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Actualités - CHRONOLOGIES

Fête du travail - Les cérémonies du 1er mai reflètent la scission syndicale - Les deux centrales ouvrières s’en prennent à l’État

Le 1er mai a été marqué cette année par une double célébration : la première, organisée par la nouvelle direction de la CGTL, s’est déroulée au nouveau siège de la centrale ouvrière en présence de nombreux officiels, alors que la seconde, organisée par la fédération nationale des syndicats ouvriers, s’est déroulée au Long Beach en présence notamment des députés Walid Joumblatt et Abdel Latif Zein et de l’ancien député Najah Wakim. Seul dénominateur commun aux deux meetings : la présence de Mgr Khalil Abi Nader à part, bien entendu, les critiques adressées à l’État. Au siège de la CGTL, le ministre du Travail Ali Kanso, représentant le président de la République Émile Lahoud, a pris la parole pour rappeler que le mois de mai regroupe trois fêtes essentielles : celles du travail, des Martyrs et de la Libération. Après avoir fait assumer à Israël la responsabilité du marasme économique actuel, M. Kanso a rendu un vibrant hommage au chef de l’État «qui a commandé avec obstination la guerre de libération» et à la Syrie «qui nous a apporté le soutien inconditionnel dont nous avons toujours besoin pour faire face aux agressions et aux menaces de l’ennemi». Le ministre du Travail a ensuite mis en évidence «la détermination du président de la République à activer la relance des secteurs productifs et à assurer des débouchés aux produits agricoles et industriels afin de créer de nouveaux emplois et d’améliorer la situation des ouvriers». Le président de la République, a-t-il ajouté, «est également déterminé à assurer les meilleures relations entre le patronat et les ouvriers à qui nous promettons de meilleures prestations sociales par le biais des administrations concernées». De son côté, M. Bahige Rehbane, parlant au nom du Comité de coordination des professeurs, instituteurs et fonctionnaires du secteur public, a rappelé à l’État «la nécessité de soutenir le secteur public, notamment au niveau des écoles et de l’Université libanaise qui demeurent l’ultime recours des Libanais en cette période de crise économique». M. Rehbane a reproché à l’État d’avoir sabordé le conseil de l’Université libanaise «en s’abstenant, depuis plus de dix mois, de nommer des doyens à la tête de 12 facultés et instituts». Il a rappelé qu’«en dépit des grèves auxquelles nous nous sommes vus contraints de recourir, aucune de nos revendications n’a été satisfaite malgré toutes les promesses qui nous ont été faites», menaçant de poursuivre l’escalade à partir de la seconde moitié du mois de mai. Dans son discours, le nouveau président de la CGTL Ghassan Ghosn a dressé l’historique du 1er mai avant de rappeler que la crise économique que traverse le pays a abouti à la disparition de la classe moyenne au Liban. «Le chômage augmente, les emplois diminuent et les licenciements menacent la société. Les salaires versés ne suffisent plus à assurer une existence digne à ceux qui les perçoivent et les écoles publiques ne peuvent plus assurer de nouvelles scolarisations. La réforme administrative est retardée et les jeunes sont contraints à émigrer. Notre société se vide de ses cerveaux, de ses bras et de ses capacités. L’État propose une série de réformes auxquelles, malheureusement, il n’associe pas les principaux concernés, c’est-à-dire les ouvriers et leurs représentants au sein de la CGTL», a poursuivi M. Ghosn. Et d’ajouter : «La CGTL tire la sonnette d’alarme, appelle au dialogue et réclame un contrat social avec le patronat, sans que le conseil socio-économique, un an après sa fondation, n’y donne suite. Des projets de privatisation se discutent à huis clos, ajoutant à nos craintes sur le sort de secteurs vitaux comme l’électricité et l’eau. Tout cela sans mentionner les licenciements collectifs et individuels qui font fi de toute considération légale ou même humanitaire». M. Ghosn s’est ensuite étendu sur les failles du règlement intérieur de la CGTL «qui n’a pas été établi sur des bases démocratiques permettant de discuter des responsabilités respectives sans que cela n’aboutisse à des scissions», avant de conclure : «Nous avons nos problèmes internes, mais nous faisons aussi face à des obstacles dont l’État est responsable. Nous appelons donc le gouvernement à appliquer les accords internationaux du travail». Au Long Beach Une cérémonie similaire s’est déroulée au Long Beach, organisée cette fois, par la fédération nationale des syndicats ouvriers. Dans son discours, le président du syndicat du personnel du transport routier Abdel Amir Najdé s’est déclaré en faveur de l’unité syndicale «à laquelle nous continuerons d’œuvrer malgré la scission dont elle souffre». Pour M. Najdé, cette scission «n’est pas due à des erreurs involontaires de part ou d’autre. Elle est le résultat du marasme économique auquel l’État n’a pas porté remède tout au long des dix dernières années». «Non contente de créer des obstacles momentanés, la politique officielle s’acharne à fermer toutes les issues face à une éventuelle solution», a-t-il ajouté. M. Najdé a condamné toute forme de licenciement et appelé les ouvriers à œuvrer pour assurer «l’indépendance du mouvement syndical vis-à-vis de l’État». Il a insisté sur la nécessité de relancer les activités du conseil socio-économique, «malgré les pressions exercées», pour protéger et développer les secteurs industriel et agricole. De son côté, le président de la fédération Tanios Andraos a relevé le taux élevé de chômage au Liban et l’émigration sans cesse croissante des jeunes «que certains encouragent comme s’il existait un plan visant à vider le Liban de ses jeunes». Tout cela, a-t-il poursuivi, est «le résultat de l’affluence de la main-d’œuvre étrangère au Liban, des opérations de licenciement collectif ou individuel et de l’absence d’une politique pour protéger la production nationale».
Le 1er mai a été marqué cette année par une double célébration : la première, organisée par la nouvelle direction de la CGTL, s’est déroulée au nouveau siège de la centrale ouvrière en présence de nombreux officiels, alors que la seconde, organisée par la fédération nationale des syndicats ouvriers, s’est déroulée au Long Beach en présence notamment des députés...