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Actualités - CHRONOLOGIES

Communautés - Entretien du chef de l’Église maronite au quotidien « La Croix » - Sfeir : « Le peuple n’est pas favorable à ma visite en Syrie »

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a affirmé hier qu’il redoute que sa visite en Syrie ne soit «exploitée» politiquement par la Syrie, et a estimé par ailleurs que la population libanaise «n’y est pas favorable». Répondant aux questions du correspondant du quotidien français La Croix, qui l’interrogeait sur la possibilité d’aller à Damas, durant la visite du pape, le chef de l’Église maronite a déclaré : «La question de la présence à Damas, les 5 et 6 mai, a été extrêmement politisée. Jusqu’à présent, je n’ai pas pris de décision définitive. Si cette visite était simplement pastorale, bien sûr que je m’y rendrais. Ce serait pour moi un devoir et un honneur. Mais cette visite a une autre dimension, politique. Si je me rends à Damas, ma présence sera exploitée par la Syrie. J’entends déjà les commentaires : “Voyez, le patriarche est venu. Il n’y a pas de problème”. Or je le maintiens, il y a un problème : l’occupation syrienne du Liban. Observez que l’an dernier non plus, je ne suis pas allé en Israël accueillir le pape. Cette visite avait aussi un côté politique. Je ne veux pas que ma présence soit exploitée». «Si je vais en Syrie, ma visite serait considérée comme un désaveu», a ajouté le patriarche maronite, en réponse à une nouvelle question. «Beaucoup de Libanais, et pas seulement des chrétiens, seraient poussés au désespoir. D’autant plus que, de la part de la Syrie, on ne sent aucune volonté de changement important, de changement qui pourrait ouvrir une véritable espérance pour les Libanais». «Oui, je reçois beaucoup de visites de personnalités officielles, des ministres, des députés. Tous me disent qu’il s’agit là d’une occasion exceptionnelle à ne pas manquer, a enchaîné le patriarche. Mais je sens que dans le contexte actuel, le peuple n’y est pas favorable». Pourquoi cette fermeté à dénoncer l’occupation syrienne du Liban ? Pour les raisons locales que l’on sait, a répondu en substance le patriarche Sfeir, avant d’ajouter : «En outre, pour les chrétiens des pays voisins, le Liban a toujours été une terre de refuge. Que deviendront-ils, s’ils n’ont plus cet espace de liberté ? Eux aussi seront tentés de partir. C’est un grave problème non seulement pour la région, mais pour toute la chrétienté». Enfin, le chef de l’Église maronite a déclaré que l’appel au retrait syrien du 20 septembre, lancé par l’Assemblée des évêques maronites, a «fait bouger les choses». «Auparavant, personne n’osait évoquer la présence syrienne. Maintenant, tout le monde en parle». Au Liban, le salon du patriarcat ne désemplissait toujours pas hier, et les déclarations des hommes politiques, à l’issue de leurs audiences, se sont poursuivies : «J’aimerais souligner une chose, a déclaré M. Mounir Hajj, président du parti Kataëb, c’est que la question de la présence militaire syrienne au Liban a été retirée du domaine public bruyant, et a commencé à être débattue dans les petits cercles des élites. Elle a donc commencé à être sérieusement examinée». Signalons qu’une délégation de Jezzine conduite par l’ancien député Edmond Rizk a manifesté son appui au patriarche.
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a affirmé hier qu’il redoute que sa visite en Syrie ne soit «exploitée» politiquement par la Syrie, et a estimé par ailleurs que la population libanaise «n’y est pas favorable». Répondant aux questions du correspondant du quotidien français La Croix, qui l’interrogeait sur la possibilité d’aller à Damas, durant la...