Bkerké - Les évêques maronites apportent leur soutien au document de Kornet Chehwane - Sfeir refuse de se rendre en Syrie pour la visite du pape

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a décidé de ne pas se rendre en Syrie pour la visite du pape Jean-Paul II du 5 au 8 mai, afin de répondre au vœu de l’opinion publique libanaise, a annoncé hier un communiqué du Conseil des évêques maronites à l’issue d’une réunion à Bkerké sous la présidence du patriarche. Selon le communiqué, cette décision a été prise car l’opinion publique libanaise estimerait que la présence de Mgr Sfeir aurait une connotation plus politique que pastorale. «La visite du Saint-Père dans ce pays frère qu’est la Syrie (…) est la bienvenue et est digne de notre appréciation. Sa Béatitude (le patriarche Sfeir) aurait voulu participer aux célébrations qui accompagneront cette visite, mais elle est sortie de son cadre pastoral et a pris une coloration politique pour les Libanais», précise le texte, en soulignant que «le patriarche “déplore vivement” cela. Mgr Sfeir n’y participera pas en raison de l’opinion publique libanaise», ajoute le texte. Cette annonce met fin aux rumeurs contradictoires qui circulaient depuis des semaines sur l’intention du patriarche Sfeir de se rendre ou non en Syrie. Déjà, vendredi dernier, le prélat avait déclaré au quotidien catholique français La Croix qu’il craignait que sa «présence (à Damas) soit exploitée par la Syrie». Il avait estimé que sa visite en Syrie «serait considérée comme un désaveu» par «beaucoup de Libanais, et pas seulement des chrétiens». Mgr Sfeir avait été invité en Syrie par les chefs des Églises catholiques d’Orient basées à Damas. Plusieurs personnalités politiques libanaises, notamment prosyriennes, avaient pour leur part souhaité la présence du patriarche en Syrie lors de la visite du pape et estimé qu’elle aurait «permis de briser la glace» entre lui et les dirigeants syriens. Sur un autre plan, le communiqué des évêques estime que le document adopté lundi par les assises chrétiennes de Kornet Chehwane exprimait «des vérités nationales qu’il ne saurait être question d’ignorer pour que la situation intérieure s’améliore et pour que les citoyens puissent retrouver l’espoir dans l’avenir de leur patrie, qu’ils ont failli perdre». Le communiqué exprime par ailleurs le soutien des prélats maronites aux revendications exprimées par les syndicats de travailleurs à l’occasion du 1er mai.