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Actualités - ANALYSES

La balle est maintenant - dans le camp du pouvoir

Le manifeste de Kornet Chehwane prend valeur, à la lecture, d’une plate-forme d’osmose nationale. Car il exprime, manifestement, aussi bien les vues d’une large frange mahométane que l’opinion de l’Est politique. Ce texte peut donc servir de base de discussion, dans le cadre d’un dialogue national. Si tant est que le pouvoir, évidemment incontournable en la matière, veuille d’un tel processus. Se poser la question peut paraître étonnant, dans la mesure où la nécessité de bien ressouder les rangs libanais s’impose comme un impératif vital. Mais le fait est, qu’à tort ou à raison, certains responsables influents restent fortement soupçonnés de vouloir entraver la normalisation intérieure. Il s’agit donc de savoir s’ils vont accepter de jouer le jeu. Et, dans le cas toujours probable d’une réponse négative, s’ils ont une capacité d’obstruction suffisante pour faire échouer le plan de cimentation en gestation. Sur le plan pratique, l’une des objections de ces négativistes semble maintenant levée. Ils demandaient en effet pour tout dialogue en puissance un interlocuteur dûment représentatif et indubitablement accrédité par l’ensemble de la collectivité chrétienne. C’est chose faite désormais. Nul ne peut en effet contester la représentativité du large échantillonnage réuni à Kornet Chehwane. Et nul ne peut prétendre non plus que le patriarche Sfeir n’est pas qualifié pour répercuter les thèmes du manifeste lors de sa prochaine troisième rencontre avec le chef de l’État. Qui doit le recevoir à déjeuner à Baabda. Puis, dans une phase ultérieure, conférer sur le même sujet avec d’autres pôles de différents bords. Mais retour à la case départ. Les loyalistes radicaux ne vont-ils pas ruer dans les brancards face aux exigences du manifeste chrétien ? Peuvent-ils admettre qu’on enjoigne de la sorte à l’autorité publique, garante de la Constitution, de recouvrer la souveraineté nationale par l’application de Taëf ? En d’autres termes, peuvent-ils souscrire à l’idée d’un redéploiement syrien préludant à un retrait total exécuté en base d’un calendrier-programme déterminé ? Mais comment, serait-on tenté d’objecter, des officiels peuvent-ils s’opposer à une telle ligne ? Tout simplement, rétorquent en substance les intéressés, parce qu’elle est fausse au départ. Dans ce sens qu’à les en croire, le Liban jouit pleinement de sa souveraineté et n’a donc pas besoin de la recouvrer. À leurs yeux, la présence de l’armée syrienne ne fait en effet que protéger cette même souveraineté, ainsi que la paix civile, face aux visées de l’ennemi israélien. Et de souligner ensuite que l’État libanais a déjà proclamé à ce sujet une position intangible. À savoir que la présence militaire syrienne, bien que de nature provisoire, est aussi légale que nécessaire. Et qu’il n’y a pas à en discuter. Selon ces mêmes ultras, il est donc hors de question de débattre de ce point, même au sein des institutions. Le moment venu, et il paraît lointain pour ne pas dire problématique, seules les autorités locales peuvent s’en ouvrir aux Syriens, loin de tout tapage médiatique ou politique. Par voie indirecte, mais certaine, de conséquence, ces officiels relativisent fortement la nécessité d’une réconciliation nationale. Car elle impliquerait le retour en scène des exclus que les décideurs n’apprécient pas beaucoup, ainsi que la libération de prisonniers politiques qu’ils affectionnent encore moins. Dans le même sens, on peut estimer qu’il sera difficile, bien que les ultraloyalistes ne refusent pas le principe d’en discuter, de parvenir à l’entente par le biais d’une loi électorale enfin assainie. Bien avant le manifeste de Kornet Chehwane, le patriarche Sfeir concluait en chaire à l’adresse des officiels qu’il leur faut réaliser «qu’ils sont responsables devant le peuple libanais et devant nulle autre instance».
Le manifeste de Kornet Chehwane prend valeur, à la lecture, d’une plate-forme d’osmose nationale. Car il exprime, manifestement, aussi bien les vues d’une large frange mahométane que l’opinion de l’Est politique. Ce texte peut donc servir de base de discussion, dans le cadre d’un dialogue national. Si tant est que le pouvoir, évidemment incontournable en la matière,...