Rechercher
Rechercher

Actualités - DISCOURS

Vie politique - Divergences « politiques et non confessionnelles » sur la présence syrienne - Gemayel appelle à un débat sur la stratégie - de l’État au Liban-Sud

Le président Amine Gemayel a appelé l’État à reconsidérer sa stratégie au Liban-Sud, qui consiste à maintenir cette région en état de guerre «depuis plus de trente ans», et réclamé que «personne ne demande au Liban ce que l’on s’abstient de demander à ses frères». «Les divergences sur la présence militaire, politique et économique syrienne au Liban, a estimé l’ancien chef de l’État, sont de nature politiques et non confessionnelles», ajoutant que «les relations libano-syriennes ne sont pas équilibrées et portent atteinte à l’indépendance et à la souveraineté du Liban». L’ancien chef de l’État a tenu ces propos à Jbeil, lors de la signature de l’ouvrage de notre collaboratrice Maria Chakhtoura, La Gardienne du clan, une biographie de Mme Geneviève Pierre Gemayel. «Ils ont fait du Liban le théâtre de toutes les guerres régionales pour ensuite prétendre que notre pays ne peut générer que des guerres tribales et des dissensions. Ils se sont attachés à rechercher, à travers notre histoire, les incidents sécuritaires susceptibles d’imposer leur tutelle au Liban. Ils ont, à maintes reprises, ravivé le feu pour nous vendre à haut prix la sécurité qu’ils prétendent nous imposer. Ils ont fait ressurgir des images d’une guerre révolue pour nous empêcher de réclamer notre souveraineté et notre indépendance», a déclaré l’ancien chef de l’État. Le président Gemayel a ensuite affirmé que les divergences sur la présence militaire, politique et économique syrienne au Liban sont de nature purement politique et non confessionnelle. «Tous les Libanais, à quelque confession qu’ils appartiennent, affirment qu’il existe un déséquilibre dans les relations libano-syriennes. Et déséquilibre est un mot poli. Tous les Libanais savent qu’il s’agit de relations non équilibrées au lieu d’être privilégiées, comme nous l’aurions souhaité. Des relations privilégiées et saines ne sauraient exister entre deux pays en dehors du respect de l’indépendance totale», a-t-il encore dit. «Nous souhaitons un Liban responsable de ses actes et auquel aucune décision n’est imposée. Cela, bien entendu, n’exclut pas que les deux pays ont besoin l’un de l’autre et possèdent des intérêts communs. À l’ère de la mondialisation, indépendance ne signifie pas isolationnisme, mais aucune décision ne saurait être dictée au Liban ou à son peuple», a-t-il poursuivi. Le comble de l’aventurisme Pour le président Gemayel, «il existe une contradiction flagrante entre le Liban et Israël. Le Liban est essentiellement opposé au projet de l’État sioniste, ne serait-ce que pour se protéger. Que personne ne lui demande ce que l’on s’abstient à réclamer à ses frères. Le Liban n’a plus à prouver, chaque jour, sa résistance et personne ne peut le forcer à le faire». Et de poursuivre : «On ne peut contraindre le Liban de poursuivre ces guerres continuelles à sa frontière sud où la situation demeure stagnante depuis plus de trente ans, juste pour prouver que la lutte avec Israël continue ou pour priver Israël de la tranquillité qui lui est consentie à profusion sur d’autres frontières arabes. Que l’on nous permette, au moins, de discuter de cette stratégie, car aucune stratégie n’est sacrée. Il est naturel que des divergences existent à ce niveau. Et si l’existence même du Liban était en jeu ? Car l’existence du Liban est réellement menacée, politiquement, économiquement et socialement. Surtout que la paix globale est remise sine die et pourrait même ne jamais voir le jour». «Telles sont les craintes que nous inspire cette stratégie qui, au cas même où elle serait saine sur le plan militaire et sécuritaire, n’en ignore pas moins, délibérément, le côté économique, financier, social et politique. Cette stratégie est le comble de l’aventurisme et du risque. À tout le moins, amendons cette stratégie et dialoguons sur les solutions de rechange. Pourquoi l’appel au dialogue est-il qualifié de traîtrise ?» a ajouté le président Gemayel. L’ancien chef de l’État a affirmé que «les conditions favorables à la résurrection du Liban existent tant sur le plan matériel que moral. En langage plus clair, c’est l’État qui s’est lui-même appauvri. Le potentiel matériel et moral du Liban et des Libanais est garant de cette résurrection si l’occasion lui en était offerte. Ce qui se passe et continue de se passer pourrait être considéré comme une opération visant à forcer les Libanais à l’exil. On a étouffé la confiance dans le Liban et il s’agit de la lui restituer. Au lieu de recourir à une politique d’endettement à outrance, l’État aurait dû se demander pourquoi les dépôts en monnaies locale et étrangère demeurent dans les coffres des banques et pourquoi les Libanais sont poussés à l’émigration». Parlant de la situation au sein du parti Kataëb, le président Gemayel a établi un parallèle avec la situation du Liban. «Ce qui se passe au Liban se passe au sein du parti. La mainmise sur le Liban ressemble à la mainmise sur le parti, loin de toute intervention libanaise. La résurrection du parti est aussi certaine que celle du Liban. Preuve en est l’éveil qui commence à s’étendre à toutes les permanences et à tous les régionaux Kataëb, car, depuis sa fondation en 1936, le parti a toujours été une institution et non le prétexte à un leadership personnel, même si cheikh Pierre Gemayel y a laissé l’empreinte de sa personnalité qui sortait de l’ordinaire». La cérémonie, organisée par le régional Kataëb de Jbeil, s’est déroulée samedi à la salle du patriarche Hoayek de l’école secondaire Saint-Georges de la ville. Dans l’assistance, on notait la présence des députés Nazem Khoury, Farès Souaid, Mansour el-Bone, Pierre Amine Gemayel et Antoine Ghanem, de l’ancien député Auguste Bakhos, du chef du parti Kataëb Mounir Hajj, du caïmacam de Jbeil Khalil Nassereddine, du président de l’union des municipalités de Jbeil Charles Bassile et de cheikh Ghassan Lakkiss. Après les allocutions du chef du régional Kataëb, le Dr Jad Nehmé, et de l’archevêque de Jbeil Mgr Béchara Rahi, le président Gemayel avait entamé son discours par l’éloge de l’ouvrage tant au niveau de la présentation qu’à celui du contenu, avant de passer à la partie politique.
Le président Amine Gemayel a appelé l’État à reconsidérer sa stratégie au Liban-Sud, qui consiste à maintenir cette région en état de guerre «depuis plus de trente ans», et réclamé que «personne ne demande au Liban ce que l’on s’abstient de demander à ses frères». «Les divergences sur la présence militaire, politique et économique syrienne au Liban, a estimé...