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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-France - Le chef de la diplomatie française reçu par Lahoud, Berry et Hammoud - Védrine très pessimiste après ses entretiens à Beyrouth

Le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine a exprimé hier son profond pessimisme au sujet des chances de débloquer les principaux volets du conflit israélo-arabe, au terme d’une brève visite au Liban. M. Védrine, qui s’est rendu par la suite à Damas, avait notamment été reçu par le président de la République Émile Lahoud, qui a réaffirmé le refus du pouvoir libanais de lier l’aide internationale au Liban à la situation au Sud.«J’ai des confirmations de mes analyses malheureusement pessimistes», a déclaré M. Védrine à son départ de Beyrouth pour Damas, après une série d’entretiens avec les responsables libanais. M. Védrine a ajouté : «C’est-à-dire que la situation est tout à fait bloquée compte tenu des rapports actuels israélo-palestiniens, de la situation véritablement intolérable dans les territoires occupés et je vois les responsables libanais que j’ai rencontrés arc-boutés dans une attitude de condamnation extrêmement sévère, considérant qu’il n’est absolument pas possible de régler avec Israël des problèmes qui se posent encore, même après le retrait de l’armée israélienne». «Je pense que la situation est tout à fait la même côté syrien. Donc là-dessus il n’y a pas du tout de perspective», a déclaré M. Védrine, qui doit être reçu aujourd’hui samedi par le président syrien Bachar el-Assad. Le ministre français a estimé que «seule une espérance de solution politique permettra de renverser la terrible dégradation à laquelle on est en train d’assister depuis des semaines et qui pourrait encore s’aggraver si on n’arrive pas à modifier le cours des choses». «Il faut absolument que les discussions reprennent entre Palestiniens et Israéliens pour trouver une solution juste et durable. Elles devront concerner également les relations israélo-syriennes et israélo-libanaises», a-t-il encore dit à des journalistes avant de prendre l’avion. M. Védrine était arrivé en matinée à Beyrouth, en provenance de Chypre. Il a été accueilli à l’AIB par son homologue libanais Mahmoud Hammoud et s’est aussitôt rendu au palais de Baabda. Lors d’une conférence de presse tenue à la suite de son entretien avec le chef de l’État, M. Védrine a indiqué que la priorité aux yeux de la France était l’arrêt de l’engrenage de la violence au Proche-Orient, y compris à la frontière libano-israélienne. Il faut que «tous ceux qui peuvent agir sur la situation arrêtent l’engrenage de la dégradation, l’engrenage des violences, l’engrenage des attentats, l’engrenage de la répression. Ça, c’est la priorité numéro un», a-t-il estimé. En ce qui concerne le Liban, il n’est pas dans l’«intérêt» de ce pays que «qui que ce soit utilise» son différend territorial avec Israël sur les fermes de Chebaa pour augmenter une tension «qui est déjà forte», a ajouté le chef de la diplomatie française. «Nous avions espéré après le retrait d’Israël du Liban-Sud que les choses allaient pouvoir se clarifier plus vite et plus complètement. Cela se heurte à toutes sortes de difficultés. Elles existent encore», a-t-il noté. Des propos que M. Védrine a de nouveau tenus à l’issue d’un déjeuner et d’un entretien avec M. Hammoud, illustrant l’importance pour Paris de voir le jeu se calmer au Liban-Sud. «Même s’il y a une contestation sur le statut de ces territoires» (les fermes de Chebaa), elle doit être tranchée «par des procédés qui doivent être imaginés dans le cadre de l’action» du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a-t-il encore dit. Selon le ministre français, M. Lahoud lui a expliqué que «trop de problèmes sur les délimitations exactes ne sont pas tranchés» pour que l’armée libanaise se déploie à la frontière en lieu et place du Hezbollah. M. Védrine a souligné que la France souhaitait «que ces problèmes puissent être réglés, clarifiés, et que l’État libanais puisse exercer toutes ses prérogatives sur ce territoire qui est le sien». «Je crois qu’il ne faut pas exploiter les problèmes qui restent encore, mais je peux concevoir que toutes les conditions ne soient pas réunies à ce stade pour que l’armée libanaise exerce toute son autorité», a-t-il précisé. Dans une interview au quotidien An-Nahar quelques heures avant son arrivée à Beyrouth, M. Védrine avait mis en garde contre une aggravation de la tension dans le secteur des fermes de Chebaa, occupé par Israël et revendiqué par le Liban, prônant implicitement le gel des opérations du Hezbollah. «Je ne souhaite pas une escalade quelconque (à Chebaa) et je ne pense pas (que cela arrivera) sauf si certains y ont intérêt mais j’en vois mal la finalité», a déclaré M. Védrine. Pour M. Védrine, «il n’y aura pas de solution globale (au Proche-Orient) sans le règlement de la question de Chebaa et nous n’oublierons pas alors les intérêts du Liban (…) indépendamment du fait qu’il reste à trouver un arrangement entre le Liban et la Syrie» sur le tracé de la frontière à Chebaa. «En attendant, a-t-il ajouté, il faut garder la situation telle quelle et ne pas y ajouter une tension supplémentaire et il faut donc geler les choses afin qu’elles soient réglées une fois pour toutes». Il a ajouté que son pays appuyait la position du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan qui considère que les fermes de Chebaa ne font pas partie des régions dont Israël aurait dû se retirer en 2000 en application de la résolution 425. «Nous sommes de son avis: la question de Chebaa tombe sous le coup de la résolution 242 de l’Onu. Ceci ne remet pas en cause la ligne bleue car le tracé définitif de la frontière est du ressort des Libanais et des Israéliens», a-t-il conclu. Pour en revenir à sa conférence de presse, M. Védrine a indiqué qu’outre les préparatifs de la visite de M. Lahoud fin mai en France et du sommet de la Francophonie en octobre à Beyrouth, il était venu discuter avec les responsables libanais de «la situation dans la région qui est tout à fait mauvaise». «La situation dans les territoires occupés en particulier est insupportable, insoutenable, avec tout ce que cela entraîne», a souligné M. Védrine, en observant que les efforts diplomatiques menés «plus que jamais» l’an dernier n’avaient rien donné. «Il n’y aura pas de vraie sécurité, il n’y aura pas d’espérance de stabilité, s’il n’y a pas à nouveau un processus de recherche d’une solution politique», a affirmé M. Védrine. Après sa rencontre avec M. Hammoud, le ministre a estimé que «les États-Unis doivent se réengager et ne pas rester spectateurs». Selon le ministre français, il faut «rassembler toutes les bonnes volontés pour que des décisions soient prises, des gestes soient faits simultanément du côté israélien et palestinien». «Par la suite, nous verrons comment nous pourrions encourager de l’extérieur la reprise des discussions politiques», a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Védrine a réaffirmé «le soutien de la France au Liban pour faire face à la difficile situation économique» qu’il traverse. Le chef de la diplomatie française a clôturé sa visite au Liban par un entretien d’une demi-heure avec le président de la Chambre Nabih Berry. M. Védrine rencontrera le 2 mai à Paris le Premier ministre Rafic Hariri, actuellement en tournée aux États-Unis et au Canada.
Le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine a exprimé hier son profond pessimisme au sujet des chances de débloquer les principaux volets du conflit israélo-arabe, au terme d’une brève visite au Liban. M. Védrine, qui s’est rendu par la suite à Damas, avait notamment été reçu par le président de la République Émile Lahoud, qui a réaffirmé le refus...