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Actualités - CHRONOLOGIES

La rupture avec Béchara el-Khoury

La révision de la Constitution a été votée. Béchara el-Khoury décide de prolonger son mandat. Michel Chiha écrit alors le 13 avril 1948, dans Le Jour : «Nous sommes dans un pays où la loi a besoin d’être défendue et où on la voit de plus en plus menacée. Les Romains disaient : dura lex, sed lex : la loi est dure mais c’est la loi. Ils ne la brisaient pas pour cela à coups de marteau … Ce que nous désapprouvons et qui appelle la réserve et le blâme, nous le disons à haute voix. Chacun conviendra qu’aujourd’hui nous ne pouvions rester muets». Et voici sa lettre au président Béchara el-Khoury : Mon cher Béchara, …. Dois-je rappeler les choses vitales pour ce pays, que cette Chambre doit connaître avant de réveiller son discrédit ancien et de l’aggraver ? Mais il semble qu’à tout prix tu ne veuilles plus prendre de risques et qu’il t’est devenu assez indifférent que d’autres les aient pris ou les prennent pour toi. De la suite, l’avenir jugera. Je t’ai suggéré la chance de la voie honorable, de la voie qui n’implique pas les démarches, les faveurs, les promesses, et le reste dans un milieu terriblement suspect depuis l’origine. Je t’ai suggéré cette chance qui pourrait prendre aux yeux des personnes la valeur d’une certitude. Tu parais préférer la porte de service… je le déplore. Les mœurs politiques de ce pays n’étaient déjà pas très brillantes. Par étapes et peut-être sans t’en rendre compte, tu les fais reculer de trente ans. Pour moi, je pense avoir rempli, en t’écrivant et en te parlant comme je l’ai fait, un véritable devoir. Sur le plan politique, notre pays dégringole moralement, et c’est principalement par les mœurs politiques… Tu as beaucoup changé, je le crains, depuis deux ou trois ans. De mon côté, j’apprendrais mieux à ne m’étonner de rien. Ce que j’écris là me montre assez les abus, mais je l’écris quand même sans trop de mélancolie. Bonne chance mon ami ! Dieu garde ce pays et t’aide.
La révision de la Constitution a été votée. Béchara el-Khoury décide de prolonger son mandat. Michel Chiha écrit alors le 13 avril 1948, dans Le Jour : «Nous sommes dans un pays où la loi a besoin d’être défendue et où on la voit de plus en plus menacée. Les Romains disaient : dura lex, sed lex : la loi est dure mais c’est la loi. Ils ne la brisaient pas pour cela à...