Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

L’Est divisé sur l’opportunité d’une visite de Sfeir à Damas

Le patriarche Sfeir acceptera-t-il de rejoindre le pape à Damas, le 6 mai prochain ? À cette question, Bkerké n’apporte pas encore de réponse définitive. Tout en laissant transpirer une nette tendance au non. En indiquant qu’une telle démarche n’aurait aucun sens, et serait même préjudiciable, si elle devait se limiter à son côté protocolaire, sans offrir l’occasion de lancer un dialogue de fond sérieux. Or, ce dialogue, les Syriens n’y semblent pas prêts. Ainsi, selon des sources informées, ils n’ont encore laissé filtrer aucune réaction quant aux idées que M. Fouad Boutros a pu leur transmettre. Mais Bkerké se hâte de préciser que Mgr Sfeir étudie toujours la question et n’a pas encore pris une décision définitive. À l’Est, où le patriarche fait figure de phare, les opinions divergent. Les réticents répètent qu’il n’y a toujours aucun signe positif encourageant de la part des autorités syriennes. Ils ajoutent que, bien au contraire, on peut s’alarmer du ton offensant adopté à l’encontre du patriarche par une source officieuse syrienne dans un entretien à une publication arabe. Les propos de cette source, peu civils, critiquent durement les positions de Bkerké. Et peuvent être considérés, estiment les pôles locaux, réfractaire à l’idée d’une visite, comme un démenti de tout carton d’invitation qui serait adressé au patriarche par simple souci de respecter les formes. Et de respecter aussi le vœu du Vatican de voir rassemblées à cette occasion toutes les figures de proue des communautés chrétiennes de la région. Ces personnalités affirment qu’il est inutile de faire un pas en direction des décideurs qui ont répondu à toutes les propositions libanaises de dialogue par des manifestations de rue négatives et ubuesques, par le truchement de leurs affidés. Sans compter les communiqués incendiaires d’ulémas et autres manifestes anonymes incitant à la haine confessionnelle. Cela, alors que le patriarche ne cesse de répéter que ses mobiles sont d’ordre purement national et qu’il voue la plus sincère amitié à la Syrie, avec laquelle le Liban doit entretenir des rapports aussi privilégiés qu’assainis. Ces sources opposées à la visite de Damas concluent en mettant en garde contre un double danger : le patriarche risquerait d’être accusé d’avoir fléchi et de se retrouver débordé au niveau du camp chrétien ; et d’autre part sa démarche pourrait être politiquement exploitée par des manipulateurs qui la présenteraient sinon comme une acceptation du fait accompli, du moins comme un alignement sur les positions des officiels libanais. Pour qui la présence militaire syrienne est légale et toujours nécessaire. Mais d’autres à l’Est pensent qu’en tant que symbole religieux, le patriarche ne peut pas refuser de se montrer positif au maximum et de prendre l’initiative de gestes d’ouverture, même s’il devait essuyer une rebuffade. À leur avis, Mgr Sfeir prouverait en se rendant à Damas qu’effectivement il ne voue que du bien à la Syrie, surtout à l’heure où elle affronte Israël. Et qu’il tient plus que tout à rester un homme de dialogue. Ils ajoutent qu’il ne perdrait rien dans l’aventure : soit elle débouche, avec l’aide du pape, sur un début d’arrangement lui donnant gain de cause ; soit il n’y aurait pas de vraie rencontre et les choses en resteraient là. Selon ces sources, la présence du chef de l’Église maronite à Damas à l’occasion du séjour papal, tout à fait naturelle sinon obligatoire, n’a nulle besoin d’être expliquée, défendue ou interprétée politiquement. Ce qui signifie qu’en aucun cas, elle ne pourrait être ensuite exploitée contre Bkerké.
Le patriarche Sfeir acceptera-t-il de rejoindre le pape à Damas, le 6 mai prochain ? À cette question, Bkerké n’apporte pas encore de réponse définitive. Tout en laissant transpirer une nette tendance au non. En indiquant qu’une telle démarche n’aurait aucun sens, et serait même préjudiciable, si elle devait se limiter à son côté protocolaire, sans offrir l’occasion...