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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - La reine Rania de Jordanie à la LAU - Humaniser l’éducation dans un monde technologique

«Éduquer un enfant ne consiste pas simplement à lui imposer une quantité d’informations. Il faudrait plutôt préparer les enfants, dès leur plus jeune âge, au monde dans lequel ils grandiront. (…) Il faudrait également aider les jeunes à se forger une force de caractère qui les prépare à mieux gérer le changement». Ces mots sont ceux de la reine Rania de Jordanie, venue hier au Liban spécialement pour assister à la conférence annuelle sur l’éducation globale de la Lebanese American University (LAU), sur le thème «Humaniser l’éducation». L’inauguration de la conférence s’est faite en présence de Mme Andrée Lahoud, épouse du chef de l’État, de Mme Nazek Hariri, épouse du Premier ministre, et des députés Bahia Hariri et Nayla Mouawad. La reine a également assisté, durant son court séjour au Liban, à la première réunion de coordination interarabe pour l’enfance, qui a eu lieu à l’hôtel Bristol en présence d’un grand nombre de personnalités libanaises et arabes, à l’invitation de la Fondation Hariri. Au cours de son allocution dans le cadre de la conférence de la LAU et du débat qui a suivi, la reine Rania a charmé son public par sa simplicité et sa réflexion sur l’avenir de l’éducation. «En mettant l’accent sur «L’humanisation de l’éducation», notre conférence pose aujourd’hui un défi aux leaders, aux décideurs, aux éducateurs et aux parents : comment pouvons-nous créer un cadre pour l’apprentissage qui tienne compte des besoins humains des enfants et de la qualité de vie ?», a-t-elle dit. Selon elle, les premières années de la vie sont souvent décisives. «Les recherches scientifiques ont prouvé qu’il existe un lien entre les soins et la protection à assurer à l’enfant durant ses premières années et sa capacité à réussir à l’école», a poursuivi la reine Rania. «C’est cela qui nous a poussés à fonder, en 1999, le Comité pour le développement de la prime enfance, qui a déjà mis au point une première stratégie nationale sur ce plan. Les recherches ont également démontré l’importance de l’éducation des femmes et son impact sur la société». Elle a poursuivi : «À l’époque de l’information globale, humaniser l’éducation, c’est préparer les jeunes à vivre dans un monde qui dépend grandement des communications électroniques. Ceux qui conçoivent la technologie en tant que machines peuvent penser que les ordinateurs représentent un danger de «déshumanisation» de l’éducation. Or l’information et la technologie informatique peuvent ouvrir à nos élèves de nouveaux horizons». Traitant plus spécifiquement du cas des pays arabes, elle a parlé des défis résultant d’un croissance démographique dépassant la croissance économique, de diplômés ne possédant pas les bonnes compétences pour les besoins du marché, de la peur de voir son identité fondre dans un contexte de mondialisation. «Le Liban et la Jordanie ont toujours pensé que l’investissement dans les potentialités humaines est le plus important de tous», a-t-elle souligné. Interrogée sur l’équilibre qu’elle trouve entre ses occupations officielles et ses rôles de mère et d’épouse, elle a répondu : «Comme toute mère, faire la part entre mon travail et ma famille est toujours une lutte. C’est un processus continu, des questions qu’on se pose tous les jours. Mais je fais toujours en sorte que ma famille ait la priorité». Qu’est-ce qui la pousse à s’intéresser à l’éducation ? «Ce qui me motive à travailler dans ce domaine, c’est ma conviction que les jeunes tiennent en main l’avenir de notre région», a souligné la reine Rania. «Plus que jamais, la pensée créative est mise en valeur dans le monde. Surtout dans des pays comme les nôtres qui comptent principalement sur leurs ressources humaines». À la question de savoir quelles mesures pouvaient être prises pour empêcher les méthodes éducatives basées sur les châtiments corporels elle a dit : «Il faut non seulement éduquer les jeunes, mais les professeurs aussi. Toute punition physique est totalement refusée. Il est indispensable de modifier notre conception de l’éducation, et de comprendre que la seule façon d’éviter ce genre de punitions serait d’instaurer une pédagogie plus interactive». Interrogée sur son intérêt pour les micro-crédits, la reine de Jordanie a expliqué qu’il «vient du fait que ces crédits donnent aux personnes, surtout aux femmes, la possibilité de créer de petites entreprises, ce qui augmente leur confiance en elles». L’introduction à la conférence avait été faite par Hadia Harb, doyenne de la faculté des arts et des sciences à la LAU. «L’éducation moderne repose sur les nouvelles technologies, mais néglige les émotions des élèves», a-t-elle considéré. Pour sa part, Nabil Haidar, vice-président aux affaires académiques de la LAU, qui a présenté la reine Rania, s’est demandé : «Comment l’éducation peut-elle être conçue, transmise, reçue et acceptée, si elle est loin de ce qui fait l’être essentiel, ses instincts, son caractère et ses sentiments ?» Nimr Freiha, président du Centre de recherche et de développement pédagogique (CRDP), a principalement parlé des expériences d’éducation globale tentées en Jordanie et au Liban, dans le cadre d’un projet soutenu par l’Unicef. Enfin, Robert Reasoner, un grand expert américain dans l’estime de soi (notamment en milieu scolaire), a considéré que «l’on peut augmenter l’estime de soi d’un élève sans que son apport académique en souffre». Il a ajouté : «On ne peut donner de l’estime de soi à un être, il faut qu’il la trouve tout seul. Nous essayons de le rendre conscient de ce qu’il veut faire dans la vie et pourquoi». À l’issue de cette première session, la reine de Jordanie s’est dirigée vers le Bristol où devait se tenir la première réunion de coordination interarabe pour l’enfance, ainsi que la députée Bahia Hariri, le ministre des Affaires sociales Assaad Diab, et plusieurs personnalités libanaises et arabes. Un déjeuner a ensuite été organisé, en l’honneur de la reine, par Mme Lahoud au palais présidentiel, en présence de Mme Nazek Hariri et de plusieurs épouses de ministres et de députés. À cette occasion, des questions concernant la femme arabe ont été discutées. La reine Rania a suitté Beyrout pour Amman à 15h15.
«Éduquer un enfant ne consiste pas simplement à lui imposer une quantité d’informations. Il faudrait plutôt préparer les enfants, dès leur plus jeune âge, au monde dans lequel ils grandiront. (…) Il faudrait également aider les jeunes à se forger une force de caractère qui les prépare à mieux gérer le changement». Ces mots sont ceux de la reine Rania de Jordanie,...