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Actualités - CHRONOLOGIES

« Pour être évangélisatrice, l’Église doit d’abord s’évangéliser elle-même »

C’est un homme qui semble être à la limite de ses forces qui visitera la Syrie, du 5 au 8 mai. Un homme dont l’épuisement physique est tel qu’il donne l’impression de ne pouvoir aller plus avant. Surprenant Jean-Paul II. Surprenant d’endurance physique, puisqu’il souffre, depuis l’attentat dont il a failli mourir, en 1981, de complications innombrables, doublées depuis quelques années de la maladie de Parkinson, et des médicaments qu’il prend pour la contrôler. Surprenant de ténacité morale aussi. Ce vieillard voûté, dont la maladie fige l’expression du visage et dont les émotions doivent être lues dans le seul éclat des yeux, est l’homme qui, depuis son élection au siège de Pierre, en 1978, a su mobiliser la foi et l’espérance d’un peuple chrétien dépérissant sous les coups des régimes totalitaires et des cultures séculières occidentales. Le voyage en Syrie, comme tous ceux qu’il a effectuées dans la région, est d’abord un retour aux sources qui doit initier une nouvelle évangélisation. Il s’adresse, pour commencer, aux chrétiens eux-mêmes, et aux jeunes, espérance de l’Église, en particulier. Le thème de la «nouvelle évangélisation» n’a cessé de hanter les papes élus après le Concile Vatican II. «Évangélisatrice, l’Église commence par s’évangéliser elle-même», écrivait déjà Paul VI dans l’une de ses exhortations majeures. «Peuple de Dieu immergé dans le monde et souvent tenté par les idoles (l’Église) a toujours besoin d’entendre proclamer les grandes oeuvres de Dieu (...). En un mot , cela veut dire qu’elle a toujours besoin d’être évangélisée si elle veut conserver fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Évangile». Le voyage de Jean-Paul II est aussi l’expression d’une volonté de dialogue avec l’islam. Un théologien contemporain, Hans Küng, a parlé de l’urgence d’une «paix des religions», à l’heure même où Samuel Huntington prévoit pour le XXIe siècle un redoutable «choc des civilisations». Il s’agirait de persuader les grandes religions du monde d’adopter le dialogue comme instrument missionnaire, ce qui suppose le respect le plus absolu de la liberté religieuse et une mutation culturelle et spirituelle fondamentale. Une mutation que l’Église opère en ce moment, puisque le Christ n’y est plus imposé, mais proposé, dans l’esprit de repentance de Vatican II, qui a dénoncé les moyens d’évangélisation reposant sur la contrainte et la force. La nouvelle «règle d’or» de l’Église affirme que «la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même, qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance». Évidemment, la dimension œcuménique constituera l’un des enjeux principaux de la visite du pape. La volonté d’unité de l’Église catholique n’a jamais faibli, au cours des dernières années, malgré une mise au point doctrinale qui a fait croire à une régression. Avant la Syrie, le pape visitera Athènes. Jean-Paul II sera ainsi le premier pape à se rendre en Grèce. Il y rencontrera l’archevêque Christopoulos d’Athènes, primat de l’Église orthodoxe de Grèce, et sa visite provoque des réactions d’hostilité au sein de celle-ci. Mais «pour surmonter les divisions du deuxième millénaire» de l’histoire du christianisme, le pape est conscient qu’«un énorme effort est nécessaire» bien qu’en définitive «l’unité est un don de l’Esprit saint» auquel l’Église ne peut que se disposer, sans pour autant se laisser aller «à des légèretés ni à des réticences dans le témoignage de la vérité». À cette orientation de l’Église catholique correspond une volonté de l’Église grecque-catholique en Syrie de se présenter comme «l’Église des Arabes», une préfiguration de l’unité future des Églises catholique et orthodoxe. La visite du pape aura enfin une dimension régionale et lui donnera certainement l’occasion de lancer un nouvel appel à la paix, au rejet de la violence et au respect des droits des peuples et des individus.
C’est un homme qui semble être à la limite de ses forces qui visitera la Syrie, du 5 au 8 mai. Un homme dont l’épuisement physique est tel qu’il donne l’impression de ne pouvoir aller plus avant. Surprenant Jean-Paul II. Surprenant d’endurance physique, puisqu’il souffre, depuis l’attentat dont il a failli mourir, en 1981, de complications innombrables, doublées...