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Actualités - ANALYSES

Tentatives de simplifier les donnes - sur la scène politique

C’est peut-être utopique, mais en pleine crise certains rêvent de voir le Liban progresser vers la démocratisation de sa vie politique. Par une simplification des donnes, qui se ferait à travers la coagulation de deux blocs majeurs, l’un loyaliste et l’autre opposant. C’était grosso modo le cas du temps du Destour et du BN ou encore lorsque Nahj et Helf s’affrontaient. Donc back to the future, pour ainsi dire. Sans allusion directe à Koraytem qui pourrait pour sa part rester en dehors du clivage ou osciller entre un camp et l’autre. Toujours est-il que les rêveurs, nostalgiques du passé, veulent articuler leur réflexion autour du phénomène de cristallisation qu’est à leurs yeux Kornet Chehwane. À les en croire, le manifeste publié récemment par la Rencontre constitue effectivement une plate-forme de dialogue national. Ils en voient paradoxalement la preuve dans les réactions critiques ou négatives enregistrées tant à l’Est qu’à l’Ouest à la suite de la parution de ce document. Un mouvement de rejet qui, pour ces sources, confirme en bonne logique que l’heure est venue de discuter, donc de négocier un compromis. De leur côté les piliers de la Rencontre indiquent que leur action va se poursuivre. Et qu’ils développent deux sortes de contacts. Les uns avec des instances proches de leurs vues, pour tenter de mettre sur pied un front bien structuré, fort d’une solide assise populaire. Condition bien plus importante que le nombre d’adhérents, comme en fait foi le précédent du Front progressiste national qui en 1952 avait renversé le régime. Cette formation, qui ne disposait à la Chambre que de sept députés, face à une majorité loyaliste de 50 éléments, l’avait emporté grâce à un écrasant soutien populaire. Les autres contacts développés par les membres de la Rencontre se font avec les diverses composantes politiques du pays, pour paver la voie au dialogue souhaité. Il en a été à peu près de même pour le Helf, lorsqu’il avait gagné les élections de 1968, ce qui a représenté le début de la fin pour le Nahj chéhabiste qui jusque-là tenait solidement en main les rênes de tous les pouvoirs, parallèles compris. Redisons-le, les démocrates espèrent que par l’effet des vases communicants la simple promotion de la Rencontre en large front politique susciterait ipso facto la création, pour y faire face, d’un bloc adverse aussi solide. Et il n’y aurait plus que deux forces politiques principales dans lesquelles les innombrables leaderships de la mosaïque libanaise seraient pratiquement contraints de se fondre. Sur le papier, l’idée est séduisante. Mais en réalité, elle reste difficile à mettre en œuvre, les conflits d’intérêts de toutes sortes étant par définition diviseurs et anticoagulants. On le constate d’ailleurs en ce moment même à l’Est, où des tiraillements multilatéraux mettent aux prises au moins trois groupes d’influence. Ainsi, certains pôles de la Rencontre tirent à boulets rouges sur les pôles comme MM. Farid el-Khazen et Farès Boueiz qui se concertent en dehors de leur propre cadre. Ces derniers répètent cependant qu’ils n’agissent pas contre Kornet Chehwane et n’ont pas l’intention de former un bloc hostile. Tout en reconnaissant cependant qu’il existe une troisième voie qui serait intéressante à explorer. Ou même une troisième, puisque M. Élias Murr s’efforce de son côté de mener une ligne différente. Quoi qu’il en soit, de toutes ces complications il ressort clairement que la formation d’un bloc général au niveau de l’Est, et a fortiori sur le plan national, n’est pas chose aisée. D’autant que les pôles qui se démarquent de la Rencontre à l’Est affirment qu’à leurs yeux une division en deux de la scène politique loin de servir la démocratie la rigidifie et peut être source d’un grave affrontement entre Libanais.
C’est peut-être utopique, mais en pleine crise certains rêvent de voir le Liban progresser vers la démocratisation de sa vie politique. Par une simplification des donnes, qui se ferait à travers la coagulation de deux blocs majeurs, l’un loyaliste et l’autre opposant. C’était grosso modo le cas du temps du Destour et du BN ou encore lorsque Nahj et Helf s’affrontaient. Donc back...