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Actualités - ANALYSES

Bilan de la tournée, en Amérique du Nord, de Rafic Hariri - Essayer de donner, au Liban, le luxe d’attendre ?

Hier, le Premier ministre a pris le petit-déjeuner avec le chef de la diplomatie française Hubert Védrine. Il a ensuite déjeuné à l’Élysée, avec le président de la République française Jacques Chirac. Un de ses deux anges gardiens les plus actifs, les plus présents sur la scène internationale. George W. Bush, James Wolfensohn, Kofi Annan ou Jean Chrétien pourraient en témoigner. De quoi ont parlé Rafic Hariri et Jacques Chirac ? Le premier a dû faite, au second, un bilan de sa tournée, raconter, en détails, ses escales au Vatican, à Washington, à New York ou à Ottawa. Tout en le remerciant, évidemment, de ses recommandations et autres interventions en sa faveur. Force est de constater que cette tournée a été, de prime abord, positive. Les ministres présents à Ottawa, avant le départ pour Paris, souriaient sans honte. Et ils en ont largement le droit. Sauf qu’il est impossible de ne pas être conscient d’une chose : tout cela ne serait que du vent, que des ronds dans l’eau, s’il n’y avait aucun follow-up. Tout cela ne se limiterait qu’à une série de photos-souvenirs, des clichés Hariri-Bush, Hariri-Cheney, Hariri-Annan, Hariri-Wolfensohn, Hariri-Chrétien, etc, si Américains et Canadiens ne participaient pas à Paris II. Et que cette conférence des grands financiers internationaux partenaires du Liban ne soit pas, non plus, un fiasco. Et si, surtout, les Américains ne revenaient pas, comme ils le laissent entendre, à une diplomatie «plus classique, plus professionnelle». S’ils ne revenaient pas aux gens et à l’esprit de la conférence de Madrid. Sauf que tout cela prendra, immanquablement, beaucoup de temps. Et que le Liban ne semble vraiment pas capable de se donner cet incomparable luxe qu’est le temps. Pourquoi Rafic Hariri peut-il être, même si ce n’est qu’à ce stade, satisfait ? Parce qu’il a obtenu ce que ni le Jordanien Abdallah ni l’Égyptien Moubarak n’avaient obtenu lors de leurs longs entretiens respectifs avec George W. Bush. C’est la première fois que l’Administration américaine dissipe des rumeurs sur sa passivité au P-O. C’est également la première fois qu’elle dit clairement que la dissolution du groupe ad hoc sur le P-O, «animé» par Dennis Ross, n’est pas non plus une marque de désintérêt, mais plutôt de professionnalisme. «C’est le très militaire Colin Powell qui estime que chaque profession a son génie, qu’il faut the right men at the right place. Les Américains ne veulent plus de deals sous les tables ou de traités underground. Ce qu’ils veulent, c’est des pro», a-t-on entendu lors de la tournée nord-américaine du Premier ministre. On parlerait ainsi beaucoup d’une espèce de future Dream Team estampillée département d’État et consacrée au P-O. Elle serait présidée par Bill Burnes, l’ambassadeur (sortant) US en Jordanie, et comprendrait les ambassadeurs (toujours sortants) US à Beyrouth et à Koweït, MM. Satterfield et Localleto. Et il semblerait même que l’éventualité de voir l’ancien ambassadeur US à Damas Edward Djerdjian endosser les habits d’un super-Philip Habib au P-O se fasse de plus en plus probable. En ajoutant à tout cela un éventuel remplacement de James Wolfensohn à la tête de la Banque mondiale par... Richard Baker. «C’est tout simplement l’équipe de Madrid qui se remet en place...». Le troisième point est que Colin Powell, le très militaire secrétaire d’État US donc, semble s’être décidé à revenir à une diplomatie «plus classique, plus respectueuse des résolutions de l’Onu, plus engagée dans l’équation terre contre paix. On revient clairement à l’esprit de Madrid». Et selon un grand analyste politique présent à Montréal, c’est «l’impréparation de l’équipe Clinton et son infidélité à Madrid qui leur ont fait perdre trois occasions d’arriver à la paix. La première durant l’été 93 avec Rabin, la seconde en 95 avec Pérès et la troisième en mars 2000 avec Barak. Et puis la détermination américaine de sauver l’Autorité palestinienne, et plus particulièrement la zone Aleph, est diabolique». Quoi qu’il en soit, l’optimisme, une nouvelle fois, serait revenu s’installer. «Optimisme, oui. Mais il ne faudrait pas que les Libanais hurlent de joie. Parce que l’Administration Bush est une Administration encore fœtale et qu’il faudra beaucoup de temps pour qu’elle soit avalisée par le Sénat». Quant à Paris II, aucune date n’est encore prévue, aucune certitude non plus. Il y a eu des feelings, des sensations, simplement. Le wait and see est donc de plus en plus inévitable. Rafic Hariri, de son côté, a prouvé à ses groupies fanatiques, comme à ses détracteurs les plus farouches, qu’il ne croiserait jamais les bras pour attendre. Qu’il en soit loué. Sauf que les ébauches d’assainissement de la crise socio-économique – sans parler de l’impasse politique –, six mois après son arrivée au pouvoir, les Libanais les attendent encore désespérément.
Hier, le Premier ministre a pris le petit-déjeuner avec le chef de la diplomatie française Hubert Védrine. Il a ensuite déjeuné à l’Élysée, avec le président de la République française Jacques Chirac. Un de ses deux anges gardiens les plus actifs, les plus présents sur la scène internationale. George W. Bush, James Wolfensohn, Kofi Annan ou Jean Chrétien pourraient en...