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Actualités - CHRONOLOGIES

SPECTACLE - « Seul en scène », dernière ce soir, 20h30 - Mensonge blanc

Jacques Weber (qui se produit ce soir encore, à 20h30, au Théâtre Monnot) est un sacré menteur, autrement dit un sacré comédien. Il raconte à qui veut l’entendre qu’il est tout seul en scène : comment le croire quand il se transforme (le mot est faible) en Antonin Artaud, Samuel Beckett, Jean de La Fontaine, Pierre Corneille ? Avec toutes ces pointures, ces hommes et ces femmes hors du commun, qui font avec leurs mots des «trous dans le silence», il n’est jamais seul sur scène. Ou peut-être que si, quand il parle de son enfance, de ses souvenirs de jeune homme amoureux ou évoque la Bretagne et ses marins (Jacques Weber est un imitateur époustouflant, il faut le crier sur tous les toits). Le géant dans un espace nu Ou encore quand le provincial qu’il est se venge du Parisien intellectuel, poseur et idiot. Jacques Weber, prix d’excellence au Conservatoire d’art dramatique de Paris, qui a eu pour professeurs Louis Jouvet et Pierre Brasseur, a tiré la langue à la Comédie française et a préféré Amiens et Robert Hossein. Ce qui explique pas mal de choses. Sur scène, à gauche, une table et deux chaises en bois, une carafe d’eau et un café. Ce qui laisse beaucoup de place à un comédien qui occupe avec toute l’aisance de sa taille de géant un espace nu, animé par le seul éclairage. C’est que sur scène il saute, court et gambade, Jacques Weber : pour imiter les enfants, il retrousse son pantalon, se décoiffe scrupuleusement et boit des litres d’eau. Puis il met ses lunettes de lecture, empoigne un livre laissé sur la table et lit Le porteur d’eau de Marguerite Duras ou L’innommable de Samuel Beckett : dans le rire ou dans l’émotion, il reste le même. Touchant. La salle est conquise. Mensonge blanc De tout son corps, le comédien s’entoure des auteurs qu’il aime : d’instinct, il passe de l’un à l’autre, en se réservant le droit et le plaisir de remplacer une œuvre par une autre ou de faire un ajout de dernière minute, au gré de ses sentiments et, très certainement, ceux du public. Seul en scène (80 minutes sans entracte) est finalement, comme l’arabe le dit si joliment, un mensonge blanc : Jacques Weber se met magnifiquement en scène, se mettant dans la peau d’un auteur comme dans un autre lui-même, aidé pour cela par un éclairage unique ou multiple, chaud ou blafard. Mais il ne faut surtout pas croire qu’il est seul sur scène : la nuance est de taille. De toute façon, il sait très bien se faire pardonner.
Jacques Weber (qui se produit ce soir encore, à 20h30, au Théâtre Monnot) est un sacré menteur, autrement dit un sacré comédien. Il raconte à qui veut l’entendre qu’il est tout seul en scène : comment le croire quand il se transforme (le mot est faible) en Antonin Artaud, Samuel Beckett, Jean de La Fontaine, Pierre Corneille ? Avec toutes ces pointures, ces hommes et ces...