la voix». touche d’exotisme En 1991, elle interprète Barbarina, un petit rôle dans Les Noces de Figaro à l’opéra de Houston, aux côtés du baryton anglais Thomas Allen et d’une certaine Renée Fleming, qui commençait alors la carrière internationale qu’on lui connaît aujourd’hui. «Thomas Allen s’est approché de moi et m’a affirmé que j’avais du caractère», se souvient-elle en souriant. «J’ai été très étonnée et flattée qu’un professionnel comme lui m’ait repérée». Puis, entre la possibilité d’être engagée par un théâtre ou poursuivre une carrière indépendante en chantant lors de récitals et au sein de formations, Ghada Ghanem, vu son statut de Libanaise, a choisi la seconde option. En 1993, elle quitte Houston pour New York. Elle trouve un poste à l’Onu où sa formation juridique, entamée et interrompue au Liban, lui est utile. Et c’est au cours des nombreuses auditions auxquelles elle participe qu’elle prend conscience de sa particularité : «Toutes les sopranos chantaient dans leur langue», explique-t-elle. «D’une certaine manière, c’était une touche d’exotisme et j’ai pris conscience du bagage oriental dont je n’étais pas pourvue». Interprète du cœur La «Libanaise», comme on la qualifiait pour la différencier de «la Chinoise» ou de «l’Italienne», rencontre alors Simon Chahine, oudiste libanais fondateur du Near Eastern Music Ensemble. Il lui apprend la technique et le répertoire et jusqu’à son retour au Liban en 1998, Ghada Ghanem chante dans cette formation, la seule de ce genre dans le pays, en sillonnant les États. «Chanter le répertoire arabe, c’est bien sûr une formation mais aussi un sentiment», poursuit-elle. «Lorsque j’interprète une “taktouka”, ce sont mes racines et donc mes émotions qui s’expriment dans la musique». La chanteuse se produit dès lors sur les deux fronts, arabe et européen, et enregistre deux albums, After Black Room en 1996 et Come ready and see me en 1997. Revenue définitivement au Liban il y a quelques mois, elle enseigne l’histoire de l’opéra à l’Université libanaise et participe activement au programme «A Step Away», association musicale qui ambitionne de sensibiliser les écoliers aux musiques modernes comme le jazz, le blues ou le rap. Et, bien sûr, elle chante. Ghada Ghanem est une chanteuse à découvrir et l’occasion est donnée demain soir au Musée du Savon Saïda, à 19h00, où elle interprétera un répertoire classique européen autour des thèmes de la romance et de l’amour. Renseignements auprès de l’Association monuments en musique au 03/753026.
Une tradition tenace domine le domaine lyrique libanais : il n’est absolument pas recommandé (ce qui veut dire techniquement impossible) de travailler en même temps les répertoires orientaux et occidentaux. Autrement dit, une chanteuse de «mouachahat» ne pourra jamais interpréter «Aïda» et vice-versa. Il faut choisir. Et Ghada Ghanem a choisi les deux. La jeune soprano,...