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Actualités - REPORTAGES

SOCIÉTÉ - Journée de sensibilisation le 20 mai à un douloureux problème - Classes pilotes pour autistes au sein d’une école traditionnelle

Favoriser l’intégration sociale et scolaire des enfants autistes, mais aussi informer l’opinion publique sur l’autisme comme trouble du développement, tel est le but que s’est fixé l’Association libanaise pour l’autisme. À cet effet, l’association a mis en place une structure scolaire spécialisée, au sein du lycée Abd el-Kader Fondation Hariri. Elle organisera, de plus, un marathon de sensibilisation qui se déroulera dimanche 20 mai à la place des Martyrs, sous le patronage de la première dame, Mme Andrée Lahoud. Ils vivent en marge de la société, repliés sur eux-mêmes dans leur propre monde, celui des autistes. Ils ne jouent pas avec les enfants de leur âge et affichent une indifférence à ce qui se passe autour d’eux. Hyperactifs ou anormalement passifs, les enfants autistes réagissent de manière imprévisible à tout genre de situations, déconcertant, effrayant même leur entourage. S’ils n’ont aucune notion du danger, ils montrent parfois de l’agressivité à l’égard des autres ou envers leur propre corps, comportement qui est souvent accompagné de crises incontrôlables, de cris, de pleurs mêmes, car leurs possibilités de communication et d’expression de leurs besoins sont très réduites. Certains autistes s’expriment par le langage, utilisant la plupart du temps un langage écholalique ou répétitif, mais nombreux sont ceux qui ne parlent pas. Diagnostiqué depuis une soixantaine d’années seulement, et encore mal connu, l’autisme est considéré comme un trouble du développement qui affecte les fonctions cérébrales et empêche la personne qui en est atteinte d’organiser et de comprendre l’information transmise par ses sens. Un trouble dont les causes sont méconnues, mais qui peuvent être à la fois organiques, biologiques, psychiques, héréditaires ou dues à un traumatisme de naissance, précise Samia Haddad, psychologue de la classe d’enfants autistiques. Et d’ajouter qu’il existe différentes sortes d’autisme, et différents degrés d’atteintes, mais qu’il est important de donner la chance à chaque enfant de s’en sortir, en mettant à sa disposition les structures adéquates. Car, malgré l’absence d’études statistiques sur ce trouble au Liban, on estime à 750 le nombre d’enfants autistiques dans le pays et à autant le nombre d’adultes, en appliquant les taux des pays développés. Entrer dans leur monde pour mieux les aider C’est dans le but de favoriser l’intégration sociale des enfants autistes que deux classes ont été généreusement mises à leur disposition au sein du lycée Abd el-Kader par la fondation Hariri, et aménagées à leur intention par l’Association libanaise pour l’autisme. Quatre adolescents autistes se rendent quotidiennement à l’école, depuis le mois de novembre dernier, où ils sont pris en charge par une équipe multidisciplinaire, formée d’une éducatrice spécialisée, d’une psychomotricienne, d’une orthophoniste, d’une psychologue et d’une assistante. Quatre adolescents qui n’ont pas eu la possibilité d’être normalement scolarisés auparavant, vu le manque de structure adéquate dans le pays et l’absentéisme de l’État vis-à-vis de l’enfance handicapée, et dont les parents ont jusque-là tâtonné pour leur enseigner un minimum d’autonomie. Le but immédiat de l’éducatrice spécialisée de la structure, Christina Bellos, est de parvenir à entrer dans le monde de ces enfants afin de les aider, de bâtir une relation progressive avec chacun d’eux, de connaître leurs centres d’intérêt et les motiver dans leur apprentissage. «Car, explique-t-elle, les autistes ne communiquent pas. C’est à force de patience et de télépathie qu’on finit par les comprendre et par établir un système de relation avec eux». Au programme de la petite classe, hygiène corporelle, psychomotricité, orthophonie, musique, mais aussi cuisine, peinture, jeux de construction et apprentissage de l’autonomie nécessaire à la vie quotidienne. Un programme basé sur l’approche individuelle de chaque enfant, selon ses intérêts et son propre niveau, dans le but de le normaliser le mieux possible. Quant à l’intégration de ces adolescents dans les jeux ou les programmes de leurs camarades de lycée, il est encore prématuré d’en parler, explique Christina Bellos, car ces enfants n’ont pas été scolarisés de manière adéquate durant leur jeune âge, vu que leur autisme n’a pas été décelé assez tôt. «Cependant, ajoute-t-elle, nous essayons, de temps à autre, durant la récréation, de mettre un adolescent autiste, plus normalisé que les autres, en contact avec les enfants de l’école. Certes, ces derniers posent beaucoup de questions concernant son comportement, qu’ils trouvent étrange, mais c’est déjà un premier pas vers la socialisation de l’enfant autiste». scolarisation possible si l’autisme est décelé à temps Si cette initiative est une première au Liban, elle est devenue courante dans les pays développés, notamment aux Etats-Unis, où chaque école publique accueille obligatoirement des enfants autistes, au sein d’une classe spécialisée, afin de favoriser leur intégration sociale, dès leur plus jeune âge, explique le Dr Rina Corbani, présidente de l’Association libanaise pour l’autisme et mère d’un enfant autiste. Car, ajoute-t-elle, «si le diagnostic est établi à temps et l’enfant rapidement pris en charge, il a de grandes chances d’être normalement scolarisé, et parfois même, de poursuivre des études universitaires. Mais s’il est placé dans un centre spécialisé, à l’écart de la société, il risque de régresser et de ne pas avoir la possibilité de développer ses capacités». C’est la raison pour laquelle l’Association a lutté pour atteindre son but principal qui est de créer une classe pour enfants autistes au sein d’une école traditionnelle. Une lutte qui continue, et qui vise, par ailleurs, à sensibiliser l’opinion publique libanaise à l’autisme. C’est dans ce cadre que l’Association libanaise pour l’autisme organise une journée de sensibilisation, sous le patronage et en présence de Mme Andrée Lahoud, qui se déroulera dimanche 20 mai, à la place des Martyrs, à partir de 10 heures, invitant grands et petits à participer à un marathon, à pied, à vélo ou à rollers, mais aussi à une chasse au trésor, moyennant 10 000 LL. Les fonds réunis permettront à l’association libanaise pour l’autisme d’équiper la salle de classe de manière appropriée, pour donner leurs chances à ces enfants autistes, explique le Dr Rina Corbani, d’autant plus que la scolarité annuelle est de 6 000 dollars par enfant, dont la moitié est couverte par l’association et le reste par les parents. Une participation minime qui contribuerait à aider les enfants autistes à sortir de leur isolement et donnerait un tant soit peu d’espoir à leurs familles.
Favoriser l’intégration sociale et scolaire des enfants autistes, mais aussi informer l’opinion publique sur l’autisme comme trouble du développement, tel est le but que s’est fixé l’Association libanaise pour l’autisme. À cet effet, l’association a mis en place une structure scolaire spécialisée, au sein du lycée Abd el-Kader Fondation Hariri. Elle organisera, de...