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Actualités - CHRONOLOGIES

LIBAN-CANADA - LibanPost, EDL et francophonie avant la rencontre - mercredi avec Chirac - Un Paris II élargi de plus en plus probable après l’entretien Hariri-Chrétien

Sans doute toujours un peu fébrile après sa semaine américaine, entre Washington et New York, et probablement impatient de tenir une réunion avec Jacques Chirac – l’un de ses deux mentors les plus actifs, avec le prince Abdallah ben Abdel-Aziz –, Rafic Hariri n’oubliera pas de marteler, au cours de son escale canadienne, les besoins les plus urgents du Liban. En premier lieu desquels il y a, évidemment, le renforcement de l’apport et du soutien de l’un des pays les plus actifs du G7 – «c’est cela le centre du monde : le G7» – en faveur du Liban, afin que ce dernier puisse sortir de son impasse économico-financière. Et il semblerait, surtout après l’entretien d’hier entre le Premier ministre et son homologue canadien Jean Chrétien, que la probabilité de la tenue d’un Paris II soit de plus en plus concrète. C’est-à-dire la tenue d’un sommet regroupant «les partenaires du Liban», comprendre par là les grandes instances financières internationales, les USA, le Canada, la Banque mondiale, l’Union européenne, le FMI, etc., sous la houlette de la France. Un sommet qui se tiendrait à Paris, à Bruxelles ou à Washington. Mais il n’y a évidemment pas que cela. Rafic Hariri et Jean Chrétien ne devraient pas manquer d’évoquer la situation proche-orientale dans sa globalité et de s’arrêter plus particulièrement, à «son refus inconditionnel de toute idée d’implantation», sur le dossier des réfugiés palestiniens au Liban. Sachant que le Canada, notamment sur le plan humanitaire – avec sa grande capacité et une volonté assez claire de recevoir une partie de ces réfugiés –, joue là un rôle de premier plan. Et enfin, last but not least, Rafic Hariri devra faire face à une grosse diaspora libanaise, une des plus importantes communautés étrangères au Canada. Une diaspora en grande majorité hostile au pouvoir en place à Beyrouth et qui se caractérise, «toutes confessions confondues», par «un très important rejet de la présence syrienne au Liban». Dixit un Libanais d’Ottawa, devenu depuis longtemps canadien. «Tant mieux qu’ils ne soient pas loyalistes. Sinon à quoi cela servirait-il de les convaincre du bien-fondé de nos démarches ou de nos convictions ?», s’est félicitée, en réponse, une source proche de la délégation libanaise. Trois dossiers Quant aux dossiers qui seront soulevés durant les réunions bilatérales, ils sont au nombre de trois. Le ministre des Télécommunications Jean-Louis Cardahi aura fort à faire pour régler le litige entre le Canada et le Liban au sujet de LibanPost. Un entretien a regroupé, hier matin, le président du Conseil, le ministre Cardahi et son collègue aux Finances Fouad Siniora aux présidents des conseils d’administration de Canada-Poste et de LibanPost, André Walleck et Nassib Husseini, ainsi qu’à l’ambassadeur canadien à Beyrouth Haig Sarafian. Selon des sources proches de la délégation libanaise, le problème essentiel, tel qu’il a été soulevé lors des discussions, est lié «à la décision prise par l’ancien ministre Issam Naaman de changer les clauses du contrat de gestion de LibanPost par Canada-Poste, et ce en faveur de la partie canadienne à laquelle il est désormais possible de rompre, à tout moment, le contrat, en demandant au Liban des dommages et intérêts». Une situation largement compliquée par le fait que le Canada affirme perdre, dans cette affaire, «beaucoup d’argent». Et le gouvernement reconnaît, toujours selon ces mêmes sources, «la faiblesse de la position libanaise» à ce niveau. Le Premier ministre aurait insisté auprès de ses interlocuteurs sur l’importance qu’accorde Beyrouth à cette gestion de LibanPost, confiée pour 12 ans à Canada-Poste, les alléchant par l’intérêt que ce dernier – un des premiers dans le genre au Moyen-Orient – suscite auprès des pays arabes tels que la Syrie, l’Égypte ou la Jordanie. Quant au principal concerné, le ministre Jean-Louis Cardahi, il a confirmé que le Canada perdait de l’argent, «mais pas tant que cela». Interrogé par L’Orient-Le Jour, il a déclaré que «le Canada avait demandé à l’État de lui fournir au moins un minimum de volume (de courrier), donc de chiffre d’affaires, sinon il ne continuerait pas son partenariat. Ce que je leur ai demandé, c’est d’élargir d’abord leur spectre d’activités, de ne pas focaliser uniquement sur le volume. C’est ça, le challenge. Dans tous les cas, il y a des efforts à faire des deux côtés pour trouver une solution». Et vous allez la trouver ? «Je ne sais pas. Je ne peux rien garantir. Nous avons un autre rendez-vous à 18 heures (heure locale)». Quelle importance revêt pour vous LibanPost ? Surtout que les Libanais, contrairement aux Occidentaux surtout, n’ont pas cette éducation de courrier... «Tous les pays du monde doivent avoir une poste. C’est comme un drapeau ou une armée. C’est un service universel, la poste. Il est hors de question de se limiter au DHL par exemple...». Louable intention. Sauf que, happé par son collègue à l’Énergie et à l’Eau, Jean-Louis Cardahi n’a pas entendu la dernière question que l’on voulait lui poser. Celle concernant l’ouverture quotidienne par les services de sécurité du moindre courrier envoyé à partir du Liban à l’étranger. De quoi décourager tout le monde d’envoyer la plus misérable des cartes postales. Protocole d’entente Autres sujets évoqués, autres entretiens bilatéraux, celui de Mohammed Abdel Hamid Beydoun avec le ministre canadien des Ressources naturelles Ralph Goodale. Les deux hommes ont certainement dû parler de privatisations. Celle de l’EDL sur laquelle les Français et les Italiens – ces derniers auraient beaucoup de chance de décrocher le contrat – sont sur le coup. Un autre entretien a réuni le ministre de l’Économie Bassel Fleyhane et le ministre canadien du Commerce international Pierre Pettigrew. Une réunion axée sur les moyens de réduire le service de la dette, à l’ombre de l’éventualité de Paris II. Enfin, le ministre de la Culture chargé de la francophonie Ghassan Salamé s’est entretenu avec son homologue canadien Ronald Duhamel. De quoi ? Du IXe sommet de la francophonie, de la contribution canadienne, des 3,5 millions de dollars canadiens promis par Jean Chrétien à Rafic Hariri et de la présence certaine du premier à Beyrouth en octobre prochain. Et toujours sur le plan de la francophonie, un protocole d’entente a été signé entre les deux ministres, «une entente qui s’inscrit dans la stratégie d’appui du Canada au sommet de Beyrouth. Une expertise sera mise à contribution dans les secteurs suivants : l’accréditation, l’informatique, la coordination des communications, la santé, la sécurité et les activités culturelles», a indiqué M. Duhamel. Et si Ghassan Salamé a signé, c’est qu’il a réussi à convaincre les Canadiens de donner plus d’argent qu’ils n’avaient prévu de le faire.
Sans doute toujours un peu fébrile après sa semaine américaine, entre Washington et New York, et probablement impatient de tenir une réunion avec Jacques Chirac – l’un de ses deux mentors les plus actifs, avec le prince Abdallah ben Abdel-Aziz –, Rafic Hariri n’oubliera pas de marteler, au cours de son escale canadienne, les besoins les plus urgents du Liban. En premier...