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Actualités - ANALYSES

Les vibrations politiques de l’heure neutralisent les tonalités extrémistes

Pour un Assem Kanso, que de Nasser Kandil… Le réveil de la Belle au bois dormant (mais où est donc le prince charmant), la fin de la léthargie générale qu’un Joumblatt déplorait encore il y a un an se font en pratique aux dépens des extrémistes de tous bords. Ou, plus exactement, de leur audience. Qui donc n’a pas condamné les furieuses éructations des ulémas du Akkar ou les gesticulations clownesques des Ahbaches ? Les confrontations entre ministres partisans de l’ouverture et les opposants, dans des rencontres comme chez M. Farès Boueiz, les manifestes de Kornet Chehwane et du Forum démocratique canalisent les tensions de base, toujours présentes, vers un cadre de discussion serrée, mais à tête reposée. Vif, le débat redonne vie au corps politique du pays jusque-là coffré dans un coma provoqué. Les modérés montent de tous côtés au créneau et se mettent en relief. Mais, pour stimulant ou encourageant que semble être le climat résurrectionnel, il risque de faire long feu. Tant que le pouvoir, dont la mission de catalyseur est soulignée aussi bien par nombre de loyalistes que par les opposants, ne prend pas officiellement les choses en main. Car les ministres qui se rendent chez leurs rivaux politiques ou participent à des forums à gauche comme à droite ne parlent en définitive que pour les courants dont ils font partie. Non pas pour le gouvernement et encore moins pour l’État. Dont les dirigeants se contentent encore à ce stade d’écouter poliment leurs visiteurs de tous bords ou de démarcher Bkerké à seule fin d’en atténuer la pugnacité. En d’autres termes, le pouvoir ne se résout toujours pas à organiser un vrai dialogue général pouvant déboucher sur une réconciliation nationale source d’entente pérenne. Pourquoi ces hésitations ? Tout simplement parce que le nucléus incontournable du dossier reste la présence militaire syrienne. Malgré les efforts des uns et des autres, contestataires compris, pour arrondir les angles en élargissant la controverse à d’autres thèmes récurrents comme la crise économique, l’implantation palestinienne ou l’abolition du confessionnalisme politique. Or pour le pouvoir, comme le dit crûment le président Berry, cette présence militaire syrienne reste tabou. Accepter de parrainer un dialogue national forcément articulé sur ce point provoquerait des «malentendus» avec les décideurs qui pourraient prendre mal la chose. Et qu’il n’est pas question d’agacer à un moment où ils se focalisent sur le danger israélien. Cependant, bon public, M. Farès Boueiz estime de son côté qu’on peut se féliciter de l’effort d’échanges de vues qu’accomplissent les ministres. Il y voit même une volonté de dialogue de la part du pouvoir en tant que tel qui, selon lui, avait rompu les ponts depuis plus de deux ans. Grosso modo, M. Farid el-Khazen partage cette évaluation. Mais se demande si l’État est disposé à aller de l’avant, à donner satisfaction aux demandes qui lui sont faites. Autrement dit, à ne pas se contenter de parler pour ne rien dire. De son côté, le ministre Élias Murr répète qu’il s’est convaincu de la nécessité de l’ouverture depuis son élection comme député. Et il a donc engagé des échanges de vues sans a priori ni vetos, avec le plus large éventail possible de forces politiques. En partant d’un premier principe de base tout à fait louable, à savoir que tout est matière à discussion et qu’il n’y a pas de sujet tabou. Mais, pour faire un peu écho aux inquiétudes de M. el-Khazen, on peut se demander à quoi toutes ces palabres peuvent mener. Du moment que l’État libanais campe sur des positions définitives comme la décision de ne pas envoyer l’armée au Sud, de laisser faire le Hezbollah et de ne pas remettre en question la présence militaire syrienne «nécessaire et légale». Dans ces conditions, on tourne en rond, dans un cercle vicieux. C’est ce que souligne un radical de l’Est qui pense que «tout cela c’est de la récupération pure et simple. On veut désamorcer la grogne par un semblant de dialogue. Et l’on a déjà obtenu bien plus que cela, puisque nos bons camarades ne jurent plus que par Taëf. Autrement dit par l’instrument même de notre déconvenue chronique. La vraie voix qu’il faut savoir entendre dans ce concert à la Woodstock, c’est celle du général Moustapha Tlass. À quoi cela sert-il que les hérauts locaux des décideurs nous fassent risette si les démiurges eux-mêmes nous font toujours grise mine».
Pour un Assem Kanso, que de Nasser Kandil… Le réveil de la Belle au bois dormant (mais où est donc le prince charmant), la fin de la léthargie générale qu’un Joumblatt déplorait encore il y a un an se font en pratique aux dépens des extrémistes de tous bords. Ou, plus exactement, de leur audience. Qui donc n’a pas condamné les furieuses éructations des ulémas du Akkar...